Vana Aim Deux cœurs fracassés pour Noël Suite chapitre 5

Suite chapitre 5

Une fois son café avalé, il se dirige vers son camion pour monter son échafaudage et se mettre au travail. Je referme la porte et m’attaque aux derniers cartons qui traînent encore dans la maison.


J’en profite pour enlever les dernières décorations vieillottes des murs et les ranger avec les autres dans le garage. Par chance, mon grand-père n’entreposait pas grand-chose ici, mais je me demande bien où je vais pouvoir ranger tout ça une fois que mon atelier sera installé.


Je pourrais peut-être tout mettre dans la chambre où mes grands-parents dormaient autrefois, une fois la peinture faite. Mais pas le temps de m’en préoccuper pour l’instant, j’ai déjà la tête bien trop pleine, je verrai donc ça au fur et à mesure.


Je mets un peu de musique en fond sonore, alors que je commence à débarrasser les endroits où les fuites ont fait des dégâts et à rassembler les meubles dans un coin de chaque pièce pour libérer le passage.


Depuis que je suis ici, j’ai l’impression de jouer à Tetris, sans jamais qu’aucun objet ne trouve vraiment sa place. Tout cela est terriblement frustrant… Et j’ai espoir que tout finira par s’organiser à la fin de ces dix jours… « Un temps pour chaque chose, et chaque chose à sa place… ».


À chaque fois que je repense à cette phrase, je souris en me revoyant ado, il y a de cela une bonne quinzaine d’années, affalée sur mon lit à regarder ma série fétiche. Je rêvais de ressembler à Phoebe Halliwell, je la trouvais tellement cool… J’essayais de reproduire ses coiffures et j’avais adopté la mode des jeans taille basse. Le croc top régnait en maître dans ma penderie. Sans parler des sautoirs à connotations ésotériques qui ornaient mon cou chaque jour… J’étais tellement innocente à cette époque-là, j’avais la belle vie, j’étais heureuse. J’avais un foyer, de l’amour…


Tout en repensant à cette époque, aux amis que j’avais, à la vie que je menais, à mes crises d’adolescente, je continue de ranger mes affaires.


Je m’installe dans la salle de bain pour finir de ranger, et je me dis que mon grand-père avait vraiment du goût.


Cette pièce a été entièrement rénovée peu de temps avant sa mort, et malgré les neuf ou dix ans qui se sont écoulés depuis, elle est toujours aussi belle. Elle ne ressemble en rien à celle que j’ai connue autrefois, kitsch à souhait, dans des tons orangés typiques des années 70. Celle-ci est dans des teintes de beige et de gris, avec des touches de bois ici et là. Une douche a remplacé la baignoire, et un grand miroir surplombe une double vasque, et j’avoue que ça m’interpelle… Mon grand-père vivait seul et n’avait absolument pas besoin d’une salle de bain aménagée comme celle-ci, comme si elle était destinée à un foyer avec plusieurs personnes. Une boule de culpabilité me monte dans la gorge à cette pensée. Et si c’était pour moi qu’il avait fait faire ces travaux ? Il n’avait jamais eu l’intention de vendre cette maison, et je sais qu’il voulait me la transmettre, mais après être partie si soudainement, même si je prenais de temps en temps de ses nouvelles, il savait que ma vie n’était pas ici ! Avait-il l’espoir que je change d’avis ?


Malheureusement, malgré toutes les questions qui tourbillonnent dans ma tête, je n’aurai jamais de réponse. Pourtant, dans mon cœur, je garde une immense reconnaissance envers lui pour m’avoir légué tout cela ! Il me manque, lui aussi. Ils me manquent tous !


Cette solitude n’en finira donc jamais ? Ne pas avoir quelqu’un avec qui partager son quotidien… C’est tellement triste ! Après moi, tout ce qui m’appartient disparaîtra ! Comment aimer la vie quand on n’a personne avec qui la vivre, personne à aimer, personne à serrer contre son cœur ? Je ne sais pas… Peut-être qu’un jour, je trouverai les réponses… Ou pas…


Tout en ressassant ces pensées, je continue de ranger, nettoyer, plier, jeter, emballer… Et j’ai cette étrange sensation que c’est une tâche sans fin…


J’entends par moments des pas sur la toiture, me rappelant que la vie continue dehors. Finalement, je ne suis pas si seule, du moins pas aujourd’hui.


Je regarde l’heure sur mon téléphone, il est déjà midi. Je termine de vider le dernier carton que je tiens entre mes mains, le plie et le range dans le garage avant de partir préparer le repas.


J’attrape une casserole, la remplis d’eau et la place sur l’induction. Je profite de ces quelques minutes pour sortir un paquet de pâtes et les verser dès que l’eau commence à bouillir. Il me faut une dizaine de minutes pour les cuire, et je prépare deux assiettes, deux verres et des couverts.


L’entrepreneur étant toujours sur la toiture, je suppose qu’il serait de politesse de lui proposer un repas chaud. Cela fait bientôt quatre heures qu’il se gèle là-haut, alors j’imagine qu’il ne sera pas contre ce plat, même si ce n’est pas de la grande cuisine.


Je sors et l’interpelle, le voyant apparaître sur l’échafaudage.


— Un plat de pâtes chaudes, ça vous tente ? lui dis-je.

— Avec grand plaisir, je suis frigorifié !

— Alors, je vous attends à l’intérieur.


Je ne sais pas vraiment si cela se fait, mais je ne me vois pas laisser ce pauvre homme manger dehors par ces températures.


Lorsqu’il frappe à ma porte, je m’empresse de lui ouvrir avant de le guider vers la salle de bain pour qu’il se lave les mains, après lui avoir demandé de se déchausser ! Impossible pour la maniaque que je suis de laisser ses chaussures sales traverser ma maison. Je prie très fort pour que ses chaussettes soient propres, histoire de m’éviter un infarctus sur place !


Par chance, lorsqu’il retire ses chaussures de sécurité, elles sont impeccables. Je souffle intérieurement de soulagement et lui tends une serviette propre pour qu’il puisse s’essuyer les mains.


Pendant ce temps, je termine de dresser la table, sers nos deux assiettes, et m’installe en l’attendant.


— Merci pour le repas ! me dit-il en s’asseyant.

— Ce n’est pas grand-chose !

— À ce rythme-là, vous allez très vite vous intégrer ici !

— Pourquoi dites-vous ça ?

— Parce que les anciens du village ont toujours eu pour coutume d’accueillir à leur table les entrepreneurs qui travaillaient pour eux durant la journée. C’est encore le cas pour ceux qui sont encore là !

— Donc ça se fait ! Je suis rassurée ! J’avais peur que ma proposition soit déplacée ou malvenue !

— Bien au contraire. Par contre, je vais devoir vous décevoir…

— Ah…

— Je vais être obligé de marcher dans votre maison avec mes chaussures cet après-midi… C’est une mesure de sécurité ! me dit-il en rigolant.

— Oh… Je vois ! Eh bien, je vais devoir faire avec, je suppose !





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2 commentaires

Pellecuer

-

Il y a 16 jours

Nouvelle installation. Nouvelle vie!Peut-être nouveaux espoirs!! Vite, vite je veux lire la suite

NICOLAS

-

Il y a 16 jours

💕😍🫶
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