Fyctia

Je ne prends même pas la peine de répondre à mon ami et je retourne à ma cuisine, avant de me caler devant ma série. Ce soir, ma tête s’éparpille, je pense à tout et à rien… À cette journée bizarre, à Olivier tout à l’heure, à cette femme à la langue bien pendue… puis je tente de me concentrer sur ce qui se passe à l’écran. Je me sens mal, pas en forme, tourmenté… Un malaise naît en moi et je déteste ça !

J’en veux à mon pote de m’avoir obligé à l’aider, de m’avoir obligé à aller là-bas. Je ne voulais pas la voir, je ne voulais pas lui parler ! Elle n’a rien à faire ici ! Je ne veux pas d’elle dans mes montagnes !

Je veux rester seul dans ma forêt, il n’y a que comme ça que je me sens bien. Je monte le son de ma télé, un peu plus fort, en espérant faire taire mes pensées bien trop envahissantes ce soir. Mais rien n’y fait, je ne tiens pas en place.

Je décide alors de me remettre au travail. Il n’y a que comme ça que j’arriverai à me détendre. J’attrape un nouveau plateau malgré la fatigue qui me pèse, et je commence à peindre. J’aurai passé plus de seize heures à bosser aujourd’hui… Mais le bénéfice est là. Ça anesthésie un peu ma tête, et mon cerveau parvient enfin à se taire ! C’est déjà un progrès. Et lorsque mes yeux se ferment tout seuls, je laisse tomber mon travail et vais me coucher, espérant une nuit pas trop tourmentée.

Mais c’est peine perdue. Après seulement deux heures de sommeil agité, je me réveille en sueur après cet horrible cauchemar qui revient si souvent. La revoir tomber me plonge dans un abîme sans fin, et je ne sais jamais comment sortir indemne de cet état dans lequel je suis instantanément plongé. Revivre cette scène jour après jour est une souffrance que je ne souhaite même pas à mon pire ennemi.

Je me lève pour me passer un coup d’eau sur le visage et m’effondre dans mon canapé, allumant à nouveau la télévision. Je zappe et tombe sur un documentaire sur la Nouvelle-Guinée, et finalement, je m’endors au son des vagues, mon esprit encore troublé.