Fyctia

Il reste seulement quatre jours avant le début des festivités, et je sais que, dès le week-end prochain, mon cauchemar deviendra réalité. Même de nuit, la tranquillité que je chéris tant sera balayée par les touristes et les villageois venus en masse pour célébrer la période des fêtes.

Par malchance, Madame la Maire m’a confié une liste interminable de modifications à apporter au village de Noël, éclairages, branchements, vérifications… Rien n’y échappe. Un vrai calvaire ! Il reste encore vingt-neuf longs jours avant la fin de ce supplice. Comment vais-je survivre ? Bonne question.

La soirée s’étire à n’en plus finir. Je vais de stand en stand, vérifiant que tout est aux normes et que les branchements électriques sont correctement réalisés. Le village est paisible, presque désert.

Comme un fantôme, je déambule sans que personne ne me remarque, comme si je n’existais pas.

Deux fois, je manque de m’électrocuter à cause de câbles mal fixés. Deux foutues fois. À ce stade, je me demande si mon heure n’a toujours pas sonné ou si c’est juste la poisse qui s’acharne. Une fin abrupte m’aurait peut-être épargné tout ce cirque… Alors pourquoi je m’inflige tout ça ? Aucune idée.

Quand ma soirée touche enfin à sa fin, il n’est que vingt-trois heures trente. Je ferme le hangar et reprends la route du chalet. Une fois passé les portes de la ville, c’est le noir complet. La seule lumière visible provient d’un volet mal fermé chez ma nouvelle voisine. Et ce rappel de sa présence, si près, me contrarie encore davantage.

Qu’est-ce qu’elle est venue faire ici ? Toute seule, qui plus est. Pourquoi s’installer dans un trou pareil ? Voilà la vraie question. À moins qu’elle finisse par ramener toute sa famille, comme un moucheron attiré par un fruit pourri. Ouais, la comparaison est douteuse, mais je m’en fiche. L’idée est là.

Je ferme ma porte derrière moi et me prépare à affronter une nouvelle nuit, seul avec mes pensées, jusqu’à ce que l’épuisement ait raison de moi.