Erion Erehtnap Destin d'Ebène Chapitre 4.1

Chapitre 4.1

La tête sur l’oreiller, et le visage face au plafond, je scrute longuement la pierre précieuse qui tourne entre mes doigts. Elle a apparu dans la salle du Diamant Souverain, sortant de celui-ci avant de flotter et de se déposer délicatement sur l’une de mes mains. Cela voulait dire qu’il me sentait capable de posséder cette pierre et d’en acquérir la puissance.

Je me demande sur quoi est-ce qu’il se base.

En tout cas, me voici officiellement être une gardienne cristalline. Cela me fait bien bizarre de recevoir ce titre alors que l’on m’a bien fait comprendre la méfiance qui plane à mon égard. Il faut dire qu’ils n’ont pas de preuve sur la dangerosité de ma présence – et s’il y en a, eh bien, je l’ignore moi-même – et que les détecteurs de mensonge humains ont affirmé la perte de mémoire totale de ma vie.

De plus, quelques jours après être sortie de l’hôpital et avoir été diagnostiquée par un psychologue, je me suis rapidement décidée à recevoir une formation de combat par Thalion en cas de problème. Il est vrai qu’à mon réveil, j’étais emplie d’anxiété et de doutes. J’avais longuement hésité sur le fait d’accepter cette offre. Tout ce que je voulais, c’était rester dans la chambre que l’on m’avait assignée et ne jamais en sortir.

Mais j’ai finalement choisi de m’entraîner avec les conseils précieux de Nacqa, qui me faisait une remarque intéressante. Les soucis peuvent me hanter à chaque seconde, mais il suffit de me concentrer sur un loisir ou une activité pour qu’ils cessent.

Par peur, quoi.

Elle avait raison. Je me suis lancée aveuglément dans cette idée et le chef du Diamant Faunique n’a pas été difficile à convaincre pour m’aider. Au contraire, il était même ravi de s’occuper de moi, alors même que l’on ne se connaissait pas. Thalion est au premier abord intimidant et effrayant par sa carrure et les membres qu’il fait parfois pousser sans s’en rendre compte, mais c’est un personnage agréable qui encourage les gens, peu importe ce qu’ils sont.

Je craignais tout de même d’être une plaie et de le décevoir, que cela prendrait trop de temps pour faire de moi une combattante de taille. Surprise, c’était loin d’être le cas. Mes mouvements étaient souples et rapides dès le premier combat d’observation, et en quelques heures, mes tirs étaient plus que corrects. Je n’avais pas l’impression qu’il m’apprenait à me battre, mais plutôt à me perfectionner.

« Tu devais être une tueuse redoutable dans le passé. »

Ce sont les propos de mon entraîneur à la suite de nos séances, lors d’un exercice de combat à main nue. Il avait dit cela dans la rigolade, dans le but de me détendre et de m’inciter à me relâcher, mais en y repensant, cette possibilité est envisageable.

Et ça me fait peur.

Je soupire doucement, puis me secoue la tête. C’est toujours la même chose au réveil et au coucher, des heures de réflexion sur ma personnalité, ma nature et mon histoire. La rêverie est souvent la raison de mes retards lorsque l’on demande ma présence quelque part, et l’excuse sortie est souvent. « Mes blessures me font encore mal ». Je devrais la renouveler, car plusieurs semaines sont passées depuis le jour où l’on m’a trouvée dans la forêt. Ils finiront par croire que je ne prends pas ma situation au sérieux.

Et puis, c’est une insulte pour les médecins qui ont utilisé leur sort de guérison.

Je me lève doucement de mon lit, en veillant à ce que le diamant incolore entre mes mains ne subit pas de choc. La routine m’emporte : toilette matinale, changement de vêtements et petit-déjeuner pour bien commencer la journée, avant de sortir de la pièce et de parcourir les différents couloirs. À la remise de mon diamant, Valrea m’a recommandé de me rendre chez le bijoutier cristallin d’Aara pour me confectionner un bijou à mon image. Tous les gardiens sont passés par lui et ses prédécesseurs pour ne pas avoir à tenir leur pierre précieuse d’une manière négligente.

Étant lui-même un protecteur cristallin, sa bijouterie se situe dans l’enceinte même du QG, où il est souvent en activité selon la fréquence de recrutement.

— Bienvenue au Cris’joutier, que peut-on faire pour vous ?

Mon pied s’est à peine posé sur le sol en béton ciré que le gérant m’accueille avec un grand sourire aux lèvres. Il est connu pour être un vieil homme toujours en pleine forme et passionné par son travail, ce qui est bien démontré par sa posture droite, prêt à rendre service. Il brille comme sa boutique qui est illuminée par des pierres précieuses et des bijoux, tous aussi merveilleux et adaptés à tout style.

— Vous êtes la nouvelle, n’est-ce pas ?

J’acquiesce d’un hochement de la tête, m’approchant du comptoir qui abrite de beaux exemplaires derrière une vitre. Les informations fusent vite dans ce bâtiment, à moins qu’il soit toujours prévenu lorsqu’un nouveau membre arrive. Dans tous les cas, il semble ponctuel et actif.

— Avez-vous une idée de ce que vous désirez ?

Je pose mon diamant sur la vitre devant lui, qu’il scrute avec intérêt à l’aide de ses lunettes. Je le regarde un instant, déconcertée. Mes réflexions se sont tournées sur plusieurs sujets dernièrement, mais aucun ne concernait le choix d’un bijou. Je me gratte le poignet, prise de court et ne sachant quoi répondre. Face à mon air hésitant, il poursuit.

— Vous n’avez pas besoin d’être originale, vous devez être dans le confort avant tout.

Mon regard se pose vers les divers objets joliment taillés et conçus pour être portés. Ils sont tous adaptés à des goûts différents, et ont tous un atout qui multiplie son charme. Cependant, en les visualisant rapidement, je me rends compte que je n’ai pas réellement besoin de tout cela. Avoir plusieurs bijoux avec des ajouts ne pourrait que m’alourdir et perturber mes mouvements en cas de problème. Si je suis amenée à faire plusieurs missions dans les semaines à venir, il vaut mieux prévoir cette possibilité.

L’homme, debout devant moi, est très patient et toujours aussi souriant que mon arrivée. Il doit être habitué par l’hésitation et le temps pris par ses clients en termes de décision. Après tout, il ne s’agit pas seulement d’un simple bracelet, bague ou que sais-je, mais aussi de l’expression de soi qui met en valeur une parcelle du Diamant Souverain. Ce n’est pas vraiment pour moi.

Je ne sais même pas qui je suis.

Mes doigts s’élèvent jusqu’en haut de ma nuque, avant de s’abaisser légèrement pour attraper le fermoir du collier qui est attaché à mon cou. Il est assez simple pour que je puisse l’ouvrir en quelques secondes, avant de le déposer sur la table vitrée qui sépare le bijoutier de moi-même.

— C’est possible de fusionner le diamant avec ce collier ? Je voudrais qu’il ne soit pas trop encombrant pour ne pas trop m’en soucier.

Il s’approche et attrape un verre qu’il apporte à son œil, comme pour analyser cet objet qu’il a sûrement dû voir pour la énième fois tant sa simplicité est évidente.

— Je sais exactement ce qu’il vous faut.

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