Fyctia
Chapitre 11 : 39 ans - 42 ans
Note de l’auteure : ce titre de chapitre sonne comme un guerre… Victoire va en vivre une, pas au sens propre du terme. L’échec est inévitable dans ce cas. La défaite, la perte qu’elle va vivre est un combat. L’adversité vient de partout. Elle devra garder la tête haute si elle le peut.
39 ans
Émile a cédé à ma décision et c’est tant mieux. Pas de frère ni de sœur pour Noa. Je ressens un soulagement immense. Il me comprend, il s’adapte, malgré ses envies à lui. Il m’aime d’une telle manière, que je ne sais pas si je l’aime assez en retour.
Malgré cette décision, nous trouvons enfin un appartement avec une chambre pour notre fils. Émile à mis des parts dans la garage où il travaille, ça n’a pas été une chose facile d’aller à la banque, ni de demander un crédit et tout ce qui va avec. Avec nos deux postes, c’est désormais possible. Il est ravi de s’associer avec son patron qui avait besoin de renflouer les caisses et de prévoir la suite lorsqu’il arrêtera de travailler. Émile se sent pousser des ailes malgré ses craintes. Il reste confiant, je l’admire. Un métier manuel au départ et là, il prend des responsabilités, certes, qui lui procurent du stress, mais tout de même, il a fait un beau bout de chemin. Je suis fière de lui.
Ce nouveau logement est aéré, les deux chambres sont côte-à-côte, il y a un balconnet, une petite cuisine et une salle de bains minuscule. On devra aménager l'étroit salon. D’ici trois mois, nous serons bien. Toujours dans le même quartier, Noa conserve ses repères et nous aussi.
Noa a vécu son premier épisode de tristesse, Krokmou s’en est allé. Malgré tout, il aura eu une belle vie. Mais la douleur et la vieillesse étaient là, il est mort dans mes bras, tranquillement, un soir. Nous avons pu le déposer chez le vétérinaire pour le faire incinérer et se recueillir un peu. Pour Noa, c’est difficilement compréhensible, il est là et le lendemain, il n’est plus là.
— Que s’est-il passé Maman, me demande-t-il ?
— Il s’est endormi pour toujours.
— Ah... Je suis triste, Maman.
— Moi aussi, mon cœur. On pensera à lui, pour toujours, d’accord ?
Première perte, à 7 ans, l’âge de raison, mais quand même. Voir mon bébé affecté m’attriste plus que ma propre peine.
___
42 ans
Noa a 10 ans aujourd’hui. C’est extrêmement difficile pour moi de l‘envisager. Ma mère est venue. Préparer en amont un anniversaire me semblait insurmontable. Penser aux cartons d’invitations, aux SMS, acheter la déco ou la faire (hors de question), cuisiner un gâteau ou l’acheter, sortir les couverts. Pour ensuite, les laver et tout ranger. Sans compter qu’avoir sept gamins dans le salon m’épuise, rien que d’y penser. Les cris, les rires ( ça, ça peut passer, ça fait toujours du bien), les cadeaux… Remercier les parents, leur faire un café… Et dire « Oui, oui ça va... » l’air de rien alors que Kaboul se joue dans ma cuisine, que je vais devenir maboule à force d’entendre tous ces gosses et que je finirai pas perdre la boule et en prendre un pour taper sur l’autre. Sinon tout va bien.
Mais je sais que cette parenthèse le réconforte, lui donne du baume au cœur. Il a des amis, les aime et c’est réciproque. Chaque enfant a ce besoin d’être entouré.
Ma mère fait toute la logistique, j’en suis incapable. Elle pense même à donner des gâteaux aux parents de passage pour éviter d'avoir à en manger matin-midi-et soir. Merci Maman d’être là ; Sans toi, ces derniers mois, je ne serais que triste couverture et sommeil profond. Krokmou me manque, même si ça fait trois ans. Ils me manquent, pour toujours.
6 commentaires
Dixy
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Il y a 9 mois
Sarah Pegurie
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Il y a 10 mois
Le Mas de Gaïa
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Il y a 10 mois
Jessica Goudy
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Il y a 10 mois
Jehan Calu de Autegaure
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Il y a 10 mois