Maria Karera Des routes et des chemins pour réussir Chapitre 10 : 38 ans - 43 ans

Chapitre 10 : 38 ans - 43 ans

38 ans


Après le mariage, j’ai besoin d’un projet, mais nous ne sommes pas d’accord avec Émile. Il veut un autre enfant. Dans cette vie ? Je ne crois pas que ce soit raisonnable pour nous, pour ce futur bébé, pour la planète ni pour (et surtout) pour ma fatigue. Je devrai porter cet être, le faire sortir, lui donner des biberons, aller le chercher, ça y est, je suis déjà fatiguée. Mon corps n’en est pas capable, je le sens.

Émile insiste mais j’ai posé un stérilet après Noa et c’est très bien comme ça !

Il voit la vie à quatre. « Quatre, c’est bien et ça fait deux parents, deux enfants. Ils pourront s’occuper de nous vieux, non ? »

Déjà, il ne s’occupe pas de lui même, Noa est encore dépendant et un bébé, ce sera pire et c’est reparti pour des nuits, des couches et des cernes, non ! Je le crie haut et fort, ce n’est pas possible pour moi.

Je préfère prévoir des vacances, c’est moins encombrant, ou prendre un deuxième chat, c’est plus autonome.

OK, Émile approche de la quarantaine, il nous fait quoi là ? Sa crise ? Qu’il la fasse en silence, merde ! Là, il m’implique.


Noa, 6 ans

Maman est belle. J’aime quand elle me lit l’histoire le soir, même si je sais qu’elle est fatiguée du travail. Elle reste avec moi jusqu’à ce qu’elle sente que mon corps est lourd et mes paupières bien fermées. Je rêve d’elle souvent. Je l’aime. C’est ma maman préférée. Je l’aime tous les jours de la vie. Chaque seconde, chaque minute de mes journées. Je l’aime grand comme le Monde. Je crois que papa veut un autre bébé, mais, moi, je ne partage pas ma maman !

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43 ans


Je reprends le travail, ce n’est pas une chose facile mais c’est indispensable. Après avoir été enfermée à l’intérieur de moi-même et dans l’appartement, j’ai besoin de voir ce qu’il se passe dehors, un peu, mais pas trop.

J’ai appris à vivre avec. Je ne sait pas comment, certainement avec le temps ou l’habitude de l’absence. Continuer à vivre malgré tout. Je ne suis pas encore détachée de ce que j’ai vécu, la douleur est encore là.

J’ai passé mon temps à dormir. Me lever pour amener Noa à l’école, être prête restait ma seule préoccupation. Faire semblant. Me maquiller à outrance pour cacher mes traits épuisés. Me recoucher. Y retourner le soir, après des heures de sommeil mouvementées. L’air de rien, comme si ma journée s’était passée «  normalement ». Faire un goûter, le regarder, à peu près, pas en vrai, écouter d’une oreille les devoirs, regarder dans le vide ; Me ressaisir lorsque Noa me posait une question. Ouvrir le réfrigérateur, trouver presque rien et finir par cuire des œufs au beurre. Du pain, de la salade, le dîner est prêt !!

Le coucher, aller dormir tout de suite après, tant pis s’il se relève. Moi je ne me relève pas.

Entendre « Tu vas rebondir » et à ce rythme, me demander à quel moment je deviendrais un ballon sauteur ?

Noa va mieux, l’école n’est plus une hantise. Il remonte la pente, petit à petit.

Moi, je suis descendue tellement bas que ce sera longuet je pense.

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3 commentaires

La Plume d'Ellen

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Il y a 10 mois

👍 soutien

Jessica Goudy

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Il y a 10 mois

Soutien 👏✒️

Dixy

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Il y a 9 mois

Le point que tu as fais sur la parentalité au début est très juste et je me retrouve pas mal dans les réflexions de ton personnage. Le paradoxe entre les différentes tranches d'âge dans le temps est vraiment fascinant, j'aime beaucoup la manière dont tu l'as formulé !
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