Maria Karera Des routes et des chemins pour réussir Chapitre 4: 32 ans - 49 ans

Chapitre 4: 32 ans - 49 ans

32 ans

Toute la grossesse a été un enfer entre vomissements, chutes de tension, jambes qui gonflent. Hospitalisations à répétition pour déshydratation, le rêve quoi. On a envie d’en reprendre. Moi, on ne m'y reprendra plus !!

Krokmou m’a fait la tête, je ne pouvais plus changer sa litière. Émile l’a fait, sans convictions.

La chat a boudé, mais lorsque j’avais des contractions, adorable, au fond, il passait son temps sur mon ventre à ronronner. Pas rancunier comme moi le félin.

Ce petit être est arrivé dans nos vies malgré tout. Ce jour là, j’ai cru étriper la sage-femme et mon mec. Je ne me supportais pas. Il est sorti, oui, oui, dans la douleur de la péridurale, et des déchirures du bas-ventre. On n’est pas trop au courant AVANT. Après, c’est trop tard, on est engagé, à vie, il paraît. Quelques traces laissées par cette chère tête brune me rappelle qu’il est bel et bien sur terre. Vergetures, ma nouvelle peau, kilos en trop, ma nouvelle silhouette. Merci la vie. Trop sympathique.

Impossible d’allaiter, trop de crevasses et un diktat de « Quoi ? Mais il va être débile si tu n’allaites pas ! » Ah ouais, c’est fort de café ...

« Aucun lien ne se fera entre vous, c’est sûr ! ». Voué à l’échec ce nouveau boulot de mère. Oui, c’est un boulot mais quand il a deux mois, tu le poses à la crèche de l’hôpital (c’est déjà ça). Que tu pleures plus que lui et que tu vas torcher des fesses qui ne sont pas les siennes, tu fonds en larme.

Fatiguée, j’ai passé le cap du blues en blouse. En même temps, ça ne change pas de ma vie d’avant bébé. Émile a été super et s’est levé les nuits pour donner les biberons. Je bavais de fatigue sur l’oreiller, il a du avoir pitié.

Mes cernes passent avant moi dorénavant. Je vis la nuit et dors debout le jour.


Je me souviens de notre rencontre avec Émile. Dans le même lycée, on traînait dans la cour et au CDI (Centre de documentation et d’information). Les seuls à passer du temps dans un endroit calme. Il m’a tout de suite plu. J’ai senti des éclairs traverser mon corps lorsque je l’ai vu pour la première fois. Il m’a regardée. Timide, il a pris un livre – à l’envers - pour se donner une contenance. En mécanique, il y a des livres mais pas des romans du XIX ème siècle. J’ai ri.

Plus tard, à la cantine, on s’est retrouvés assis à côté. Un pur « hasard ». Il parlait avec ses copains de leur week-end, qu’ils passaient à bricoler. Repeindre des scooters, les trafiquer pour aller plus vite, était leur passion. J’y ai vu un moyen de quitter la maison rapidement. J’ai toujours aimé ma mère, mais à cet âge-là, on n’aime personne de plus de vingt ans et l’attrait de l’autre passe avant tout.

Malgré sa timidité, il m’a invité à venir passer une après-midi «  bricolage de motocyclettes ». J’y suis allée avec une copine. La moto n’a pas eu de révision ce jour-là mais ma bouche a été inspectée en long et en large par sa langue. Ça a commencé comme ça.

Puis, nous avons mis nos parents au courant. Me mère, plutôt cool, n’y voyait pas inconvénients  tant qu’on se protégeait et qu’on se respectait. Ses parents ont été plutôt conciliants également. Ça fait donc 16 ans que nous sommes ensemble. Nous avons passé autant de temps seuls qu’avec l’autre. C’est fou quand on y pense.


Nous sommes trois maintenant.

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49 ans

Je fête mon anniversaire dans une capitale européenne, en bonne compagnie. Amsterdam est agréable avec ses vélos, ses canaux et ses musées. Au mois de mai, c’est idéal, les fleurs ornent les parterres et égayent mes journées. Les soirées sont très agréables.

Ça faisait longtemps que je n’avais pas profité de mon corps et de celui de l’autre. C’est tellement grisant. Ces hormones du bonheur que tu libères lorsque tu fais l’amour sont addictives. J’en redemande encore et encore, pour le plaisir de mon partenaire.

Copenhague sera notre deuxième destination où les fleurs ont une grande place. Cette ville mélange l’ancien et la nouveauté. Les rues sont pavées et le saumon à se damner !

Dans les jardins de Tivoli, nous profitons des douces soirées. Les attractions clament les rires et les peurs des jeunes ou des moins jeunes attirés par les sensations fortes. Une glace nous régale, puis une autre, plus intime.


Mon fils fête son anniversaire. J’ai choisi de partir quand même, le laissant réviser tranquille. On fêtera ça à mon retour.

Il passe son bac dans un mois, que dire. Il peut le faire. Comme il est passionné par ce qu’il fait, ça devrait aller. Il est dans son domaine. Il y arrive, en général.

Réussir sa vie au sens de la société peut être défini par : un poste correct, de l’argent, des biens matériels, une silhouette parfaite et des amis, qu’ils soient virtuels ou non. Je ne l’entends pas de cette manière. Le temps passé avec ceux que j’aime compte plus que tout.

Chaque instant avec Noa est précieux pour moi. Mais j’ai du faire des choix, pour moi.

Mon métier a un sens pour moi. J’aide les personnes en souffrance, des jeunes de surcroît, après avoir travaillé avec les aînés.

Mon cœur est plein avec des écorchures de-ci delà. Je me sens alors entière. Un peu vidé, je le rempli de ce que j’aime. Je ne fais pas semblant, je vis chaque moment comme il vient.

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7 commentaires

Chris Vlam

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Il y a 10 mois

C'est qui son partenaire à Copenhague ? Pas Émilie semble-t-il.

Maria Karera

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Il y a 10 mois

à suivre ...

Le Mas de Gaïa

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Il y a 10 mois

Son histoire d'amour avec Emile a l'air très belle. On devine qu'il n'est plus là à 49 ans. Peut-être est-ce ce qui a été le tournant dans sa vie ?

Maria Karera

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Il y a 10 mois

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