Fyctia

Allongée dans mon lit, mon poing douloureux, je reste immobile. La nuit a été terrible, surtout après le spectacle donné par moi et mon frangin. Il s’est terminé par l’arrivée de notre patriarche.

***

— Ce n’est pas fini ce cirque, nous coupe-t-il dans notre échange.

Nos yeux se tournent vers lui. Toujours habiller de son éternel costume trois pièces. Son regard nous lance des éclairs. Je sais qu’avec Joshua, nous avons dépassé les bornes. Jamais jusqu’à présent nous ne nous sommes disputés ainsi. Nos relations ont constamment été fusionnelles.

— Nous sommes une famille. Une tribu unie dans n’importe quelle situation, aussi dramatique qu’elle soit, continue-t-il en nous scrutant comme deux enfants pris en faute. Nous devons faire face ensemble. Séréna, tu es notre fille, ne va pas douter que nous allons rester les bras croisés te regarder sombrer. Nous avons fait appel à cet avocat, car c’est le meilleur. Fais-lui confiance, fais-nous confiance.

Sans un mot de plus, il sort de la chambre, suivis de près par Joshua, me laissant seule avec cette honte. La honte d’avoir brisé cette famille, la honte de croire que j’allais y arriver sans eux.

***

Mon regard se pose sur le réveil-radio. Quinze heures. Nous sommes le cinq septembre. Et personne ne m’a réapparu pour me prévenir de l’arrivée des détectives. Ce qui m’indique clairement qu’ils ne se sont pas présentés ici. C’est étonnant, car je pensais qu’ils voulaient à tout prix m’envoyer en prison.

Après avoir pris plusieurs minutes pour m’extraire de mon couchage, je rejoins le clan Scott dans le salon. Mes deux parents sont installés autour de la table du living en compagnie de mon avocat. Aucune trace de mon frère et de mes filles. Ma mère se lève pour me serrer dans ses bras, je me fige dans son étreinte. Ses prunelles marron me détaillent durant de longues secondes. Sa main frôle ma joue, là où se situe un hématome.

— Comment te sens-tu ma chérie ? m’interroge-t-elle avec douceur.

— Bien, merci, maman, déclaré-je en la regardant dans les yeux.

— Tu es forte, nous nous en sortirons, m’indique-t-elle en me poussant vers une des chaises disponibles.

— Je vais te préparer un brunch, annonce-t-elle en échappant de la pièce.

— Madame Scott, sentez-vous prête à éclaircir des zones d’ombres ? me demande l’avocat.

J’acquiesce simplement, sentant une boule d’angoisse se bloquer dans ma gorge.