Fyctia
Chapitre 16 : Séréna Scott
— Depuis quand votre mari vous bat ? m’interroge-t-il en me regardant droit dans les yeux.
Mon père qui se trouve à ses côtés se raidit à sa question. Je sais qu’il attend aussi cette justification. Il m’a déjà réclamé à plusieurs reprises depuis quand, mais jusqu’à présent je n’avais rien répondu. Or, je sens qu’actuellement, je ne peux pas jouer cette carte.
— Quatre années, annoncé-je en baissant mon regard vers la table.
Il m’est impossible de les contempler.
— Vous n’avez jamais songé à demander une annulation de votre mariage ?
— Non
— Pourquoi ?
— Pour mes enfants.
— On s’en fout des filles, tu as été battu par ce bâtard durant quatre ans et tu avais peur pour tes filles, hurle mon père.
Mes yeux se ferment en l’écoutant s’époumoner.
— Monsieur Scott, s’il vous plaît. Gardez votre calme, tente de tempérer mon avocat. Il ne faudra pas réagir ainsi lors de l’audience devant le juge.
— Il n’y en aura pas, car c’est une légitime défense. Les preuves en parlent d’elles-mêmes, gronde mon géniteur en marchant de long en large dans le salon.
— Du moment que les détectives ne l’écrivent pas noir sur blanc, ce n’est pas officiel, réplique-t-il. Continuons, Madame Scott. Selon l’avocat de votre société, vous lui avez posé des questions dernièrement sur une situation hypothétique. Pourquoi ?
— Je voulais savoir que faire si jamais je devais en arriver là.
— Y a-t-il un élément qui a déclenché cette idée ?
***
Assise sur le sofa du salon, je feuillette un magazine pendant que Karen effectue ses devoirs sur la table . Un dimanche soir basique pour nous. Mon mari va bientôt revenir du sport et Lisa s’amuse dans sa chambre au bout du couloir. Lisant encore quelques pages, je ne remarque pas de suite l’arrivée de Josh dans la pièce. Il s’approche de moi, m’embrasse délicatement sur les lèvres avant d’aller saluer notre fille. Je le suis du regard, j’aime l’observer dans sa tenue d’activité physique, il a beau dire qu’il n’est pas un grand sportif, il adore prendre soin de sa silhouette régulièrement, d’où ses heures en salle.
Sa main se pose sur le bord de la table, un sursaut s’échappe de Karen, il est presque invisible, pourtant je l’ai bien vue de mes propres yeux.
Va-t-il s’en prendre à elle aussi un jour ? Si elle ne lui obéit pas ?
J’ai beau tolérer l’inacceptable pour moi, pour faire perdurer le bonheur de nos filles. Jouer les couples parfaits aux yeux de la haute société et des personnes qui nous entourent. Ça pour moi, c’est interdit. Je peux encaisser ses crises de colère, pas elles.
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