Manu69 Derrières les murs Chapitre 12 : Séréna Scott

Chapitre 12 : Séréna Scott

Le trajet jusqu’ici a été interminable, même s’il n’a pas duré plus de quelques minutes. J’ai aperçu la presse en face du poste de police, puis devant l’immeuble de Scott Security. Une foule noire, leurs présences m’a rappelé amèrement dans quelle merde je me suis mise. Le chauffeur de l’auto s’insère dans le sous-sol. Il s’arrête près des portes de l’ascenseur, je sors du véhicule, non sans oublier de le remercier.


Une fois seule dans le logement, où je suis censé rester le temps de l’enquête. Je m’autorise enfin à lâcher prise. Mes jambes cèdent sous mon poids, les larmes s’échappent de mes paupières. Je pleure telle une enfant.


J’ai tué mon mari, je suis une meurtrière.


Mes mains se posent sur ma tête, je tire sur mon cuir chevelu. L’air commence à me manquer, je suis en pleine crise d’angoisse. Cela ne m’était plus arrivé depuis des années. Depuis la fin de carrière militaire, quand j’ai compris que je n’étais plus maître de mon destin.


C’est grâce à mon frère Joshua qui m’a aidé à cette époque, il débutait tout juste son activité et avait besoin d’un coach pour lui apprendre à contenir des émotions. Nous avons passé d’interminables mois ensemble dans son habitation à Los Angeles. Les journées étaient rythmées entre sport et détente. Sans lui, je ne serais pas celle que je suis actuellement.


Des bras puissants me serrent avec force. Je reconnais l’étreinte de mon frangin.


— Ça va aller ! Ça va aller ! chuchote-t-il dans mes oreilles.


Nous restons dans cette position durant de longues minutes, avant qu’il m’aide à rejoindre la salle de bain.


— Prends ton temps, je serais dans la cuisine. Laisse juste la porte entre ouverte, s’il te plait.


J’ai l’impression d’être une enfant, d’être brisée quand il me parle ainsi. Il connait les procédures en cas de crise. Ne jamais m’abandonner seule, au cas où je tente l’impardonnable. Mes parents et mon avocat ont dû lui rabâcher les informations durant de longues heures.


***

Neuf ans auparavant.


Allongée dans ce lit blanc, je broie du noir. Je n’ai qu’une envie, c’est de quitter cet endroit, de partir loin d’ici. Sauf que les médecins n’ont pas signé le Saint-Graal. Selon eux, je suis encore trop fragile psychologiquement pour revenir à la vie normale. Mon cul, ils ont juste peur que je mette mes idées en actions. Mon rasoir et autre objet tranchant ont été enlevés de ma chambre, il y a plusieurs jours, ainsi que les câbles. Mes draps sont aussi fins qu’une feuille de papier, incapable de supporter mon poids. Je suis instable mentalement, mais c’est habituel, j’ai subi plus de traumatisme que n’importe quelle population civile. J’ai vu la mort à différentes reprises, j’ai même cru qu’elle était venue me chercher, dernièrement. Mais ce n’était pas mon moment, car je suis encore présente.


— Comment sentez-vous aujourd’hui, Madame Scott ? m’interroge un médecin assis sur une chaise.

— Prisonnière

— Vous avez pourquoi. C’est pour votre sécurité.

— Hum

— Aimeriez-vous quitter l'établissement ?

— Question stupide.

— C’est simple, laissez sortir votre tristesse, parlez-nous et nous approuverons les papiers de sortie. Surtout que votre frère a besoin de vous…

— Ne jouez pas sur la corde sensible.

— Joshua vient de signer avec les Rams de Los Angeles.

— Il a réussi

— Comme vous allez réussir.


Tu as aimé ce chapitre ?

9

0

0 commentaire

Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.