Fyctia

Deux ans auparavant.

Casque sur les oreilles, lunettes sur les yeux. Je suis debout dans la salle de tire. Aujourd’hui, j’ai décidé de passer un moment en compagnie des membres de mon entreprise. Quoi de mieux qu’une session d’entraînement aux armes à feu pour resserrer les liens entre nous. Je ne fais que les croiser au détour de leurs différentes missions : sécurité de société, bodyguard et même pour certains renforcements des effectifs pour des opérations spéciales. Les hommes que j’embauche, je les choisis en fonction de leurs compétences. Anciens militaires, officiers et aussi des agents du gouvernement. Avec eux, j’ai la chance de pouvoir assurer tous les mandats qui me sont confiés. Sans leur présence, je ne serais rien. Alors, de temps à autre, j’aime passer du temps avec eux, discuter de tout et de rien.

— Dites les gars comment vous faites avec vos enfants à la maison et vos armes ? questionne Jackson, le nouveau venu dans l’agence.

Selon mes souvenirs, il vient d’avoir un bébé. Ce type de raisonnement, nous l’avons tous à un moment où un autre. Car nos équipements sont une extension de nous. Nos permis nous autorisent de les avoir tout le temps sur nous, du moment qu’ils sont déclarés aux juridictions compétentes. Ce que je me charge d’effectuer à leurs embauches.

— Elles sont dans un coffre-fort dans ma chambre, répond l’un d’eux.

— Pareil, j’ai même investi dans celui sans code le jour où j’ai vu mon fils l’ouvrir alors que je pensais naïvement qu’il ne connaissait pas, ajoute le plus ancien de mes hommes.

— Il connaissait le code, l’interrogé-je stupéfaite

— Ouais, je n’ai jamais été aussi en colère contre lui de toute ma vie. Je serais toi, Séréna je me méfierais de Karen.

— Mais, elle n’a que quinze ans…

— Raison de plus. C’est l’âge où ça teste tout. Surtout ce qu’elle n’a pas le droit de toucher. Sex drogue…

— Stop merci je vais rester sur mes gardes. Laissez-moi dans cette ignorance. Messieurs, je vais devoir vous quitter. Amusez-vous bien et soyez en forme demain, déclaré-je en désertant la salle.

Ils me répondent d’une seule voix. Je longe le couloir pour me diriger vers les ascenseurs. Un coup d’œil à ma montre. Je remarque qu’il est déjà seize heures. Une idée me passe en tête, pour une fois qu’il n’est pas tard, je peux me permettre de délaisser mon boulot plutôt. Et de faire une surprise à ma famille.

***

J’actionne l’ouverture du garage, insère mon véhicule à sa place. Je remarque de suite la présence de mon mari, l’auto de la nounou n’est plus là. Super, nous allons pouvoir passer une fin de journée tous les quatre. Je me réjouis d’avance de cette soirée en perspective. Je sors de mon SUV, attrape mes affaires sur le siège passager et me dirige dans mon habitation.

Mes pieds me guident vers la suite parentale, où je vais ranger mon arme dans le coffre-fort. En pénétrant dans la pièce, j’aperçois une présence dans la salle de bain. Délicatement je m’approche de l’entrée, et découvre Karen les yeux rougis.

— Ma chérie, que se passe-t-il ? la questionné-je en m’avançant vers elle.

Son regard paniqué, me tord l’estomac, je m’arrête net dans ma progression. Cela ne fait qu’une année qu’elle vit parmi nous et j’ai déjà remarqué qu’elle n’aimait pas qu’on s’approche de son espace sans sa permission. Durant ses années en foyer, je sais qu’elle en a bavé, l’assistante sociale nous a prévenues que Karen est une jeune fille renfermée et qu’elle ne se confie que rarement. Il faut donc lui laisser du temps pour s’exprimer.

— Rien, je me suis fait mal au sport…

— Tu as besoin d’aide ?

— Non, merci, je gère

— Pas de problème, je suis dans la chambre si tu le souhaites.

Elle acquiesce simplement, ne voulant pas lui mettre la pression, je sors de la pièce et vais ranger mes affaires dans ma penderie.