Fyctia

Encore une fois, je remarque qu’elle est partie dans ses pensées. Durant ses dernières heures, j’ai eu l’impression qu’elle a eu ce genre de réaction au cours de mes questions. Des phrases que nous prononçons l’envoient dans ses songes. Certains sont plus douloureux que d’autres, cela se lit sur son visage.

Mon collègue dans la pièce m’observe au travers de la vitre, comme s’il essayait de comprendre ce qu’il se joue dans cette pièce. Il n’y a pas d’explication à ses troubles, même si je pense au fond de moi qu’elle se remémore des souvenirs…

Un coup est donné sur la porte de la salle d’interrogatoire. Un homme en costume cravate pénètre, comme s’il était le Roi du monde. Son avocat entre dans la place. Je me lève de ma table et m’avance près de la vitre. J’ai hâte de découvrir ce qu’il va se jouer maintenant.

***

Détective Josh Simth

Mon regard se lève vers la personne qui entre comme s’il était chez lui. Ses avocats se croient tout permis. Même si je m’attendais plus au moins à cette arrivée théâtrale depuis de longues minutes. Je sais que Carter observe la scène avec fascination dans la pièce annexe. Son attention se pose sur sa cliente qui vient juste de revenir au présent. Ses yeux semblent encore perdus dans ses souvenirs. Je distingue des perles salées aux coins des paupières.

— Maitre Simon, je suis l’avocat de Madame Scott. Je vous prie de bien vouloir mettre fin à cette procédure immédiatement, déclare-t-il avec condescendance.

— En quel honneur ? nous sommes dans les clous, répliqué-je.

— Je ne vous apprends rien sur le statut de sa famille. Nous avons un papier du procureur qui autorise Madame Scott à se retirer et finit ses questions ultérieurement.

— Nous savons très bien qui est Madame Scott, qui est ses parents et son frère. Or, les procédures sont les mêmes pour tout le monde en cas d’homicide volontaire.

— Légitime défense.

— C’est vous qui le dites, mais pas elle, répondis-je en regardant Madame Scott qui n’a pas bouger d’un seul millimètre.

— Ma cliente est encore sous le choc de cette soirée, elle n’a pas ses idées claires. Séréna, voulez vous bien me suivre c’est fini pour ses officiers.

Je le vois s’approcher d’elle, il lui tend la main, pour l’aider à se lever.

— Le passeport de Madame Scott a été remis au procureur, elle sera assignée à résidence dans un des appartements de son entreprise. Vous pourrez venir lui poser vos questions à partir de demain dix heures. Pas avant sinon, je fais annuler cette procédure plus que limite.

Ils quittent la salle dans un silence religieux. Un sourire nait sur mon visage. Il est bon ce con, très bon, mais je sais que mon collègue est ravi de cette intervention. Cette enquête prend un tournant intéressant.