Fyctia
Chapitre 8 : Séréna Scott
La colère monte en moi, je tente péniblement de la contenir… jusqu’au point de rupture où je réplique sans pouvoir m’en empêcher. Surtout qu’après il me sort cette putain de phrase. Il a raison, pour avoir reçu la meilleure formation militaire, je n’aurais jamais dû perdre mon sang froid ainsi. Mais, aujourd’hui, je ne suis pas dans un pays quelconque ni dans mon bureau avec de potentiels clients, où je suis maître de moi-même. Ici, dans cette salle, je suis mise sous pression depuis de longues heures… Ce n’est pas une excuse valable, je le sais bien. Or, il parle de choses qu' il ne connaît pas, il ne croit pas que je ferais tout pour mes filles, cela fait des années que je me bats bec et ongles pour qu’elles ne manquent de rien. Meilleures écoles, meilleures crèches … Rien n’est trop beau pour elles. Alors, l’écouter dire que mes enfants ne seront jamais la réalité, cela m’a mise en rogne. La vérité sortira dans tous les cas. Actuellement, je suis celle qui a tué leur père et j’assume les conséquences de mon acte.
Mes yeux se plongent dans les siens, je sens sa jubilation d’avoir eu cette réaction de ma part. Quant à moi, j'aurais préféré continuer à l’ignorer… Hélas ! Il est trop tard pour des remords. Je laisse donc tomber ma tête entre mes bras. Ne souhaitant plus lui répondre, je lui fais comprendre simplement par ce geste que j’en ai marre de ce jeu malsain.
Le silence se fait dans la pièce. Combien de temps s’écoulent avant qu’il sorte de la salle ? Aucune idée ? Les minutes défilent au ralenti. La faim commence à gronder dans mon ventre, ma gorge est sèche, et je ressens aussi une envie présente. Tout va bien dans le meilleur des mondes. Sauf que je ne demanderais rien à ses officiers, même s’ils effectuent leur travail correctement. Les droits de l'homme et les conditions de garde à vue les obligent à nous respecter... Je tiens ces informations de mes parents. Alors, j’attends patiemment qu’il revienne. Le calme de la pièce me fait du bien. Cela permet à mes idées de se remettre dans l’ordre. J’ai beau repasser incalculablement les dernières vingt-quatre heures dans ma tête, rien ne me revient. L’entrée dans notre maison, les paroles prononcées. Tous les détails qui me réapparaissent sont normaux pour moi. Il n'y avait aucun signe avant-coureur du drame qui a suivi. Juste les trois BANGS, et l’arrivée des policiers dans ma cuisine. Le corps inerte de mon mari un peu plus loin. L'arme à feu devant moi, et ma silhouette recroquevillée dans un coin de cette même pièce. C’est donc moi et moi seul qui l’ai tuée, c’est l’unique certitude que j’ai actuellement.
Le cliquetis de la porte se fait entendre, me sortant de ses souvenirs douloureux. Une odeur de caféine me chatouille le nez. L’individu se présente avec une voix calme et posée. Je lève mon visage vers cette personne, il tient entre ses mains une boisson et un sandwich. Mon ventre se tord de faim à cette vue. Son regard s’attarde sur moi avant de me proposer ses aliments. Que j’accepte sans difficulté. Je grignote mon encas quand il commence à poser ses questions. C'était trop beau pour être vrai. Je réponds nonchalamment à ses interrogations, lorsqu’une affirmation me frappe.
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