Fyctia
Chapitre 2. Séréna Scott
Avant l’homicide,
Assise derrière mon bureau, relisant mes notes sur les différents rendez-vous, effectués plutôt dans la journée. Je lève mon regard vers le moniteur de mon ordinateur. Dix-huit heures s’affichent à mon écran.
Bordel, je suis en retard.
Bondissant sur mes pieds, je ramasse rapidement les feuilles éparpillées sur le plan de travail. Je ne prends pas le temps de les ranger dans leurs pochettes. Je suis déjà tellement à la bourre.
Dans une heure je dois être à ce Gala de charité. Cette soirée me tient à cœur, car ses hommes et femmes sont comme moi, d'anciens soldats des armées de la Nation. Ces personnes ont donné de leurs vies pour certaines afin de protéger nos frontières, ainsi que nous idéaux dans les différents pays où nous avons été déployés. Pour ma part, je me suis rendu à plusieurs reprises au Mexique, dans le but d’épauler les forces militaires en poste pour combattre les trafiquants de drogues. J’ai eu aussi la chance de partir en Centrafrique[1], où nous avons aidé la population à défendre leurs ressources naturelles. Tel que le pétrole, les diamants et l’or, pour parler que des plus importants. C’est dans ses terres que j’ai été blessé, des voleurs de pépites n’ont pas apprécié notre présence sur place… Un guet-apens, une balle dans ma poitrine et je suis rentrée chez moi. Cela a signé la fin de ma carrière. Je me suis alors remise d'aplomb et j’ai monté ma propre boîte dans la sécurité privée.
C’est donc primordial, pour moi, de ne pas louper cette soirée. Pourtant, c’est mal parti pour que je parvienne dans les temps. J’éteins rapidement mon ordinateur, ramasse mon sac à main, qui se trouve sous mon bureau. Glisse mes pieds dans mes chaussures que je quitte systématiquement quand je suis seul dans mon agence. J’attrape les clefs de ma voiture, me dirige vers l’ascenseur. J’ai moins de quinze minutes pour arriver à la maison, me préparer et repartir avec Josh. La cabine de métal descend dans un silence religieux les quinze étages qui me séparent du parking de l’immeuble.
Les portes s’ouvrent dans cette partie du bâtiment. Le bruit de mes talons résonne dans l’espace. J’appuie sur les boutons de la télécommande de mon automobile. Les clignotants s’allument pour m’indiquer qu’elle s’est ouverte. Je tire la poignée afin de pouvoir m’installer à l’intérieur. Le contact est mis, enfin, je peux m’insérer dans la circulation. Un des avantages de posséder ces locaux dans la cinquième avenue, c’est qu’ils sont assez proches de notre maison située dans l’Upper East Side. Malgré les nombreuses voitures sur l’axe. Je roule durant une dizaine de minutes avant de me stationner devant notre habitation. Il n’est pas nécessaire que je le range dans notre garage. Nous allons bientôt repartir. Je sors de mon véhicule, le ferme et me dirige vers l’entrée de notre demeure. Non sans oublier de saluer un de nos voisins qui promène son chien.
— Je suis rentrée, crié-je en marchant dans le hall. Je sais chéri je suis en retard, gloussé-je.
Josh doit être dans son bureau en attendant, je désire actuellement juste boire un verre d’eau avant d’aller me préparer. Nos filles ne sont pas présentes ce soir, Lisa est chez mes parents, tandis que Karen doit se trouver à un match de basket-ball.
***
Le bruit de l’arme tombant au sol me sort de la torpeur dans laquelle je suis depuis de longues minutes. Mes jambes ne me tiennent plus, j’échoue lamentablement sur le carrelage blanc de ma cuisine. Mes yeux papillonnent et s’acclimatent à la semi-obscurité de la pièce. Je remarque qu’une masse est étendue à quelques pas de moi, je reconnais sans mal la silhouette de mon mari.
J’essaie de me remémorer ce qu'il a bien pu se dérouler entre ses murs. Je me souviens vaguement être rentré à mon domicile. M’être dirigé vers le coin cuisine pour saluer mon conjoint. Or maintenant il est entendu dos contre sol, les yeux ouverts sans vie. J’identifie sans soucis ce « regard » de mort sur les individus décédés. Ce genre de chose est marqué à fer blanc dans le cerveau d’un être humain.
Bon sang, mais qu’est-ce qu’il s’est passé ici ? Tout me semble flou, j’ai beau essayer de me souvenir des derniers instants, mais rien ne me vient.
Un léger claquement de porte se fait entendre, le bruit d’un moteur d’une voiture retentit dans
la rue. Je ne saurais dire combien de temps après, le hurlement des sirènes de police se font entendre dans le calme de la nuit. Les portières s'ouvrent, les ordres donnés sont distinctifs de leurs missions. Ils viennent chez moi, et moi je suis toujours assise sur le carrelage désabusé par ce crime horrible que j’ai commis. Car qui aurait pu bien tuer mon mari ? alors que nous étions seules dans cette habitation. Mes mains passent sur mon visage, fatigué et choqué par le déroulement de cette soirée interminable.
Le bruit de leurs bottes se répercute entre les murs de l’entrée, je sais comment ils se déplacent, en file indienne. Normalement le plus gradé se trouve devant, leurs armes sont sans doute dans leurs mains, prêtes à être utilisées en cas de nécessité.
Au bout de quelques secondes, j'aperçois deux ombres pénétrer dans la pièce. Ils se figent, puis une se précipite vers le corps inerte. Un signe de sa tête pour son collègue, confirme ce que je craignais, il est bel et bien mort. Le second s'approche de moi, son pied envoie l’arme qui est proche de moi, plus loin dans l’espace. Il me parle, mais je ne comprends rien, j’ai ce bourdonnement dans mes oreilles qui me coupe de la réalité. D’un pas léger, il tend sa paume sans un geste brusque. De manière docile, je commence à me relever, je sens qu’il m’aide.
Actuellement, assise dans mon salon sur un des canapés, une couverture est mise sur mes épaules. La scène de crime grouille de gens, pendant ce temps-là, je suis muette et scrutée par les deux inspecteurs de police qui se trouvent dans l’arche de délimitation des deux pièces. Je me doute qu’ils essayent de comprendre pourquoi j’ai tué mon mari. Mes yeux sont fixés sur le sol blanc, je n’ai pas prononcé un seul mot depuis qu’ils sont arrivés dans la cuisine.
Sur la scène de crime.
Pour tout le monde, nous étions un couple heureux. Mais les apparences sont parfois trompeuses.
[1] J’ai pris des libertés pour ce passage, les USA n'y sont jamais allés, mais la France oui. Pour protéger les ressources naturelles. (Quelques-uns ont été cité)
1 commentaire
kleo
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Il y a 2 mois