Fyctia
Chapitre 1 : détective Carter
Arme à la main, je m’avance doucement vers cette dernière. Personne ne sait comment elle va réagir à notre présence dans la pièce. Ses yeux sont fixés sur un point imaginaire, son visage semble avoir reçu des coups… Du sang séché est visible sur son arcade gauche. Cette femme s’est défendue, la thèse du cambriolage tient toujours la route pour l’instant.
— Police de New York, m’annoncé-je en continuant de me déplacer vers elle.
Mon pied se pose sur le revolver, l’éjecte le plus loin possible de nous. Ma main se glisse sous la boucle de ma ceinture afin d’en extraire les menottes. Tous mes gestes sont faits avec minutie sans jamais perdre de vue cet individu. C’est la première chose qu’on nous enseigne à l’école de police.
« Ne jamais quitter le suspect des yeux. Personne ne sait ce qu’ils ont dans la tête. Que ce soit un enfant, une femme ou bien une personne âgée. Restez prudent. »
Au fil de mes différentes interventions, j’ai appris que ses consignes de sécurité sont vraies. Un bon nombre de mes collègues ont été blessés par armes blanches ou non lors de l’arrestation d’hommes qui apparaissait inoffensive.
Or, Madame Scott, ici présente, est recroquevillée devant moi. Elle ne semble pas si calme qu’elle en a l’air. Ses mains passent à plusieurs reprises sur sa figure, aucune goutte ne coule sur son visage tuméfié. Tandis qu’habituellement, lorsqu’un individu vient de tuer une personne, ce dernier est larmoyant, surtout en cas de légitime défense ou agression physique. Elle parait juste perdue. Pourtant, avec son métier, elle doit avoir pris des cours de gestion de crise, car ici, dans cette maison, tout montre en être une.
— Madame Scott, je vais vous demander de vous lever et de bien vouloir me suivre dans le salon. Une équipe médicale va vous ausculter.
Son regard change de direction, elle a l’air d’enfin réaliser notre présence dans la cuisine. Ses yeux fouillent le périmètre à la recherche de quelque chose. Je ne la quitte pas un seul instant de vue, de peur qu’elle tente un geste fou. D’une main tremblante, elle commence à se mettre debout. Ma paume se pose sous son coude et la guide vers la pièce adjacente où nous attendent deux ambulanciers. Docilement, elle s’installe sur le canapé blanc, qui va bientôt être taché de sang. Je grimace à cette vue. Je n’ose pas imaginer le prix de ce meuble ni le nettoyage qui en découdra , mais, ce n’est pas chez moi, je n’ai pas besoin de m’en soucier.
— Avez-vous mal quelque part, Madame ? l’interroge l’infirmier alors qu’il s’approche d’elle.
Sa tête bouge de droite à gauche sans prononcer un seul mot.
— Souhaitez-vous que nous appelions quelqu’un ? demandé-je.
Même réponse, comme si elle n’était plus en mesure de répondre de vive voix. Madame Scott semble être en stress post-traumatique, où bien elle se joue bien de nous.
— Carter, m’interpelle mon collègue depuis le seuil de la pièce.
— Officier, surveillez Madame Scott. Elle ne doit pas quitter le salon.
Il acquiesce et se positionne à ses côtés. Pendant que je retourne dans la cuisine.
— Séréna Scott, trente-cinq ans, ancienne militaire, elle a créé la société Scott Security voilà cinq ans, après un accident au combat en Centrafrique. Cette dernière est entrée en bourse rapidement après son mariage avec Josh Robert. Un homme redouté dans le milieu de la finance. De cette union, ils ont eu une petite Lisa qui est aujourd’hui âgée de quatre ans. Il y a trois ans, ils ont adopté une autre demoiselle, Karen, de dix-sept ans. Madame Scott est aussi la fille de deux grands avocats du barreau de New York et la sœur cadette de Joshua Scott est joueur de football en NFL. Cette histoire pue, conclut mon collègue.
— Nous allons avoir la presse sur le dos, soupiré-je.
— Selon les dépositions des voisins et des passants. Ils ont entendu trois coups de feu. Cependant, sur la victime, nous ne trouvons qu’une seule plaie. En revanche, deux balles sont dans le mur. Toujours aux yeux des témoins, les tires n’étaient pas regroupés. Un laps de temps entre le deuxième et le troisième tire s’est déroulé.
— Ça ne correspond pas avec son profil de militaire. Ça aurait dû être propre, ajouté-je.
— Je suis d’accord avec toi James.
— Où sont les enfants ?
— La petite Lisa est chez ses grands-parents. Le couple devait se rendre ce soir à un gala de charité pour les anciens combattants, lit James sur ses notes.
— Quelle heure sont les coups de feu ?
— Selon l’appel téléphonique, dix-neuf heures trente.
— Ils auraient déjà dû être sur place non ?
— Hum hum
3 commentaires
NaomieC
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Il y a 2 mois
Manu69
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Il y a 2 mois
kleo
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Il y a 2 mois