Fyctia
Chapitre 8. Max (Partie 1)
Un Ticket pour Deux
Bourton-on-the-Water, 2 décembre.
Ils s’entendent bien.
Aussi surprenant que ça puisse l’être, Nathaniel a réussi à séduire ma tante en moins de dix minutes. Elle rit à ses anecdotes et se confie à lui avec une facilité déconcertante. C’est simple, je ne l’ai jamais vu aussi amicale avec un inconnu en si peu de temps. Cet homme est doté d’un pouvoir d’attraction que je ne comprends pas et dont je ne dois pas être sensible.
J’ai laissé Tabitha monter à l’avant puisqu’elle a le mal des transports. Puis, cela m’arrange. Je peux être tranquille à l’arrière sans avoir à supporter la présence de Nathaniel. D’ailleurs, je ne lui soupçonnais pas des talents d’acteur aussi convaincants, c’en est même inquiétant. Il ment avec une facilité déconcertante à croire qu’il a fait ça toute sa vie. Je ne crois pas un mot qui sort de sa jolie bouche.
Je ne parviens pas à le déchiffrer à 100%. Au travail, il se comporte comme un tyran et j’ai souvent envie de le gifler. Néanmoins, depuis que nous avons pris la route, il se montre charmant et s’intéresse à ce que lui raconte Tabitha. Elle a beau lui parler de sa passion pour les arts mystiques, il l’écoute avec attention et pose un tas de questions. Je ne reconnais pas mon directeur artistique.
Exaspérée par le manège de Nathaniel, je passe en revue mes mails. Oui, je suis de mauvaise foi. C’est moi qui lui ai demandé d’être aussi parfait. Néanmoins, cela reste énervant parce que je sens que ce n’est pas naturel et qu’il se moque de ma tante.
Je parcoure mes mails quand je remarque un message dans la boite mail que j’ai créé pour le CMM. Piquée par la curiosité, je l’ouvre et me désintéresse de la conversation entre Nathaniel et Tabitha. J’attends cette réponse depuis hier. J’ai même fini par croire qu’elle n’arriverait jamais.
De : Egg.Tar@barnespublishing.com
A : Errol@barnespublishing.com
Objet : CMM
Bonjour Errol,
Je te l’accorde, ce n’est pas un exercice facile. Pour être tout à fait honnête, je ne voulais pas prendre part à tout ça. Ton mail m’a convaincu ou plutôt la manière que tu as à te dévoiler m’a donné envie d’en savoir plus. Je ne suis pas quelqu’un qui réussit à se confier facilement, mais je suppose que c’est plus simple avec toi puisque je ne sais pas qui tu es…
Parler de nos jobs est interdit sûrement par soucis de confidentialité. Je ne promets pas de me dévoiler à 100% mais je peux essayer un minimum. Tout comme toi, cette situation me stresse. D’ailleurs, j’ai mis du temps à écrire cette réponse.
Concernant les futilités, j’aime tout ce qui se rapporte à la gastronomie française et italienne en particulier le vin. J’aime le cinéma, les livres (il vaut mieux lorsqu’on travaille dans un ME), la musique et la cuisine. En gros, je suis un vrai épicurien bien que cela ne se voit pas au primaire abord.
Tu m’as demandé quel serait mon Noël parfait. J’ai eu beau chercher pendant des heures, la seule réponse qui m’est venu à l’esprit est un Noël où je me sente à ma place. Je me fous du menu à table ou des cadeaux que je peux recevoir, ce qui m’importe c’est d’être entouré de personnes qui me donne la sensation de me trouver au bonne endroit.
Et toi, quel est le tien ?
A très bientôt,
Egg.
Ses mots me bouleversent sans que je sache réellement pourquoi. A travers eux, j’ai l’impression qu’il m’avoue que ses Noëls n’ont pas été heureux. Je pense à un homme. Peut-être à sa façon de s’exprimer. Du moins c’est ce que je ressens. J’aimerais pouvoir l’aider seulement comment est-ce que je peux m’y prendre alors que je n’ai aucune idée de qui il est ?
— Tout va bien, Maxine ?
Je croise le regard inquiet de ma tante dans le rétroviseur intérieur.
— Oui, je lisais un chapitre… bouleversant.
Je souris afin de la rassurer tandis que je vois le front de Nathaniel se plisser.
— Je crois que je vais arrêter de lire, je commence à avoir la nausée…
— Ah ça je l’ai toujours dit, élude Tabitha. Il est impossible de lire dans une voiture sans avoir envie de dégueuler !
Elle se lance dans une énumération de toutes les fois où elle a failli dégoupiller lors dans un véhicule. Je mets mon cerveau en pause et les laisse s’engager dans une autre discussion. Plusieurs fois, je surprends le regard de Nathaniel sur moi. Est-ce qu’il s’inquiète pour moi ou désire seulement que je lui vienne en aide ?
Option N°2.
Le stress commence à me gagner lorsque nous passons Oxford, cela veut dire qu’il ne reste qu’une petite heure de route. Je ne suis pas prête. Une heure en compagnie de Nathaniel n’a pas suffi à monter un plan solide pour jouer les couples amoureux. Nous nous dirigeons droit dans le mur. Il a prétendu pouvoir se débrouiller avec ce qu’il sait déjà de moi. J’ai de sérieux doutes. S’il s’était pointé plus tôt dans ce café, je ne serais pas morte de trouille à l’idée de gaffer.
Peut-être même qu’il aurait été plus judicieux de s’habituer l’un à l’autre. Enfin surtout mon corps. Quand il m’a serré contre son torse, j’ai cessé de respirer. Non seulement j’ai été surprise mais ce que j’ai ressenti m’a donné envie de vomir. Mon corps le rejette et le hait autant que ma tête. Et s’il se met à m’embrasser ? Je ne vais pas quand même pas déglutir, si ? Je ne comprends pas. Physiquement, je le trouve beau et charismatique alors pourquoi ça ne matche pas ?
Certainement parce qu’il a dit que je n’étais pas son style de nana.
Nathaniel passe le panneau de Bourton. Mon cœur se gonfle de nostalgie comme à chaque fois que je reviens ici. J’adore vivre dans la capitale mais rien ne peut me donner autant d’émotions que les paysages rustiques de mon village d’enfance. Bourton-on-the-water se trouve dans le comté de Gloucestershire et est connu pour être la « Venise des Costwolds ». Elle tient son surnom des nombreux ponts qui traverse la rivière, la Windrush. L’été, de nombreux habitants et touristes s’adonnent au paddle dessus. L’hiver, les plus courageux s’essaient au patinage lorsque l’eau est assez gelée.
La neige recouvre une bonne partie des jardins et des rues du village. L’ambiance change et devient presque féérique. Le père noël pourrait s’installer ici sans problème – enfin s’il existait. Nous finissons par arriver devant la façade de la demeure familiale. Mes lèvres se fendent d’un sourire lumineux. Ma famille est souvent envahissante et insupportable, cependant, je suis heureuse de la retrouver.
Je déchante vite lorsque je découvre les guirlandes électriques entourer toutes les fenêtres de la maison ainsi que les innombrables décorations en LED qui peuplent le jardin de mes parents. Chaque année, ils paient une blinde en électricité mais ils continuent à investir dedans. Ma mère est prête à tout pour gagner. Une allée en sucres d’orges d’environ une cinquantaine de centimètres a été érigée jusqu’à la porte d’entrée. Sur cette dernière se trouve une magnifique couronne de noël dans les tons blanc, doré et noir.
Oh chiotte !
Nous avons loupé la première épreuve.
6 commentaires
François Lamour
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Il y a un an