Fyctia
Chapitre 8. Max (Partie 2)
Nathaniel se gare juste à côté du portillon. Je vois ses mains se contracter sur le volant signe qu’il n’est pas si à l’aise que ça. Tabitha sort de la voiture en première excitée d’être chez son neveu préféré. Elle a refusé de vivre ici voulant être indépendante et elle est tout à fait capable de vivre seule encore de très longues années.
Je descends à mon tour et vais décharger les valises du coffre. Nathaniel me rejoint quelques secondes après et prend les sacs les plus lourds dans sa main droite. Son visage exprime tout le dégoût qu’il ressent à être ici. Le voilà le vrai Nathaniel Hathaway, celui de mon travail.
— Merci…
— Putain, si Santa Claus existait et dégueulait, son vomi ressemblerait à ça, lance-t-il en désignant la maison décorée.
Je lui donne un coup de coude dans les cottes qui le surprend. Il se plie en deux à cause de la douleur. J’en profite pour me baisser et murmurer :
— Vous avez accepté de venir alors soyez aussi charmant que pendant le trajet et dîtes à votre côté aigri de la fermer…
Il relève la tête vers moi et m’adresse un sourire hypocrite.
— Tout ce que tu voudras, mon amour…
Je prends conscience qu’il faut que l’on se montre un peu plus familier. Sa main se saisit de la mienne sans aucune délicatesse. L’amour transpire entre nous, c’en est même touchant. Rien à faire de sa soudaine mauvaise humeur, il ne gâchera pas les retrouvailles avec ma famille. Une boule d’angoisse naît dans ma poitrine à chaque pas qui me rapproche de l’entrée. Nathaniel tient ma main avec un peu plus de fermeté. Même s’il se comporte comme un abruti la plupart du temps, son geste me donne le courage nécessaire pour continuer d’avancer.
La porte d’entrée s’ouvre sur mon père qui s’appuie sur sa canne pour réaliser quelques pas. Mon cœur se serre à chaque fois que je le vois avec cette objet de malheur. Il me rappelle que la maladie gagne du terrain et qu’il n’est plus aussi invincible qu’avant. Nathaniel tourne la tête vers moi, des questions plein les yeux. Il ouvre la bouche mais est interrompu par une petite boule d’énergie qui fonce droit sur moi.
— Tata Max !!!!
Je lâche la main de Nathaniel et réceptionne ma nièce dans les airs. Je la serre dans mes bras en m’imprégnant de son odeur d’enfant. Tillie a déjà cinq ans et ça me fend le cœur de ne pas prendre plus de temps pour le passer avec elle et son frère.
— Mamie May a râlé parce que vous avez raté la première épreuve. Elle a pesté contre tout le monde, ça a énervé maman ! Tata Api ne sera là que demain avec son amoureux alors Mamie est encore plus fâchée. Elle dit aussi que les Clarke vont se moquer de nous et que nous sommes des menteurs… Tu crois qu’on pourra jouer toutes les deux pendant le week-end ?
Waouh, trop d’informations d’un coup.
Je me concentre sur la dernière partie en attendant que mon cerveau assimile tout ce qu’elle m’a dit.
— Je… Bien sûr qu’on jouera ensemble toutes les deux !
Elle serre un peu plus ses bras autour de ma nuque et se réfugie dans mon cou. La douceur de mon nièce parvient toujours à m’attendrir. Cette gosse est un ange. Je n’ai jamais vu de petite fille aussi gentille qu’elle. Je remarque qu’elle n’a même pas boutonné son manteau et son bonnet est tombé pendant sa course. Ses joues se mettent en rougir et son nez coule à peine.
Tillie observe mon (faux) compagnon, les sourcils si froncés qu’ils ne sont pas loin de se rejoindre. Le visage de Nathaniel se crispe. Visiblement, les enfants ne sont pas sa tasse de thé. J’ai déjà pu le constater au bureau.
— C’est ton amoureux, tata Max ?
— Je… Il est… Oui… Je te présente, Nathaniel mais si c’est trop dur tu peux l’appeler Nate.
Tillie acquiesce et joue les timides lorsque Nate lui adresse un léger sourire. Elle agit toujours de cette façon avec ceux qu’elle connaît peu. Avant la fin de la soirée, Elle ne le lâchera pas. J’embrasse sa joue chaude puis la repose par terre.
— Rentre te mettre au chaud ou tu vas attraper un rhume, lui conseillé-je.
— Tu viens à l’intérieur, hein ?
— Bien sûr, mon ange.
Elle sautille de joie puis court à l’intérieur. Je ne perds pas de temps et vais me réfugier dans les bras de mon père. Là, je me sens chez moi. Sa chaleur rassurante est essentielle à mon bonheur tout comme son odeur d’après rasage, le même depuis trente ans.
— Je suis heureux que tu sois là, trésor. Tu m’as manqué…
— Toi aussi, papa.
Il dépose un baiser sur me front tandis que je me blottis un peu plus contre son torse. Rien ne vaut plus que les câlins de mon père.
— Sur une échelle de 1 à 10, maman est en colère à quel point ?
— Disons que son stress fait trembler les murs de la maison, plaisante-t-il. Elle est sur le dos de ton frère et ta belle-sœur à cause de ce concours de Noël ! Puis, elle ne comprend pas pourquoi ta sœur a repoussé son arrivée et pourquoi elle fait autant de mystères sur son petit-ami…
Mon regard se perd sur mes chaussures recouvertes de neige. Il vaut mieux que je n’affronte pas la vision experte de mon père. Il comprendrait très vite que je sais pourquoi April joue les cachottières. Ma petite sœur n’a pas fini d’inquiéter mes parents. Je regrette qu’elle ne soit pas là ce soir mais elle a préféré assister à un vernissage de Grey.
— Au moins, je sais que celui qui t’accompagne apaisera ta mère. Elle n’a pas arrêté de nous parler de son charme…
Il se détache de mon corps pour se concentrer sur le dit homme. Le stresse me gagne à nouveau. Mon père déteste tous les petits amis de ses filles depuis que nous sommes en âge d’avoir des relations. Pour lui, aucun homme n’est assez bien pour ses princesses. Je crois que j’ai des attentes trop élevées parce que j’aimerais un homme qui possède les mêmes qualités que mon père.
— Papa, je te présente… mon… mon…
7 commentaires
Rose Leucate
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Il y a 10 mois