Fyctia
Chapitre 4. Max (Partie 2)
— Si tu savais comme je suis heureuse que tu aies trouvé quelqu’un. Ça devenait inquiétant quand même ! Vingt-six ans et pas l’ombre d’une relation sérieuse…
Elle a vite oublié Lewis.
— Non, tu as préféré sortir dans les bars avec cet Evan. Tu m’enlèveras pas de tête qu’il a une très mauvaise influence sur toi… D’ailleurs, Taylor est d’accord avec moi.
Je bouillonne. Ma belle-sœur se range toujours du côté de ma mère et est une lèche-cul qui adore me dénigrer à la moindre occasion.
— Mais c’est fini maintenant, ma petite fille chérie décide enfin de se comporter en adulte ! Tu es engagée avec un homme et c’est merveilleux. Je crois que je n’aurais pas pu rêver mieux pour cette année, comme si c’était mon cadeau de Noël en avance. L’année prochaine, on célébrera vos fiançailles et…
J’ai la tête qui tourne. Mes oreilles bourdonnent et mon cœur tambourine si fort dans ma poitrine que j’en ai mal. Est-ce que je fais une attaque cardiaque ? Je n’écoute même plus ce qu’elle me dit bien trop concentrée sur ma mort imminente. Je me demande ce qu’on marquera sur ma pierre tombale. Le mensonge l’a tué ? Plausible. Je rejoindrai papi Georges et viendrai tous les hanter par vengeance.
— Tu es prête à partir, mon amour ?
Hein ? Pardon ? Can you repeat the question please ?
Est-ce que j’ai atterri dans la cinquième dimension ?
Nathaniel. Le tyran Nathaniel se tient à quelques mètres de mon bureau, son manteau posé sur son avant-bras. Mon regard passe de ma mère à lui et tente d’évaluer la situation. Il vient de me surnommer «mon amour». En français bordel ! C’est si… hot. Ma mère sourit à s’en décrocher la mâchoire et le contemple comme s’il était le messie. Je suis en tachycardie et je ne comprends absolument rien de ce qui se passe. Ma théorie de cinquième dimension se confirme.
Ou alors c’est le multiverse.
— Désolé, je ne savais pas que tu n’étais pas seule…
Impossible puisqu’on est au beau milieu d’un open space !
— Je me présente Nathaniel Hathaway…
Bon sang, il ne va pas se taire !
Il s’avance vers ma mère, la main tendue.
— Pas de ça entre nous, refuse-t-elle en secouant la tête. Je suis la mère de « mon amour », May, alors viens là mon garçon…
Elle le serre dans ses bras comme s’il appartenait à la famille depuis des années. Le pire c’est que Nathaniel sourit. En six mois, je n’ai jamais vu ses lèvres se fendre d’un sourire, ni même être agréable avec qui que ce soit. Cette scène est surréaliste pour moi. Ils s’échangent plusieurs mots que je n’entends pas. Nathaniel se met même à ricaner. J’aimerais leur dire que je suis encore là mais je suis bien trop choquée par le manège de mon directeur artistique.
— Chérie, tu m’écoutes ?
Ma mère agite sa main devant mes yeux. Je n’ai même pas remarqué qu’elle s’est avancé vers moi.
— Hein ? Quoi ?
— Nathaniel est impatient de rejoindre l’équipe McFayden, s’enthousiaste-t-elle.
Je jette un œil au numéro 1 des menteurs qui m’incite à jouer le jeu. De toute façon, je ne crois pas avoir le choix. J’ai le sentiment d’être encore plus coincée. Simuler d’être en couple avec lui est ce qui pouvait m’arriver de pire. Jamais ça sera crédible surtout s’il faut que nous nous rapprochions. Un haut le cœur me vient. Je chasse cette pensée immonde et reporte mon attention sur ma mère.
— Je… Oui… Natha… Nate est très compétitif.
Il arque un sourcil surpris que j’ai pu l’appeler par son surnom.
— Il est du genre à écraser la concurrence pour gagner, ajouté-je.
Il pouffe de rire un instant avant de reprendre une expression plus neutre. Ma mère se retourne. Nathaniel change à nouveau de visage et redevient charmant. Son côté agréable n’est qu’un leurre. Si vous voulez mon avis, cet homme a raté sa vocation. Il aurait dû être acteur.
— C’est parfait ! Bon, je dois filer, j’ai de la route, annonce-t-elle en déposant un baiser sur ma joue. Je vous attends à la maison samedi avant 17h…
Elle s’arrête devant Nathaniel, embrasse ses pommettes et lui murmure je ne sais quoi à l’oreille qui provoque son rire. Comment fait-elle pour ne pas voir qu’il joue la comédie ? Je suppose qu’elle préfère voir ce qui l’arrange à savoir que sa fille n’est plus célibataire.
Ma mère finit par quitter l’étage en sifflotant. J’expire un bon coup et masse mes tempes du bout des doigts. Mon cerveau rejoue les évènements de ces dernières minutes et tente de comprendre comment j’ai pu en arriver là. Je crains de ne pouvoir réussir à m’en dépêtrer. Une infime partie de moi envisage le pire. Il ne me reste plus qu’à pactiser avec le diable pour m’en sortir.
Je lève la tête en direction de Nathaniel qui n’a étrangement pas bougé. Il m’observe, silencieux. Je ne me sens pas à l’aise d’être seule avec lui. Non pas que je me méfie de lui, je trouve juste cela étrange et un peu intimidant.
— Votre mère est… Charmante.
— Pourquoi vous avez fait ça ?
Il passe une main dans sa chevelure noire, gêné.
— Elan de gentillesse je suppose… J’ai entendu votre mère déblatérer toutes ces choses. Vous aviez l’air paniquée alors j’ai pris peine…
— Vous n’avez pas de cœur vous ne pouvez pas prendre peine, fais-je remarquer.
— Touché. Bon courage pour vous en sortir samedi !
Je me détache du bureau et déboule vers lui. Hors de question qu’il me laisse tomber après s’en être mêlé sans rien que je lui demande. Mon comportement l’amuse. Une fossette creuse sa joue gauche. En règle générale, je trouve cette particularité physique sexy. Là, elle me donne envie de coller mon poing dans la figure de son propriétaire. Son odeur enivrante d’agrumes me frappe de plein fouet.
Il ne pouvait pas sentir mauvais !
— Non, non, non, vous allez venir avec moi ! Vous vous êtes engagé auprès de ma mère alors…
— Je ne vous dois rien, Miss McFayden, me coupe-t-il. J’ai eu pitié de vous, ça s’arrête là. Débrouillez-vous avec votre famille de dingos !
Il me tourne le dos et part. J’ai toujours su que cet homme était un enfoiré. Dès mon arrivée ici, je l’ai compris. Seulement là, ça dépasse l’entendement. M’aider pour ensuite m’abandonner comme une vulgaire chaussette, c’est cruel même venant de lui. Je hais ce type du plus profond de mon âme.
Me voilà de retour à la case départ. Sans mec. Sans solution. Désespérée.
16 commentaires
Rose Leucate
-
Il y a 10 mois
Brune_Mazard
-
Il y a 10 mois
Ska
-
Il y a un an
Eva Baldaras
-
Il y a un an
Lili Malone
-
Il y a un an
JULIA S. GRANT
-
Il y a un an
Emma_JamesS8
-
Il y a un an
meline g
-
Il y a un an
Emma_JamesS8
-
Il y a un an
Mllecycy
-
Il y a un an