clara15 DEADLINE Chap. 33

Chap. 33

35 JOURS

Mon coeur bat rapidement. Peut-être trop rapidement pour je fasse l'impasse. Mais je n'en ai pas le temps. Je dois d'abord suivre le rythme de Nathan, qui marche normalement mais qui avec ses grandes jambes, me force presque à trottiner pour ne pas le perdre de vue. Nous arrivons finalement devant la demeure des Banks sans avoir été retardés par quoi que ce soit. C'est un bon début.


Nathan se charge d'ouvrir la porte en la crochetant tandis que je suis supposée faire le guet. Mais à vingt-trois heures, seuls les fous oseraient sortir. Je nous compte dedans ; non seulement nous ne respectons pas le couvre-feu, mais en plus, on va commettre une effraction et un vol. Ça aurait pu me coûter douze ans, au total. Heureusement pour moi, ils n'auraient jamais pu m'enlever autant de temps puisque je ne le possède plus ! Je me demande combien de temps il reste au blond derrière moi. Un clic résonne.


— C'est bon, viens.


Je fais volte-face et entre d'abord avant que Nathan referme avec délicatesse la porte. Nous sommes dans une entrée magnifique, blanche, dorée et fleurie. Alors c'est à ça que ressemble la maison des riches. Ma maison est dix fois plus petite que celle-ci et pourtant, elle reste cent fois plus chaleureuse. Comme quoi, tout ne peut pas être acheté.


Nathan me donne un coup de coude et me sermonne du regard. J'y lis qu'il ne faut pas que je me disperse et que nous devons faire vite. Il porte sa main à son oreillette où j'entends des petits sifflements, signe que Jett lui parle. Le blond fonce directement vers les escaliers. Je le suis, à pas feutrés, sur ce carrelage glissant. Nous montons au premier étage qui donne accès à un couloir assez étroit mais long. Plusieurs portes se trouvent sur le côté droit et à gauche se dévoilent se grandes fenêtres, mais Nathan se dirige directement vers celle en face de nous, au fond.


Tandis qu'il entreprend de l'ouvrir en essayant de faire le moins de bruit possible, je me retourne pour regarder s'il y a du mouvement. Tout est calme et sombre, bien que le clair de lune qui illumine le couloir.


Nathan me tape sur l'épaule pour m'avertir que je peux entrer. Il referme rapidement derrière nous et souffle, maintenant que nous avons un peu de répit. Nous sommes enfin dans l'antre tant attendue : le bureau de Banks. Il est assez grand. Un bureau est installé au centre de la pièce et derrière se trouve une fenêtre. À gauche, on peut apercevoir une grande bibliothèque remplie et à droite, un meuble où trônent des cadres de sa famille. Je suis tout de suite renvoyée à la nuit où je me suis introduite dans le bureau de Banks au centre-ville. Cette expérience fut aussi stressante que celle actuelle.


— Je m'occupe du bureau, cherche dans le meuble, chuchote Nathan.


J'acquiesce et me dirige vers ce fameux meuble. Mon regard s'attarde sur les photos, où on peut voir Banks et sa femme le jour de leur mariage, où même lorsqu'il joue avec ses deux enfants, dans le jardin. Il paraissent heureux. Et j'en viens à me demander si sa femme sait ce qu'il prévoit de faire ou pire, si sa femme y consent.


Peu importe. Je ne suis pas là pour fonder des hypothèses qui ne nous mèneraient nulle part. J'entrouvre alors les deux portes qui grincent légèrement. Je ferme les yeux, me maudissant déjà de devoir faire du bruit, alors je tire rapidement pour que le son ne s'éternise pas. Je tombe sur plusieurs dossiers empilés, tous d'une épaisseur décourageante. Heureusement pour moi, Banks semble suffisamment pointilleux pour avoir tout étiqueté et rangé par ordre alphabétique. D'une certaine manière, il nous rend service.


C'est pour cette raison que je tiens dans mes mains le dossier correspondant en quelques secondes. Je le feuillette mais n'y trouve rien d'intéressant. J'y lis des données que nous connaissons déjà, ce qui m'irrite quelque peu. Nous n'avons pas encourus tous ces risques en venant jusqu'à nous introduire dans la demeure des Banks pour lire quelque chose que nous avons déjà lu.


Je me retourne vers mon coéquipier qui s'attèle à découvrir les informations dont nous avons besoin à l'intérieur de l'ordinateur de Banks. Ses sourcils sont légèrement froncés, sa mâchoire est contractée et sa respiration est lente et maîtrisée. Sa concentration me sidère ; je suis plus du genre à tout chercher en créant un désordre autour de moi, comme actuellement si on en croit tous les dossiers éparpillés par terre, tandis que Nathan semble être plus organisé.


S'apercevant que je l'observe depuis quelques secondes, ce qui est gênant, je dois l'admettre, le blond se retourne vers moi. Il m'interroge du regard, mais je secoue négativement la tête. Il me fait signe de le rejoindre. Je range d'abord les dossiers et referme le meuble qui grince de nouveau. Lorsque j'arrive à son niveau, je me penche au-dessus de son épaule pour lire ce qu'il a trouvé. Notre proximité me mettrait presque mal à l'aise mais je refoule cette idée. Ce n'est pas le moment.


— J'ai trouvé le dossier mais comme tu peux le voir, il y a beaucoup de fichiers, murmure-t-il en pointant l'écran.


Je soupire ; nous n'aurons jamais le temps de tout vérifier et même si avoir davantage d'informations est nécessaire, nous ne pourrons pas nous éterniser ici plus d'une heure.


— Mais, nous avons la chance d'avoir un expert en informatique à notre disposition.


J'avais oublié que Jett était, d'une certaine manière, avec nous.


— Je l'ai connecté à l'ordinateur grâce à ce dispositif, continue-t-il en pointant du doigt ce qui ressemble à une clef USB, il va faire le travail dès que le téléchargement sera effectué.


C'est surprenant tout ce que Jett peut faire. Il surveille les rues, la maison et pirate en même temps l'ordinateur ultra-protégé de Banks. Je sais, comme Nathan me l'a expliqué, que l'organisation dispose d'une équipe de génie de l'informatique ; ils ont découvert des secrets inavouables sur les plus grands et en ont dévoilé certains, comme celui du maire de la ville qui faisait du détournement de fonds. Malgré cela, il n'y a pas grand chose qui a bougé. Le maire se fera probablement réélire l'année prochaine et il ne s'en est tiré qu'avec un an de retrait. L'injustice à l'état pur.


Je parcours la pièce, puisque tout ce qu'il nous reste à faire c'est attendre. La bibliothèque est composée d'ouvrages tels que le nouveau code civil ou encore la nouvelle Constitution érigée dès la mise en pratique des lois de retrait et de la limite d'âge. Mes yeux parcourent chaque reliures dorées, une à une. Cet homme a tout le matériel d'un juge pourtant, il travaille en tant que surveillant des rues dans une entreprise privée. Ce métier n'est qu'une couverture puisqu'il travaille pour le projet Jouvence créé par le gouvernement.


Tandis que je m'approche de la fenêtre, j'entends une porte claquée puis la lumière s'allume dans le couloir, comme on peut l'apercevoir sous le pas de la porte. Durant un instant, je croise le regard de Nathan qui semble lui-même désemparé.


— On a un problème, Jett.

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