Fyctia
Chap. 32
35 JOURS
C'est la lumière du jour qui me réveille. Je tire pourtant les rideaux avant de m'endormir, puisque je sais que je me réveille toujours tard. J'ouvre un oeil et observe la grande baie vitrée qui donne une vue sur toute la ville. Mon coeur loupe un battement. En sursaut, je me redresse et tire les draps vers moi en scrutant les alentours. La chambre est assez spacieuse mais vide. Je suis assise sur un grand lit aux draps clairs. Il y a une armoire dans le fond de la pièce, mais sinon, rien d'autre. Les murs peints en blanc sont dépourvus de toute décoration. Cette chambre est très impersonnelle.
La porte s'ouvre et Nathan s'introduit dans la pièce, habillé d'un jean et d'un t-shirt simple.
— Bien dormi ?
Je grogne pour toute réponse et me frotte les yeux pour me réveiller davantage. Une bonne tasse de café ne serait pas de refus pour me donner un peu de contenance. Je remarque que je n'ai plus ma veste, mais que je suis toujours habillée de mon pantalon et de mon t-shirt. Je dégage alors la couverture qui me tient trop chaud. Le côté droit est encore bordé, signe que Nathan n'a pas dormi ici. Je me demande où il a donc passé la nuit. Sur le canapé, de toute évidence.
— Tu vas mieux depuis hier ?
Sa remarque me plonge rapidement dans le spectacle ridicule que je lui ai offert la veille. Honteuse, je plonge mon visage dans mes mains en soufflant rageusement. Qu'est-ce qui m'a pris de faire ça ? Je l'ai giflé et je l'ai aussi accusé de tous mes malheurs alors que dans l'histoire, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.
— Oh mon dieu... je suis vraiment désolée, Nathan. Je ne sais pas ce qui m'a pris.
— Tu étais bouleversée par ce qu'il s'est passé. Et puis c'était mérité. C'est de ma faute si tu en es là, aujourd'hui. C'est à moi de m'excuser.
Je secoue la tête en me pinçant les lèvres.
— Non. Si je dois m'en prendre à quelqu'un, c'est à moi et uniquement à moi. J'ai demandé à ce que tu m'intègres à l'organisation. J'ai été fouiller dans les locaux et... bref. C'était complètement puéril et idiot de venir rejeter la faute sur toi.
Il lève les yeux au ciel, sachant que je n'en démordrais pas. Mais je lis dans son regard qu'il reste lui aussi camper sur son point de vue. Autant changer de sujet sinon nous allons y passer la journée.
— Bon, peut-être que la gifle était de trop, admet-il.
J'éclate de rire et il m'accompagne. J'aime beaucoup la compagnie de Nathan ; il est simple et ne se prend pas trop la tête. Quand nous discutons, sauf hier peut-être, c'est tellement léger. Je me sens bien avec lui. Lorsque nous nous arrêtons de rire, je vois son regard dévié de mes yeux à mes lèvres, avant qu'il ne le détourne, gêné. Je le suis à mon tour et je sens le rouge me monter aux joues.
— Sinon, j'étais passé pour t'annoncer qu'on va rendre visite à Banks. Tu es prête ?
— Je croyais que nous devions y aller demain.
— Avec les récents évènements, j'ai décidé d'avancer l'opération.
Je hausse un sourcil.
— N'est-ce pas toi qui disais qu'agir dans la précipitation n'amène que des problèmes.
Il ne me répond pas et se dirige vers la porte. Avant de quitter la pièce, il me fait un clin d'oeil et je sens à nouveau mes joues chauffer. Depuis quand suis-je autant réceptive à ces gestes-là ?
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Nous avons passé la journée à peaufiner notre intervention qui se déroulera dans l'un des quartiers les plus sécurisés de la ville. Ici, chaque habitants installent des caméras de sécurité à l'intérieur mais aussi à l'extérieur de leur résidence en plus de celles posées par la mairie dans toute ville, pour nous surveiller. De plus, la proximité avec les quartiers les plus dangereux de la ville ont renforcé cette idée de mettre tout un tas de caméras dans les rues. Assez effrayant, quand on y pense.
Mais c'est aussi utile. Jett, avec qui Nathan discutait il n'y a pas plus d'une minute, aura les yeux rivés sur chaque angles et pourra nous avertir si quelque chose tourne mal. Il a aussi réussi à figer les images pour que lorsque nous arrivions dans cette partie de la ville, personne ne s'étonne que deux individus s'introduisent chez un membre de leur communauté, en pleine nuit. Ainsi, on croira être invisible sur ces images. À l'intérieur de la maison, Jett nous guidera pour qu'on aille droit au but et qu'on évite au maximum de réveiller la famille Banks. Heureusement pour nous, aux dernières nouvelles, ils dorment déjà.
Max a tenté de me joindre mais je n'ai pas décroché. Encore une fois, je lui fais faux-bond et je ne m'en sens que plus honteuse. Il a toujours été là pour moi, connaissant depuis le départ ma situation. Ce n'est pas juste ce que je fais et je m'en veux.
— Tu es prête ? me demande Nathan en vérifiant si son arme est bien chargée.
J'ai des sueurs froides rien qu'à l'idée de ce qu'il pourrait en faire. Mais il m'a promis qu'il ne s'en servirait qu'en cas de force majeure et je le crois.
— Tu sais, reprend-il, je peux le faire seul si...
— Non, tranché-je sans le laisser finir, je suis prête.
Il me jette un coup d'oeil pour s'assurer de la véracité de mes propos mais finit par acquiescer, face à mon regard plus que déterminé. Je sais que ça peut paraître comme une vengeance personnelle, mais je veux tout d'abord anéantir Banks pour ce qu'il s'apprête à faire. Je dois quand même admettre que je veux aussi le faire payer pour avoir entraîné Cassandre avec lui, puisque je sais qu'il en est à l'origine. Enfin, il doit pâtir du retrait qu'il m'a octroyé. Donc oui, c'est une vengeance personnelle mais pas que.
— Répète-moi le plan.
— On entre, on se dirige directement vers le bureau de Banks et on cherche tout ce qui peut nous être utile. Ensuite, on repart aussi discrètement que nous sommes venus.
Ce plan simple peut s'avérer très dangereux.
— Et s'il y a le moindre problème ?
— On s'en va sans faire d'histoire. On ne joue pas aux héros et même si nous n'avons pas tout fouillé, on part.
— Il ne faut pas se mettre inutilement en danger, souligne Nathan en plongeant son regard dans le mien. Et si l'un de nous se fait attraper ?
Cette partie du plan, je la trouve totalement stupide. C'est pour cette raison que je lève les yeux au ciel. Nathan relance la question et je réponds d'une voix lasse :
— Si je me fais prendre, j'attends que tu arrives. J'essaye de faire le moins de bruit possible. Si tu te fais prendre, je cours jusqu'à la voiture et appelle Jett. Je reste dans la voiture et j'attends.
— Respecte ce plan à la lettre.
Je me mords l'intérieur de la joue. S'il croit que je vais respecter la partie où je m'enfuie comme une lâche, il se trompe. Mais j'espère ne pas avoir à le faire. Si cela devait arriver, je l'aiderais. Il a plusieurs fois exprimé que nous étions une équipe et les membres d'une équipe ne s'abandonnent pas à la première difficulté.
— Très bien. On y va.
Je visse la casquette sur mon crâne et inspire. C'est maintenant ou jamais.
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