clara15 DEADLINE Chap. 28

Chap. 28

37 JOURS

La chaleur est étouffante et la musique poussée à son apogée me donne un mal de tête incroyable. Il y a beaucoup de monde aujourd'hui et Max est débordé ; il court dans tous les sens pour préparer les danseuses et pour répondre au téléphone avec le livreur d'alcool qui ne s'est pas présenté aujourd'hui. De ce fait, les barmans ont dû réduire les quantités servies.


Mon tour n'arrivera que d'ici vingt minutes, une fois que la fille qui est montée sur scène aura fini de se déhancher. Je reste là à la regarder, comme je le fais quand j'ai du temps devant moi. À mes débuts, quand je n'étais pas trop confiante avec ce que je faisais ici, je passais mon temps à les observer pour m'inspirer de ce que je pouvais faire. Aujourd'hui, je n'ai pas perdu l'habitude de le faire, même si je sais quels mouvements je dois entreprendre.


Mon attention dérive vers le public. Il est généralement composé d'hommes, même si ce n'est pas rare que des femmes s'aventurent au club. Sur la droite par exemple, se trouve un groupe de sept femmes. Elles sont toutes habillées de manière extravagante et celle du milieu a un diadème sur la tête ainsi qu'une couronne de fleurs tout droit sortie des plages hawaïennes. Il doit sans doute s'agir d'un enterrement de vie de jeune fille, ce qui n'est pas rare, autant pour les hommes que pour les femmes.


— C'est à toi dans cinq minutes, m'informe Max.


Puisque je suis déjà habillée et prête à danser, je continue de jeter un coup d'oeil aux personnes qui se sont déplacées aujourd'hui. Au fond de la salle, je peux apercevoir un habitué. Il vient souvent ici, même lorsque les inspections effrayaient les plus téméraires. Il arbore un air glacial avec sa bière à la main et sa casquette vissée sur son crâne.


Plus près, on peut voir trois hommes tout juste majeurs au premier rang. Ils semblent être éberlués par le spectacle offert, et ne peuvent décrocher leur regard de la danseuse. Je serais prête à parier que c'est la première fois qu'ils viennent ici.


Et puis, mon regard tombe sur une personne près du bar. Elle est mal à l'aise, tenant un verre qui ne quitte pas le bord de ses lèvres. Son regard fuyant et sa manie de bouger dans tous les sens m'indiquent qu'elle ne se sent pas à sa place. Pourtant, à un moment, elle fixe intensément la danseuse avec une lueur que je ne connais que trop bien. La plupart des clients l'ont quand ils voient une danseuse en petite tenue ; celle du désir.


— Baby ! C'est à ton tour.


Je suis comme scotchée au sol ; je n'aurais jamais cru voir cette personne ici. Je n'aurais jamais cru qu'elle viendrait dans un endroit aussi sombre. Je suis quelque peu déconcertée.


— Bee ! crie Max dans mon oreille, suffisamment près pour que personne n'entende. Qu'est-ce que tu attends ? Va te placer derrière le rideau !


Je ne bouge pas et continue de scruter la personne. Elle commande un nouveau verre et le vide presque d'une seule gorgée. Je peux d'ores et déjà dire qu'elle essaye de se détendre malgré tout. Je ne comprends juste pas ce qu'elle vient faire ici.


— Tu m'écoutes ?


— Je ne peux pas danser, lui dis-je.


J'ose enfin quitter la personne des yeux pour parler à Max. Il fronce les sourcils, ne saisissant pas mes motivations.


— Quoi ? Tu es déjà habillée et je ne peux pas te faire remplacer en une minute !


— Je ne peux pas danser, ce soir.


Il semble désespéré par ce que je lui annonce.


— Pourquoi ?


— Parce que je ne me sens pas à l'aise de danser devant ma soeur.


Il tourne vivement la tête en direction de la salle, et se met à la chercher du regard. Cassandre replace une mèche derrière son oreille et s'avance timidement vers la scène. Elle s'assoit à un table et reste droite comme un piquet.


— Je suis désolée, Max.


Je ne me sens pas d'attaque à danser devant ma soeur qui cherche clairement à faire plaisir à ses yeux ; ça serait malsain. Sans un mot de plus, je tourne les talons et me dirige vers ma loge. Ce soir, je ne pourrais pas assurer le show. J'espère que Max sera suffisamment compréhensif.


Ces derniers temps, je ne comprends pas ce qui arrive à ma soeur. Déjà, elle s'enrôle dans un projet monstrueux qui vise à anéantir une certaine catégorie de la population, elle justifie sans peine le système de retrait, et maintenant elle se rend dans un club de strip-tease féminin alors qu'elle a toujours dénigré les publicités de lingerie que l'on peut voir dans les rues, sous prétexte que ça serait une atteinte à la pudeur des femmes. Je dois admettre qu'être une strip-teaseuse qui finit parfois presque entièrement nue n'aide pas à combattre l'atteinte à la pudeur.


Quand j'entre dans la loge, je sursaute vivement en découvrant quelqu'un assis près de la table. Je lève les yeux au ciel.


— J'ai comme un air de déjà vu.


— Je dois admettre que ça ressemble fortement à notre première rencontre.


Nathan se lève et s'approche de moi. Le temps d'une seconde, il analyse ma robe très courte, mais il se concentre à nouveau sur mes yeux. Je retire ma perruque qui dévoile mes cheveux bruns abîmés et négligemment attachés en chignon.


— La facilité dont tu fais preuve pour t'introduire ici me surprend.


Il hausse les épaules mais ne répond pas. Il m'observe me démaquiller sans un mot.


— Ma soeur est ici, soufflé-je.


Je ne sais pas comment réagir. D'un côté, j'aimerais aller la voir et lui demander ce qu'elle fait ici. J'aimerais pouvoir lui balancer tout ce que je sais à propos d'elle, et avoir enfin des explications. J'aimerais comprendre comment elle a pu autant changer sans que je ne m'en rende compte. Mais je ne peux pas. Si je le faisais, l'organisation serait mise en danger et je ne peux pas le permettre. Et puis, si j'allais la voir, elle saurait que je travaille ici. Il faut donc que je prenne mon mal en patience. Un jour, nous nous confronterons.


— Je sais, dit-il simplement, deux de mes hommes sont ici pour la surveiller.


— Et que fais-tu ici ?


Ma peau peut enfin respirer, sans cette couche de fond de teint. Je me lève et me dirige vers le paravent au fond de la pièce. J'entreprends de retirer la robe qui compresse mon corps et enfile mes véritables vêtements, c'est-à-dire un jean et un autre sweat trois fois trop grand.


— Je devais te donner les informations pour notre mission d'espionnage.


J'avais presque oublié.


— Elle aura lieu dans trois jours. Nous irons rendre une petite visite à Banks directement chez lui.


Je passe devant le paravent pour le scruter d'un oeil amusé.


— Et pour cela, tu avais besoin de venir jusqu'ici ? Je réitère ce que je t'ai dis plus tôt, tu pouvais m'envoyer un message.


Il se mord la lèvre, gêné.


— Je voulais aussi te voir.


Sa confession me désarçonne quelques secondes.


— Pour que tout soit clair à propos de la mission, s'empresse-t-il d'ajouter.


Cela m'éclaire sur mes supposés doutes. Je lui souris en ayant toutefois un pincement au coeur. Peut-être que j'avais espéré qu'il veuille me voir pour une autre motivation que celle des intérêts de l'organisation.


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5 commentaires

Camille Jobert

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Il y a 6 ans

Oh Nathan t'es trop chou et la sœurette qu'est-ce qu'elle fout ici ? C'est louche !

clara15

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Il y a 6 ans

En effet... :)

Clair d'eau

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Il y a 6 ans

Coup de pouce :)

Sand Canavaggia

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Il y a 6 ans

Oh là ! Cassandre est dans la pièce, elle a pris cet endroit pour se détendre et elle ne sait pas… Encore un chapitre qui nous ajoute en stress. Mais du coup pourquoi est-elle là ? Pourquoi s'échapper dans ce lieu ? Tu l'as mis intentionnellement donc j'attends le prochain rebondissement ;)

clara15

-

Il y a 6 ans

Eh oui, plusieurs raisons peuvent mener Cassandre à se rendre dans un endroit comme le club, maintenant, il ne reste plus qu'à savoir pourquoi... :)
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