clara15 DEADLINE Chap. 23

Chap. 23

40 JOURS

La première résolution que je prendrais lors du jour de l'An, c'est d'arrêter d'avoir à faire des rencontres nocturnes dans le centre ville. Ça n'attire que du stress et des ennuis. Je suis là à inspecter les rues pourtant vides toutes les dix secondes, à peine cachée derrière un food-truck. En réalité, je suis largement visible. Mais c'est l'endroit où monsieur Dane et moi avions rendez-vous il y a vingt minutes. Je ne sais pas où il est, mais son retard m'irrite au plus haut point.


Dix minutes plus tard, alors que j'allais rentrer chez moi, une berline se gare en face de moi et me fait des appels de phare. Les mâchoires contractées, je me dirige vers elle. Sérieusement, je viens d'attendre une demi heure dans la crainte de me faire avoir et il débarque en voiture alors que le couvre-feu est en vigueur depuis presque une heure. Il veut qu'on se fasse arrêter, je ne vois pas d'autre solution.


La porte arrière s'ouvre et j'entre directement, sans me poser de question. La voiture redémarre aussitôt. À ma gauche se trouve un homme, assez petit et trapu. Il a une calvitie omniprésente et des lunettes carrées remontées aussi haut que possible. En dessous de son manteau, se trouve un costume bon marché tâché de ce qui ressemble à de la moutarde.


— Monsieur Dane ?


Quand il me faisait chanter sur la date limite pour ce rendez-vous, je m'attendais à un homme de la même prestance que Banks. Sauf que je tombe sur un homme assez sale et qui ne semble pas savoir se défendre. Comme quoi le charisme à une certaine importance en affaire. Cette entrevue devrait être rapide.


— Vous avez l'argent ? demande-t-il sans préambule, d'une voix fluette.


Nous n'avons échangé que par messages. Peut-être que si nous nous étions parlés de vive-voix, j'aurais pu négocier. J'avais en tête l'image d'un homme puissant, pas d'un cinquantenaire qui ne touche même pas le sol de la voiture ! Mais bon, il ne faut pas juger un livre à sa couverture.


— Passez-moi l'argent et je ferais ce que nous avons convenu. Mon chauffeur vous descendra au bout de la rue.


J'éclate de rire. Il est drôle, lui.


— Non, ça ne marche pas comme ça. D'abord, je veux que vous fassiez ce pourquoi je vais vous payer. Ajoutez du temps à mon père, et vous aurez les soixante-dix milles dollars.


Il écarquille les yeux et se met à respirer bruyamment. Pensait-il vraiment que j'allais lui donner soixante-dix milles dollars aussi facilement, sans m'interroger s'il pourrait me voler sans que je n'ai de moyens de récupérer cet argent ? Si c'est le cas, il est incroyablement naïf.


— Je n'ai pas le matériel nécessaire pour faire ce que vous me demandez dans ce véhicule ! Je ne peux le faire que depuis mon poste de travail.


J'expire bruyamment en me massant les tempes. Avec un homme comme lui, on ne peut pas aller très loin en affaire. Je ne lui donnerais pas l'argent sans rien en partie, c'est non négociable. Mais ai-je un autre choix ? Soixante-dix milles dollars ce n'est pas rien ! Je ne peux pas simplement prier pour que tout se déroule bien. Ce n'est pas une option.


— Donnez-moi l'argent, je suis un homme de confiance.


— La confiance s'acquiert et je ne vous connais pas, rétorqué-je avec virulence. Non. C'est hors de question, je ne vous donnerais pas l'argent si vous ne pouvez rien faire ici et maintenant.


— Vous seriez prête à laisser mourir votre père ? s'offusque-t-il.


Il veut jouer la carte des sentiments en me faisant culpabiliser. Je ne suis pas suffisamment dupe pour me faire avoir ; il souhaite autant obtenir cet argent que moi la mise à jour de la puce de mon père. Nous n'allons pas négocier longtemps.


— Non, je n'irais pas jusque-là, monsieur Dane. Voyez-vous, je suis sûre que nous allons tomber sur un accord assez rapidement.


Le petit homme balbutie des propos inintelligibles en regardant tout autour de lui. Il cherche un échappatoire à la solution, car son plan de départ a été contrarié. Je ne pense pas qu'il avait songé que je puisse lui résister à ce point-là. Je dois admettre que j'étais plutôt désespérée lors de notre premier échange.


Soudain, sans que je ne m'y attende, il se jette sur le sac et me l'arrache des bras. J'ai juste le temps de le retenir. Nous nous battons tout les deux tandis que le chauffeur nous lance des coups d'oeil outrés. Je n'avais pas fait attention à lui.


— Donnez-le-moi !


Je tire d'un coup sec et réussis à récupérer l'argent, avec un certain soulagement. J'ai trop baissé ma garde et j'ai failli perdre la seule monnaie d'échange que je détiens.


— Vous êtes vraiment désespéré, remarqué-je, laissez-moi devinez... vous avez des dettes ?


— Peu importe ! rétorque-t-il, bourru. Nous avions un accord !


— Respectez-le, dans ce cas.


Il souffle bruyamment et croise les bras sur son ventre, comme un enfant capricieux. Nous explorons chacun une issue qui pourrait nous convenir autant à l'un qu'à l'autre.


— Il y a soixante-dix milles dollars dans ce sac. Je vous donne trente-cinq milles et je garde l'autre moitié, proposé-je.


C'est la solution qui me semble la plus juste l'un pour l'autre, même si je risque encore gros là-dessus. Avec un peu de chance, il sera suffisamment avare pour vouloir récupérer le reste de l'argent.


— N'avez-vous donc pas honte ? s'exclame-t-il. Vous marchandez pour la vie de votre père ! Vous négociez pour un honnête homme ! Il n'y a pas lieu d'argumenter.


— Ah oui ? Monsieur Dane, je vous rappelle que vous êtes supposé être un ami de mon père. Déjà, vous me faîtes payer un prix exorbitant pour la vie de votre ami. Ensuite, vous osez encore rechigner pour le sauver.


Son visage perd des couleurs. Je sais jouer à ce jeu, moi aussi. Il déglutit difficilement mais termine par hocher la tête avec rancoeur.


Je me félicite d'avoir regrouper au fur et à mesure les billets par tranche de mille dollars, la plupart étant des coupures de vingt dollars. Après lui avoir donner les trente-cinq liasses, nous nous regardons sans un mot de plus.


— Sommes-nous d'accord, maintenant ?


Je préfère m'en assurer avant de devoir partir. Avec exaspération, il me répond affirmativement.


— Très bien. Dans ce cas, nous nous fixerons un prochain rendez-vous où vous aurez le matériel nécessaire et moi l'argent.


— Ce ne sera pas avant la semaine prochaine.


Son ton méprisant ne me plaît pas, mais je me rappelle qu'il n'est que de passage et que dès l'instant où nous aurons définitivement finit la transaction, je pourrais oublier cet affreux personnage. Même s'il me rend un fier service, en échange d'argent, certes.


— Bien.


— Bien, répète-t-il.


La voiture ralentit progressivement, jusqu'à s'arrêter devant un centre commercial, à l'autre bout de la ville. Il va me falloir une heure pour rentrer chez moi mais ça, monsieur Dane ne s'en préoccupe pas, dès l'instant qu'il a son argent. J'espère juste ne pas être contrôlée surtout avec l'argent sur moi. Je sors rapidement et le véhicule redémarre au quart de tour.


Insatisfaite de notre rencontre nocturne, je commence à marcher.

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6 commentaires

Gabriele VICTOIRE

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Il y a 6 ans

encore un empêchement, ce qui est sûr c'est qu'elle reste déterminée ! le fait qu'il n'avait pas prévu de pouvoir le faire aussitôt me laisse perplexe...voulait-il tout lui voler depuis le départ ? à sa place je n'aurais pas lâché un seul billet...trop risqué.

Sand Canavaggia

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Il y a 6 ans

La rencontre tourne au vinaigre et elle doit négocier, encore un rebondissement qui met un coup dans le sable et une foule d'hypothèses arrive...Il va se barrer et la laisser choir sans aide, et là je me dis non non, donc il va revenir et il va se passer autre chose, il va être coincé pour ses manigances et elle va rester avec un manque du matériel nécessaire ou tout ira et c'est elle qui se fera coincer...etc...Tout est tellement possible que la patience de l'autre chapitre est mise à rude épreuve. Merci car c'est toujours un grand plaisir de te suivre. Bonne soirée.

Plume Jamais

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Il y a 6 ans

que je prendrais (futur : prendrai) ; une demi-heure ; en affaires ; l'argent et je ferai ;soixante-dix mille (jamais de S à mille, sauf pour les milles nautiques) ; Je ne lui donnerai ;sans rien en partie (en contrepartie) ; je ne vous donnerai ; Non, je n'irai ; une échappatoire ; tous les deux ; laissez-moi deviner ;vous me faites ; nous aurons définitivement fini ;je pourrai oublier ; Et voilà. Il faut que tu fasses attention à bien mettre le futur et non le conditionnel à la première personne du singulier = rai.

Spreutel

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Il y a 6 ans

+2 mise à jour !

Alowin

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Il y a 6 ans

Finiiii ! J'attends la suite avec impatience ! Ton histoire est géniale, et je doute sur tous les personnages que Phoebe croise ! Je ne suis pas sûre que le dernier point soit un bon point, mais bon ! J'espère que les autres lecteurs vont vite arriver, voter et partager !

clara15

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Il y a 6 ans

Merci beaucoup pour ton commentaire, je suis contente que mon histoire te plaise :)
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