Fyctia
Chap. 19
43 JOURS
Les bugs d'il y a vingt ans ont créés la plus grande crise depuis l'instauration de ce système. Les puces de plus d'un millier de personnes se sont déclenchées, sans aucune raison, les tuant instantanément alors qu'elles avaient encore des décennies à vivre. Le gouvernement a rapidement réglé le problème, même si cela a laissé des séquelles sur ceux qui sont restés, comme Nathan. Je comprends maintenant pourquoi il s'attache autant à l'organisation, malgré la vie prometteuse qui menace de lui tourner le dos s'il se fait avoir, d'une quelconque manière. Sans compter les valeurs à défendre, il doit venger ses parents qui ont été victimes d'un système douteux.
— Je ne pense pas que ce soit vraiment un bug, mais ma théorie est à approfondir.
J'aimerais lui poser davantage de questions, pour qu'il m'explique sa fameuse théorie, cependant, Nathan reprend sans que je n'aie eu le temps :
— L'organisation existe depuis une trentaine d'années. On essaye de chercher un moyen de renverser le gouvernement et de révoquer définitivement le système de retrait et la limite des soixante ans.
— Donc, si je te suis bien, vous essayez depuis trente ans et vous n'avez jamais réussi ?
Je le prends de court. Pendant un certain lapse de temps, il ne sait pas quoi répondre. Je dois admettre être assez dubitative. La crédibilité de cette organisation fléchit dans mon esprit.
— Nous n'avons pas eu de grands succès à notre actif, conçoit-il, mais nous préparons cette victoire pour que le jours où nous frapperons, le gouvernement ne s'en relève jamais. Nous approchons du but, je le sais et je suis persuadé que c'est le projet qui va nous mener vers l'abolition de toutes ces règles inéquitables.
Je l'écoute avec attention m'expliquer comment fonctionne leur organisation, mais je perds rapidement le fil. Nathan me raconte tout comme si j'étais déjà une des leurs, alors que je ne compte pas en faire partie. Je pourrais le trahir en allant crier sur les toits leurs agissements, mais visiblement, il me fait confiance. Peut-être un peu trop rapidement, à mon goût, mais je ne vais pas m'en plaindre.
Il est différent de notre première rencontre. Au club, il était froid et arrogant. Aujourd'hui, il se montre ouvert. Mon côté méfiant me dit que ça cache quelque chose de louche.
— Et donc l'organisation n'a pas de nom ?
Nathan hausse les épaules.
— Non.
— Il serait peut-être temps de lui en donner un, ne penses-tu pas ?
Un sourire éclaire son visage et je me demande bien ce qu'il pense, cependant, je n'ose pas lui poser la question. Je détourne alors le regard pour observer le tableau. Ce n'est pas comme s'il y avait beaucoup de décoration ici qui pourrait m'aider à m'extirper de cette situation gênante.
— Je reviens, ne bouge pas.
Avant que je n'aie eu le temps de dire quoi que ce soit, il quitte le salon pour s'infiltrer dans le couloir. J'attends quelques temps, jusqu'à ce qu'il revienne avec un sac en papier, qu'il me tend. Entre temps, il a retiré sa veste de costume et a déboutonné sa chemise. Sceptique, je l'attrape et jette un coup d'oeil dedans. Mes sourcils se haussent sous la surprise, même si je ne devrais pas l'être.
— Un deal est un deal. Il y a trois milles dollars en coupure de vingt. Je me suis dis que ça serait plus facile à utiliser.
— Oui, euh... merci ?
Mes yeux virent vers le dossier toujours posé sur le canapé. Il ne contient pas grand chose mais Nathan est prêt à me donner trois milles dollars pour de maigres informations. J'aurais presque l'impression de le voler. Alors je lui donne le dossier en contrepartie. Nathan s'empresse de l'ouvrir pour le feuilleter.
— Je suis désolée, je n'ai rien trouvé de plus intéressant que ça.
— C'est largement suffisant, dit-il en regardant la liste des personnes impliquées, on va pouvoir élargir notre champs d'action en nous concentrant sur chaque individus.
Il épluche chaque feuille une par une, lisant avec attention chaque phrase. Il est tellement concentré qu'il en oublie presque ma présence.
— Je n'aurais qu'une demande, lâché-je.
Il relève enfin la tête et plonge son regard céruléen dans le mien.
— Ceci est le nom de ma soeur, continué-je en pointant sur la liste, et je veux savoir comment elle a fait pour être impliquée dans cette histoire.
Nathan acquiesce en refermant le dossier, qu'il repose à côté de lui.
— Je comprends. Tu sais, ça ne me dérange pas de te tenir au courant de l'évolution de notre enquête à propos du projet de Jouvence. Et puis, on pourrait...
— Non, tu m'as mal comprise. Pour être tout à fait honnête, je ne veux plus rien avoir à faire avec toi et cette organisation.
Le choix de mes mots n'est pas le plus judicieux, mais je m'en rends compte que trop tard. Cela ne m'empêche pas de poursuivre :
— Ce n'est peut-être pas de votre faute, mais j'ai suffisamment de problèmes de mon côté.
— Non, je comprends.
— Ce que je veux dire, c'est que si jamais tu trouves, d'une quelconque manière comment ma soeur s'est fourrée dans cette histoire, j'aimerais que tu m'en informes. De ce que j'ai entendu, vous êtes prêts à abattre toutes les personnes sur votre chemin et je ne veux pas que ma soeur soit un dommage collatéral. Si je peux empêcher qu'elle soit mêlée à cette affaire, je le ferais.
Sans un mot, le blond hoche la tête. D'un côté, j'aimerais faire partie de leur organisation ; ça m'aiderait à comprendre à quel point notre monde est devenu désordonné. Je ne doute pas que je pourrais y trouver une place parce que de tout ce qui s'est passé, je les ai beaucoup aidés. Mais je sais que j'ai suffisamment à gérer. J'ai prévu d'aller rendre une petite visite à monsieur Dane d'ici quelques jours et maintenant que j'ai l'argent, je peux enfin régler ce problème.
Ce n'est pas parce que je sors d'un problème qu'il faut que je saute dans un autre pour occuper mes journées. Comme le disait ma mère, rien ne vaut mieux que vivre une vie paisible à l'écart des complications. On dirait pourtant que je suis douée pour m'y jeter.
— Je devrais y aller.
Je saute sur mes pieds et me dirige vers la porte d'entrée, suivie de près par Nathan. Il m'ouvre la porte et je sors enfin, le sac en papier au bout des doigts. Je ne suis pas sûre que se trimbaler en pleines rues avec trois milles dollars soit une bonne idée, mais je vais faire avec.
— Encore merci pour... l'argent.
Un goût acre se diffuse dans ma bouche. Le goût de l'inachevé. Il manque quelque chose, je le sens, mais je ne saurais dire quoi.
— Merci à toi pour les informations.
Je lui fais un sourire contrit et tourne les talons. Mais avant que je n'ai atteint les ascenseurs, Nathan crie :
— Je ne sais même pas comment tu t'appelles !
— Phoebe.
Nous ne nous quittons pas des yeux pendant quelques secondes.
— Heureux de te rencontrer, Phoebe.
Je me précipite dans l'ascenseur et attends que les portes se renferment. Quand c'est enfin le cas, je souffle bruyamment. Je suis libérée d'un poids, mais pourquoi ai-je la sensation que ce n'est pas le cas ?
10 commentaires
Gabriele VICTOIRE
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Il y a 6 ans
clara15
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Il y a 6 ans
Gaïane MILLER
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Lili CL MARGUERITE
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Arielle Rock
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Il y a 6 ans