Fyctia
Chap. 18
43 JOURS
Nous nous toisons quelque temps, attendant de voir qui sera le premier à lâcher l'affaire. Je n'en démords pas. Je ne compte pas lui donner ces informations aussi facilement sans connaître ses motivations. Il finit par soupirer et me dépasser pour ouvrir la porte de son appartement. Nathan me fait ensuite signe d'entrer, alors je m'exécute, sur le qui-vive, prête à réagir au moindre geste suspect. Je préfère me préparer à toute éventualité.
L'entrée débouche sur un immense salon clair. Sur ma droite se trouve une cuisine assez simpliste ainsi qu'un escalier en colimaçon. Sur ma gauche se prolonge un couloir qui mène vers des pièces inconnus. Dans l'ensemble, l'appartement est assez vide. Le salon est uniquement composé de deux canapés et d'un tableau d'art abstrait gigantesque. Il est magnifique. Nathan me pousse pour que je m'assois sur l'un des sofas et il prend alors la place en face de moi.
— Je dois admettre que je ne m'attendais pas à tomber sur une personne comme toi.
— Oui, je suis très différente quand je ne suis pas en tenue de scène. Mais si tu le veux bien, j'aimerais que l'on passe à autre chose. Je ne suis pas venue pour qu'on parle de moi.
— Très bien. Pourquoi es-tu là ? De toute évidence, pour me donner les informations. Mais qu'est-ce qui t'en empêche ?
Son visage ne trahit aucune émotion. Il est stoïque et attend patiemment que je me décide à parler. Je ne sais pas si je peux lui faire confiance. De nos jours, la notion de confiance s'évanouit considérablement. Tout le monde épie tout le monde.
— J'ai été cherchée ces informations. Hier.
Son corps se tend, presque imperceptiblement, alors je continue :
— Et j'ai surpris une conversation qui m'a mené au vingtième étage.
— Je vois. Tu m'as vu en présence de Banks et donc tu te demandes dans quel camp je suis, si je suis une personne fiable ?
Sa déduction me déconcerte plus que je n'ose l'admettre. Je reste silencieuse, alors il repend :
— C'est de ma faute. Je t'ai embarqué dans cette histoire sans te donner de renseignements qui auraient pu t'aider. Tu ne connais rien de ce que nous faisons et encore moins de la façon dont on le fait.
Je l'observe attentivement se lever et faire quelque pas vers la baie vitrée en face de moi. Son costume noir est parfaitement ajusté à son corps mais ses cheveux sont complètement ébouriffés.
— Je vais t'expliquer quel est mon rôle dans l'organisation.
Il revient s'asseoir en face de moi.
— Je travaille en effet dans cette entreprise. Elle est financée par le gouvernement, mais elle reste très discrète. Personne n'en parle, personne ne s'y intéresse. Et si nous ne sommes pas de l'intérieur, on ne peut pas savoir ce qui s'y trafique. L'organisation l'a toujours suspectée de mener des projets illégaux, malgré ses liens avec le gouvernement. Alors, il y a un peu plus de deux ans, on m'y a envoyé pour que je sois les yeux et les oreilles de l'organisation. Aujourd'hui, je travaille là-bas en tant que superviseur...
Tandis qu'il continue d'expliquer son rôle dans le sein de l'entreprise où il travaille, je l'observe. Il n'hésite pas un seul instant et me fixe droit dans les yeux. S'il mentait, je pense qu'il bégayerait et aurait le regard fuyant. Il pourrait aussi s'être entraîné, mais je veux lui laisser le bénéfice du doute. De ce que j'entends, ça paraît cohérent. C'est vrai que personne ne parle jamais de ce qui s'y passe, tout simplement parce que personne ne sait ce qui s'y passe.
— Je dois vérifier que mes employés font bien leur boulot. Et dans ma section, ils surveillent les rues grâce aux caméras.
— Je croyais qu'il n'y avait que les forces de l'ordre qui y avait accès, rétorqué-je.
— En théorie, oui. Mais en réalité, le gouvernement nous y a donné accès pour qu'on mène un projet à bien.
— Le projet Jouvence...
Il acquiesce du menton. Mais je ne comprends pas pourquoi il m'a demandé d'enquêter sur ce projet s'il le connaissait déjà. Avant que je n'ai eu le temps de lui poser la question, il poursuit :
— Depuis que je suis entré dans cette entreprise, il y a deux ans, je savais que quelque chose se tramait sans vraiment mettre le doigt dessus. J'enquête depuis deux longues années et ce n'est qu'en récupérant le téléphone que j'ai enfin mis un nom sur ce projet. Tu as résolu deux années de recherche en une seule après-midi ! rit-il. Mais nous n'avons pu en tirer qu'un nom puisque le reste était crypté.
Oui, enfin si j'avais pu ne jamais croiser la route de Banks, je ne me serais pas gênée ! Avec tous les problèmes que ça m'a ajouté, j'aurais vraiment préféré changer de trajectoire.
— Banks ne me porte déjà pas dans son coeur et je sais que c'est lui qui mène ce projet depuis au moins cinq ans. Malheureusement, si je ne veux pas perdre ma place, je devais absolument faire profile bas. C'est pourquoi je t'ai envoyé faire des recherches. Et j'ai vraiment besoin que tu me donnes ce que tu as trouvé.
En d'autres mots, il a préféré me sacrifier. Mais je pense pouvoir lui faire confiance et lui donner ses informations.
— J'ai du mal à comprendre comment tu peux continuer de vivre ici, dans un semblant de palace, alors que ceux qui font partis de l'organisation vivent dans la misère.
Ici, je fais référence à Martha qui, malgré son joli appartement, vit dans un immeuble et dans un quartier qui ne m'inspirent pas confiance.
— Crois-moi, je suis né dans le plus pauvre quartier de la ville. Mais on m'a élevé dans l'optique que je dirige un jours l'organisation. Sauf que, pour ne pas attirer l'attention sur l'organisation, je devais me fondre dans la société. Et à ce même moment, les anciens dirigeants voulaient envoyer quelqu'un dans l'entreprise. Je me suis porté volontaire. Maintenant, je dois maintenir l'illusion que je fais parti des riches, en vivant dans le quartier le plus cher de la ville. Sache que tout mon argent revient quand même en partie à l'organisation.
Il mène donc une double vie, balançant entre son métier et sa vocation à diriger l'organisation. Il doit vivre dans la crainte de se faire démasquer un jour et de tout perdre. Ça doit être stressant.
— Il y a un point que je n'arrive pas à saisir. Aujourd'hui, tu as tout pour toi. Pourquoi t'embarrasses-tu alors que tu pourrais vivre dans l'opulence ? Regarde où tu vis !
Je ne dis pas que je renierais toutes mes convictions, mais c'est une éventualité à prendre en compte. Mener une vie simple et bien payée, au lieu de risquer sa vie à chaque coins de rue peut être attrayant. Beaucoup de personnes seraient prêtes à faire ce choix.
— Tu as déjà entendu parlé des bugs, d'il y a vingt ans environ ? demande-t-il et j'acquiesce. Eh bien, je suis orphelin depuis ce jour. Et j'ai pour objectif de faire tomber ceux qui ont tué mes parents.
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Gabriele VICTOIRE
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Camille | Fyctia
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clara15
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Helen Mary Sands
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clara15
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