Fyctia
Chap. 17
43 JOURS
Il est presque quatorze heures et je suis dans mon lit depuis six heures trente, mais je n'ai pas fermé les yeux une seule minute. Je me demande vraiment dans quoi je me suis embarquée, avec toutes ces histoires. Le pire, je crois, c'est que je ne comprends vraiment rien.
Martha m'a bien expliqué que l'organisation dont elle faisait partie se battait contre le gouvernement, à cause de leur côté trop abusif et restrictif. Le chef de cette organisation est donc Nathan, qui est lui-même venu me voir pour me donner cette fameuse mission en échange de trois milles dollars. Alors que je menais mon but à bien, en remarquant que ma soeur fait partie de ce projet secret à propos duquel je devais enquêter, je tombe sur Nathan, le fameux chef, dans une salle aux côtés de Banks. Donc Nathan aurait volé le téléphone d'un de ses collègues ? Et il voudrait en plus de cela qu'on l'espionne ?
La meilleure façon d'avoir des réponses, c'est peut-être en allant directement le lui demander. Mais... et si ce n'était qu'un piège et que je m'y jetais la tête la première ? Je ne sais pas si c'est judicieux d'aller le voir, déjà qu'il ne m'inspirait pas tant confiance que cela, ce que j'ai appris ne confirme que mes craintes. Sauf que, je dois y aller. Pour l'argent, d'une part, mais aussi parce que je veux en avoir le coeur net.
Je sors de mes draps, plus déterminée que jamais à avoir le fin mot de cette histoire.
` ` ` ` ` ` ` ` ` ` ` ` ` ` ` ` ` ` ` `
Au pied de l'immeuble où habite Nathan, je ricane doucement. Bien sûr qu'il vit dans un des appartements les plus chers de la ville, puisqu'il joue un double jeu. Je suis étonnée que Martha sache où il habite et que ça ne lui fasse absolument rien. Quand je lui ai demandé l'adresse de son chef, elle n'a pas rechigné ni fait de commentaires. J'aurais peut-être dû lui poser la question, mais je n'ai pas osé. Je ne pense pas qu'elle serait d'accord avec le fait que Nathan joue un double jeu. Excepté s'il la menace.
J'attends qu'une personne sorte de l'immeuble pour m'y infiltrer en douce. J'avance doucement dans ce grand hall. Le sol est parfaitement ciré et les tons de la gigantesque pièce varient entre le blanc et le gris. Très classe. Sur ma gauche se situe deux sofas blancs et à ma droite un poste derrière lequel se trouve un homme au costume.
— Je peux vous aider, mademoiselle ?
— Eh bien... je viens voir... mon cousin. Nathan.
C'est la seule excuse qui m'est passée par la tête, mais je la trouve tout sauf crédible, rien qu'à mon intonation.
— Je ne savais pas que monsieur avait une cousine.
Il darde un regard sur mon corps et mes vêtements. Je fais tâche dans cet endroit, avec mon jeans usé et mon t-shirt blanc qui est trois fois trop grand. Mais que dit-on déjà... ah oui ! L'habit ne fait pas le moine.
— À quel étage se situe son appartement ? continué-je sans me laisser abattre par son regard réprobateur.
— Monsieur vit au 22b, mademoiselle.
Je n'apprécie vraiment pas son ton méprisant, mais je ne m'en formalise pas longtemps. J'ai d'autres desseins que bavarder avec le concierge.
— Très bien... je vais aller voir monsieur, dans ces cas-là.
— Mais monsieur n'est pas encore là ! me retient-il alors que j'avançais déjà vers les ascenseurs.
— Mademoiselle va attendre monsieur devant son appartement.
Je marche rapidement pour ne pas qu'il me retarde une seconde de plus et appelle déjà l'ascenseur. Je le vois contourner son poste et s'approcher de moi, quand les portes s'ouvrent. Je m'engouffre dans la cage et appuie rapidement sur l'interrupteur vingt-deux, comme si ça allait fermer les portes plus rapidement. Quand le concierge arrive, les portes se ferment et il ne peut pas me retenir. Je souffle, contente que ce soit passer aussi facilement.
L'attente est assez longue, mais la petite musique de détente fait passer le temps. Les riches et leurs privilèges... Je sais qu'avant, il y avait déjà un creux entre les riches et les pauvres. Quand la population a suffisamment augmenté pour que les humains soient en pleine souffrance, entre le manque d'eau, de nourriture et d'espace, cet écart s'est considérablement agrandi. Les riches avaient plus accès aux ressources et les pauvres dépérissaient. Maintenant, le monde ne vit plus qu'entre inégalités sociales. Et c'est pourquoi on a instauré la limite d'âge ; pour que tout le monde soit égaux sur ce point-là, malgré la famille qui nous donne naissance, tout en permettant de régénérer la population avec à nouveau de l'eau et de la nourriture pour tout le monde. Tout ceci en privant l'humain d'un de ses droits les plus fondamentaux : la liberté.
Selon moi, le gouvernement aurait pu trouver une meilleure alternative. Je ne sais pas encore laquelle, mais sûrement pas la limite d'âge et le système de retrait, car ce sont les pauvres qui en pâtissent le plus. Ils n'ont pas d'argent et doivent frauder ou voler pour se nourrir. Par conséquent, on leur retire du temps, encore et encore. Et à côté de cela, les riches comme par exemple le maire sont exonérés de peines ; en effet, le maire a détourné de l'argent et s'en est tiré avec un an de retrait. Le pire, c'est qu'il a été réélu.
Les portes s'ouvrent de nouveau au vingt-deuxième étage. Il n'y a que deux appartements, donc ce n'est pas compliqué de trouver le "b". Je patiente dix minutes, puis vingt, dans l'attente de ce cher Nathan. Le concierge a dû, à coup sûr, l'appeler. Il ne devrait pas tarder. J'imagine bien la réaction qu'il va avoir quand on lui dira que sa prétendue cousine attend devant chez lui.
Je n'ai pas besoin de créer divers scénarios dans mon esprit car je le vois débarquer, d'un air déterminé. Il boutonne sa veste de costume qui semble coûter très cher et pose un regard incertain sur ma personne. Nathan observe autour de lui, comme si quelqu'un allait jaillir de la plante verte dans le coin. Je lève les yeux au ciel.
— Qui êtes-vous ? demande-t-il d'une voix ferme.
— J'ai tes informations, rétorqué-je sans me préoccuper de répondre à sa question.
Après tout, nous nous sommes déjà rencontrés. Il y a un éclair de compréhension dans son regard, et je me fais la remarque que lorsque nous nous sommes vus, j'étais déguisée en Baby. Loin des paillettes et du maquillage, il doit tomber des nues de voir une jeune femme avec les cheveux négligemment attachés et le visage pâle.
Je brandis le dossier devant son nez. Plus tôt dans la journée, avant de franchir les portes de cet immeuble de luxe, j'ai pris soin d'imprimer les photos que j'ai pris la veille, tout en gardant une copie, si ça devait mal tourner, bien qu'il n'y ait pas grands choses à lire là-dessus. J'ai décidé de sauvegarder cette autre version pour le jour où je confronterais Cassandre, parce que ça arrivera tôt ou tard.
Il tend la main pour attraper le fichier mais je le retire assez rapidement. Il fronce les sourcils, sidéré par mon geste. Alors je reprends, d'une voix froide et impersonnelle :
— Je crois qu'une petite conversation s'impose, avant.
11 commentaires
Gabriele VICTOIRE
-
Il y a 6 ans
ManuG
-
Il y a 6 ans
Camille Jobert
-
Il y a 6 ans
Jean-Marc-Nicolas.G
-
Il y a 6 ans
clara15
-
Il y a 6 ans
Sand Canavaggia
-
Il y a 6 ans
clara15
-
Il y a 6 ans
Arielle Rock
-
Il y a 6 ans
clara15
-
Il y a 6 ans