clara15 DEADLINE Chap. 15

Chap. 15

44 JOURS

J'ai longtemps songé au meilleur plan d'attaque que je pourrais avoir pour m'introduire dans les locaux de la grande tour du centre ville où je pourrais récolter des informations. Ce n'est pas en y allant le week-end qu'on fera moins attention à moi, mais en m'y rendant en pleine semaine, quand les gens travaillent. Je passerais inaperçue en me fondant dans la masse, et quand tout le monde partira, vers dix-huit ou dix-neuf heures, je pourrais commencer à chercher. Ensuite, je passerais la nuit dans les bureaux avant de reprendre ma route le lendemain, en même temps que les gens qui partent travailler. Ça devrait passer.


Max s'est montré réticent quand je l'ai informé que je ne viendrais pas ce jour-là. Son business redémarre enfin et il m'a dit ne pas vouloir être dispensé d'une de ses meilleures danseuses. Sauf que je ne lui ai pas laissé le choix. En d'autre circonstance, je m'y serais rendue et j'aurais fais mon escapade dans le centre ville en pleine journée, mais avec l'argent promis par Nathan, je peux me permettre de sécher le strip-tease pour un soir.


Je croise de nombreuses personnes quand j'entre dans le bâtiment, un casquette sur la tête et des lunettes de soleil devant les yeux. Personne ne s'en formalise. J'avance d'une démarche lente et assurée jusqu'aux escaliers, croisant peu de personne. J'ai quinze étages à monter, mais il faut que je me cache quelque part, loin des bureaux, pour ne croiser personne. Entre deux paliers, je trouve un renforcement dans le mur, assez profond pour que je m'y loge quelques heures, histoire que l'équipe ménagère parte. Elle ne sera plus là vers vingt-et-une heures, et même si attendre trois heures me paraît insurmontable, je dois prendre mon mal en patience.


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Je me suis lamentablement endormie contre le mur. C'est une porte qui claque qui m'a réveillé et ma montre m'indique qu'il est presque vingt-deux heures. Il me reste sept heures pour trouver un élément qui pourrait intéresser Nathan. Ce que je fais est vraiment dangereux quand j'y pense. Cette dernière année a été la plus audacieuse de toute ma vie et les dernières semaines m'ont appris que lorsqu'on voit un téléphone par terre, on trace sa route sans se poser de questions. Si je pouvais revenir en arrière et ne jamais avoir à fouiller dans les bureaux d'une grande entreprise, je le ferais. Maintenant que j'y suis, je vais continuer, puisque je n'ai pas trop le choix.


Après avoir escalader plusieurs étages, j'arrive, essoufflée, devant le quinzième étage. Je pousse doucement la porte, mais il fait noir. Seules les lumières de la ville, celles des bâtiments résidentiels ou des éclairages publiques, daignent laisser une lueur dans ce couloir froid. C'est magnifique, la ville, de nuit. Ce n'est pas la première fois que je me rends dans un endroit assez haut pour avoir une vue d'ensemble sur la ville, mais j'en suis à chaque fois époustouflée. Je trouve ça dommage qu'il y ait un couvre-feu ; les gens manquent le moment le plus beau de la journée, c'est-à-dire le lever ou le coucher du soleil. Malheureusement, la plupart du temps, le couvre-feu est encore actif quand le soleil commence son ascension ou sa descente.


On dit que le couvre-feu est en vigueur car ça réduirait de moitié la criminalité. Selon mon point de vue, ce n'est qu'une voie de facilité pour contrôler la population, tout comme la loi de retrait et des soixante ans, mais aussi pour promouvoir ces lois-ci. En instaurant une limite pour sortir de chez soi sous prétexte qu'il y a moins de délit, on critique l'ancien système qui était "défaillant" et qui nous a mené, aujourd'hui, à avoir ce genre de train de vie. Je suis sûre que si nous attribuions de nouveau la libre circulation, tout le monde s'en porterait mieux. Mais j'imagine que le gouvernement n'aurait pas autant le contrôle.


Je dois admettre que mon jugement est faussé ; tout ceci n'est pas sorti de ma propre réflexion, mais celle de ma mère. Il y a quelques années, j'ai récupéré dans le grenier son journal intime. J'étais étonnée qu'elle en ait un ; Cassandre m'a toujours dit que c'était pour les enfants. Papa serait furieux que je l'ai, mais j'ai toujours pris soin de le cacher. Et dedans, j'ai pu lire toute la pensée de ma mère. Et je dois dire que sa vision des choses m'a fait voir le monde autrement. De manière plus sombre.


Aujourd'hui, dans ce couloir, je me dis que peut-être n'avait-elle pas tort quand elle expliquait que la meilleure façon de vivre sa vie, c'est d'accéder à la quiétude sans s'attirer d'ennuis. Je suis plongée dans une spirale qui ne me plaît pas et je suis forcée de continuer, même si j'aimerais pouvoir partir loin. Mais je ne dois pas oublier mon objectif.


Concentrée, je me dirige vers le bureau du fond. Il n'y a pas de bruit. Je suis seule, tant mieux. La porte ne détient pas de verrou, et je trouverais ça presque étrange. Suspect. Mais il faut croire en la chance, alors je ne me pose pas d'autre question. Je presse la poignée et ouvre précautionneusement la porte.


Le bureau est assez bien ordonné mais étroit. Pendant un instant, je crois m'être trompée d'endroit, mais le petit écriteau en or m'apprend que je suis bel et bien au bon endroit. Peut-être que Banks n'était pas si important dans la hiérarchie que je ne le pensais. Au centre, il y a le bureau. Au fond à gauche se trouve de grands casiers avec juste derrière une petite fenêtre qui laisse filtrer la lumière par ses stores vénitiens. Tout de suite sur ma gauche se trouve la table où a eu lieu la vérification du téléphone. À droite, il y a un meuble sur lequel se trouve des cadres. Je ferme la porte derrière moi et m'approche d'un des cadres sur la droite.


On peut voir monsieur Banks tout sourire, une femme qu'il enlace avec deux enfants en bas âge. Ce serait un bon moyen de pression, si je faisais partie des personnes comme lui. Mais heureusement pour la famille Banks, je ne joue pas avec les familles. Ils n'ont rien demandé, comme mes proches n'ont jamais rien demandé. Mais cette possibilité n'a vraisemblablement pas effleurée l'esprit de Banks. Je peux toutefois m'estimer heureuse qu'il tienne sa parole ; je n'ai plus entendu parler de lui depuis notre dernière entrevue et il n'a pas mis à exécution ses menaces.


C'est un bruit de pas qui me tire de ma réflexion. J'ai juste le temps de reposer la photo de famille sur la gauche que la poignée s'actionne. N'ayant pas beaucoup d'option de cachette, je me place derrière la porte en collant au maximum mes talons contre le mur, les bras le long de mon corps et la tête collée au mur. Instinctivement, je retiens ma respiration et les battements de mon coeur s'accélèrent.


— J'ai entendu du bruit ici...


— Il n'y a personne, répond une voix bourrue, viens, ne perdons pas de temps. Le conseil s'est déjà réuni là-haut.


Il y a un court silence durant lequel je sens qu'on m'a repéré. La porte finit par se fermer, et les pas s'éloigner.


Je suis la pire des espionnes.

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6 commentaires

Gabriele VICTOIRE

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Il y a 6 ans

à mon avis, c'est un peu trop facile, pour un bâtiment comme ça, il doit être surveillé, surtout s'il n'y a pas de verrous aux portes ! serait-elle aussi naïve ou croit-elle vraiment à sa bonne étoile ?

Jean-Marc-Nicolas.G

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Il y a 6 ans

Coucou,bon alors la suite,espérons qu'il n'y ait pas de caméra dans les couloirs. Ce qui serait étonnant! J'attends de connaitre les prochains événements.A bientôt j’espère

clara15

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Il y a 6 ans

Salut! Eh bien, tout est possible... la suite arrivera demain :)

Camille Jobert

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Il y a 6 ans

Je trouve culotté que ce banks ait menacé sa famille et son entourage alors qu'il en a une !

Camille Jobert

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Il y a 6 ans

Mission infiltration pas très réussi ! C'était a un cheveu de faire prendre !
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