Fyctia
Chap. 13
47 JOURS
Surprise, je rabats le tissus sur ma peau. Je fais volte-face pour confronter la personne qui m'a fait une frayeur, et je découvre un homme, négligemment assis sur une chaise et qui me dévisage avec un semblant de fureur. Mon coeur s'emballe quand je me rends compte que je me suis enfermée avec une personne que je ne connais ni d'Adam ni d'Ève et qui me fait vraiment flipper. Mon regard est attiré par la poignée qui semble si loin à atteindre.
Je ne sais pas ce qu'il me veut ; il peut aussi bien être un sbire de l'homme au téléphone ou bien une personne engagée par le policier pour se venger plus qu'il ne l'a déjà fait. J'examine toutes les options qui se présentent à moi. Je peux courir jusqu'à la poignée, mais il pourrait me rattraper. Je peux l'écouter et me faire tuer dans la même lignée. Ou bien je peux crier à l'aide, mais la forte musique étouffera ma voix.
Alors je décide de rester statique où je me trouve.
Il se lève et approche lentement de moi avec une expression neutre. Quand on regarde de plus près sa mâchoire, on peut s'apercevoir qu'il a l'air vraiment en colère. Il me surplombe de toute sa hauteur et je suis forcée de lever le menton pour soutenir son regard bleu foncé. Nous nous toisons comme si nous voyions pour la première fois un autre humain. Quelques mèches blondes, presque châtains, lui tombent sur le front et les cheveux les plus longs lui arrive à la moitié de la nuque.
— C'est donc toi la prostituée qui a trouvé le téléphone, lâche-t-il avec dédain.
Je reviens brusquement à la réalité. Son regard me darde de haut en bas, ça me rendrait presque mal à l'aise.
— Je ne suis pas une prostituée. Je suis une strip-teaseuse.
— Quelle différence ?
— On regarde mais on ne touche pas.
Je reviens sur les premiers mots qu'il m'a adressé, malgré sa confusion entre strip-teaseuse et prostituée. Il connaît l'histoire du téléphone, donc ça pourrait être un sbire comme j'ai émis l'hypothèse. Mais je me souviens maintenant qu'il y a deux jours, Martha m'a donné rendez-vous avec le chef de son organisation secrète contre les méchants. Ça me fait encore rire, cette histoire. Ce rendez-vous devait avoir lieu aujourd'hui, dans l'après-midi. Sauf qu'avec tous les événements de ces deux derniers jours et ma dispute avec mon père, ça m'a complètement échappé.
— Je suis désolée pour cette après-midi, j'ai...
— Je m'en fiche de tes histoires, me coupe-t-il, tu m'as fais perdre du temps. Et je n'ai pas que ça à faire d'être à la disposition d'une prostituée.
Il le fait exprès.
— Je te donne une seule chance de plus, reprend-il, seulement parce que j'ai besoin de toi.
Je fronce les sourcils, curieuse et inquiète à la fois.
— Besoin de moi ?
Il hoche simplement la tête et me contourne. Je le regarde effleurer mon matériel à la création de Baby, sans un mot. J'ai presque l'impression qu'il va faire comme dans les films, me menacer puis détruire tout ce que j'ai dans cette pièce. Mais il n'en fait rien. Au contraire, il se retourne pour me faire face et continue :
— Je veux que tu t'introduises dans les bureaux de Banks.
— Banks ? répété-je.
Il me dévisage comme si j'étais débile.
— L'homme a qui tu as volé le téléphone.
Il a donc un nom.
— Je te donne jusqu'à la semaine prochaine pour m'apporter les informations.
Le nom de l'homme au téléphone m'aurait presque détourné de ce qu'il m'a demandé. Il veut que je me rende dans un bâtiment ultra-surveillé où on m'a menacé, ma famille et moi, pour quoi au juste ? Je ne vais pas risquer bêtement ma vie pour entrer là-bas.
— Je n'ai pas accepté, lui dis-je alors que je le vois déjà sortir, pourquoi je ferais ça ?
Il va me falloir une bonne raison pour accepter. Et je me sens déjà refuser cette proposition.
— Je peux te payer. Je peux aussi t'offrir un appartement dans le centre-ville. Je peux...
Il continue de m'exposer ses offres mais je m'étais déjà arrêtée sur le payement. Ça pourrait m'avancer avec monsieur Dane.
— Tout ce que tu as à faire, c'est trouver des informations sur le projet Jouvence.
— Qu'est-ce que ça signifie ?
— C'est ce que tu vas découvrir.
Je suis tiraillée entre ces deux choix. D'un côté, je veux rester à l'abris du danger pour ma famille et moi, tout en avant qu'un seul objectif : amasser de l'argent pour sauver mon père. Mais d'un autre côté, la curiosité de ce projet mélangé à la possibilité d'avoir de l'argent pour compenser ce qu'il me manque pour subvenir aux demandes de monsieur Dane, me tente à accepter.
— Qu'avez-vous trouver sur ce téléphone ?
— Des données codées. Nous n'avons pu en tiré que le nom du projet. Nous travaillons encore dessus mais rien ne nous garantit qu'on trouvera quelque chose. Les informations seront probablement dans les locaux.
Et c'est pour ça qu'ils ont besoin de moi. Ils traînent un peu trop pour trouver ce dont ils ont besoin. Je ne sais pas où ils veulent en venir. Je ne sais même pas si je veux en faire partie. Mais l'attrait de l'argent me pousse à accepter.
— Avons-nous un accord ? s'impatiente-t-il.
— Trois milles dollars et en échange je trouve quelque chose.
Il acquiesce et se passe une main dans les cheveux, dévoilant un tatouage sur le biceps que je n'ai presque pas le temps d'apercevoir.
— Trois milles dollars... ce n'est pas rien, mais d'accord. Tout type d'informations m'intéresse et même si tu ne reviens qu'avec un nom, ça m'ira. Je veux quelque chose, sinon tu n'auras rien.
Je hoche la tête et lui tends alors la main. Il me dévisage, les sourcils froncés et lève les yeux au ciel. Il finit néanmoins par me la serrer. Gênée, je souris d'un air figé, et retire brusquement ma main.
— Comment tu t'appelles, au fait ?
Un sourire arrogant s'imprègne de ses lèvres.
— Nathan. Je m'appelle Nathan.
Après un dernier regard en coin, il déverrouille le loquet de la porte et s'apprête à sortir quand il croise Max. Les deux hommes se regardent, l'un brièvement, l'autre intrigué et surpris. Nathan s'en va rapidement comme si de rien était tandis que Max s'insinue dans ma loge.
— Tu sais que les clients n'ont pas le droit de venir ici, n'est-ce pas ?
— Ce n'était pas un client, répondis-je, c'était une connaissance de Martha.
Je ne m'étends pas sur le sujet ; ça ne le regarde pas mais surtout, je ne veux pas qu'il en sache trop. Si jamais on venait à l'interroger, d'une quelconque manière, je ne veux pas qu'il soit coincé à mentir pour moi.
— Phoebe... je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Martha est gentille mais elle baigne dans des affaires louches.
— Je pense que je suis trop mêlée à ces affaires. Depuis l'histoire du téléphone...
Le reste de la phrase reste en suspend. Max semble le comprendre et veut ajouter quelque chose, mais je le coupe d'un geste de la main.
— Je sais ce qui est bon pour moi.
Insatisfait, Max hoche toutefois la tête. Il dépose l'argent à côté de mon maquillage et sort sans un mot. Je me rassois devant le maquillage et amorce d'effacer Baby.
On dirait que j'ai un nouvel objectif.
5 commentaires
Gabriele VICTOIRE
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Il y a 6 ans
Sand Canavaggia
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Il y a 6 ans
clara15
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Il y a 6 ans
Camille Jobert
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Il y a 6 ans
Camille Jobert
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Il y a 6 ans