clara15 DEADLINE Chap. 9

Chap. 9

59 JOURS

C'est avec les jambes tremblantes que j'entre dans le building. Le hall est immense et vide alors qu'il est environ dix-huit heures, heure à laquelle il y a encore quelques employés, normalement. Je ne sais pas où je suis supposée me rendre, et en regardant de nouveau la carte, je sais pour sûr que je suis au bon endroit. Alors je me dirige vers la rangée d'ascenseurs sur la gauche.


L'un d'eux s'ouvre et je sursaute en apercevant un homme dans le fond de la cage, les bras croisés sur son costume parfaitement ajusté et avec des lunettes de soleil. En intérieur. Je le reconnais comme étant le chauffeur qui a amené l'homme qui m'a persécuté il y a quatre jours.


— Veuillez me suivre, me dit-il simplement.


Impressionnée et en pleine appréhension de ce qui va suivre, je m'installe dans la cage, au centre, droite comme un piquet. L'homme appuie sur l'interrupteur qui nous mènera au quinzième étage. Nous patientons donc pendant quelques minutes, dans un silence qui me fait froid dans le dos. Quand enfin les portes s'ouvrent, il me pousse dans le dos pour que j'avance jusqu'à la pièce du fond. J'ouvre la porte d'une main victime de spasme. Il faut que cette supercherie fonctionne.


Dans cette pièce se trouve les deux colosses et l'homme dont je ne connais toujours pas le nom. Les deux colosses sont armés. Et je sens mon coeur louper un battement. Si je rate, je meurs sur le champ. C'est aussi simple que ça.


— Phoebe ! Nous ne vous attendions plus, me reproche l'homme.


— Le traffic, lancé-je avec un rire maladroit.


Il hausse un sourcil, loin d'être convaincu. Mais il passe rapidement à autre chose.


— Bon... accomplissons ce pourquoi nous sommes là aujourd'hui. Le téléphone... vous l'avez récupéré ?


J'acquiesce de la tête, incapable de parler à cause de la boule qui s'est formée dans ma gorge à cause du stress. Je sors l'objet de ma poche, toute fébrile. Il manque de tomber, mais je réussis à le rattraper. Mes doigts tremblent lorsque je sens le téléphone quitter ma possession.


— J'imagine que nous sommes quitte maintenant.


C'est en expirant l'air de mes poumons que je me rends compte que j'avais retenu ma respiration. Donc... je suis libre, si je le comprends bien ? Oh mon dieu... il faut que je quitte cet endroit aussi rapidement que possible avant qu'il ne décide de se rétracter, pour une raison quelconque.


Alors je prends la direction de la porte, mais le chauffeur me barre la route. Un rire nerveux sort de ma bouche.


— Oh, attendez une minute, Phoebe. Mes hommes vont vérifiés que rien n'a disparu ou n'a été envoyé à un autre numéro. Ça me compliquerait la vie, pour être honnête.


Mon corps se tend et mes yeux s'écarquillent. Là, je suis mal. Ce téléphone n'est pas l'original.


Je ne sais pas ce qu'ils ont fait à ce téléphone ; je sais simplement que c'est une pâle copie de l'original. J'ai passé les trois heures que Martha m'a promises dans une pièce à côté, pour ne pas interférer dans leur travail. Mais à l'issus de ces trois heures, je me suis retrouvée avec un téléphone identique au premier, avec le même logo sur l'arrière du téléphone.


Ce sont Jett, un autre gars et une fille qui s'en sont occupés. Je n'ai pu jeté qu'un léger coup d'oeil pour apercevoir du matériel de qualité qui doit coûté énormément cher. À l'issue de ces trois heures, Martha m'a donné le téléphone en me souhaitant bonne chance.


Je ne sais pas à quoi m'attendre. Je ne sais pas si ce qu'ils ont fait va être suffisant pour que je m'en tire sans dommages. Quand je me retourne pour affronter mon destin, je vois les deux colosses installer du matériel similaire à celui de Jett et de ses amis les pro de la technologie. D'ailleurs, je comprends maintenant que Martha a dû apprendre tout ça à son fils.


— Si tout va bien, ça devrait être rapide, m'assure-t-il.


Il connecte le téléphone à l'ordinateur, et une série de caractères verts s'inscrivent rapidement à l'écran. Ma poitrine se compresse à l'idée qu'il est possible que je me fasse tuer à la fin de cette rencontre. Je crois que c'est l'expérience la plus stressante de ma vie.


Au bout de quelques secondes, l'homme se penche au-dessus de l'ordinateur et y passe au moins cinq minutes. Cinq longues et horribles minutes à retenir mon souffle. Il finit par débrancher le téléphone et à le triturer encore quelques temps.


Enfin, il lève les yeux vers moi et replace un mèche parmi les autres sous l'emprise du gel. Son regard est sévère, presque noir, et je crois qu'il va m'anéantir sur place. Il pourrait avoir trouver quelque chose de compromettant.


— Tout est en ordre, Phoebe.


Je peux enfin respirer normalement. Je suis assez stupéfaite du travail que Jett et ses amis ont accompli ; ce n'est pas l'original, et pourtant, il n'y a vu que du feu. Si je m'en sors vivante, ce qui semble être le cas, je ne me rendrais plus jamais de ce côté de la ville. Je resterais terrée entre ma maison et mon boulot. La vie tranquille est celle que je veux menée. L'histoire du téléphone et celle de monsieur Dane m'ont appris que ça vaut plus le coup de mener une vie paisible.


— Je suis étonné que vous ayez réussi à le retrouver, étant donné qu'il était supposé être dans une poubelle.


Ma joie retombe rapidement.


— J'ai... eh bien... j'ai demandé à un ami qui travaille à la décharge... et... il me devait un faveur, expliqué-je maladroitement.


— Ne vous inquiétez pas, rigole-t-il, je n'ai pas besoin des détails. Maintenant que je l'ai récupéré, je vais vous lâcher une bonne fois pour toute.


Je hoche la tête frénétiquement, comme pour accélérer ma sortie. Il semble amusé par mon anxiété, alors il me fait signe de partir par la porte si tentante qui m'appelle depuis mon arrivée. Le chauffeur me laisse même partir sans s'y opposer. Il arbore toujours une mine sérieuse qui fait froid dans le dos.


Au moment où je pose la main sur la poignée, l'homme à qui je viens de rendre un faux téléphone m'interpelle une dernière fois :


— Au fait, Phoebe... si j'apprends que vous me l'avez mise à l'envers, ma réponse sera terrible. Non seulement je vais vous faire perdre des années et des années jusqu'à ce que vous mourriez, mais j'en ferais autant avec vos proches. Compris ?


Mon ventre se noue automatiquement mais j'acquiesce néanmoins de la tête. Il s'y connaît en menace.


Je sors de la pièce avant qu'il ne change d'avis. Quand la porte se ferme définitivement dans mon dos, je sais que je suis enfin libre et ce sentiment se renforce une fois dans l'ascenseur. Plus l'ascenseur se dirige vers la terre ferme, plus je sens la pression s'envoler de mes épaules. Et quand je sors enfin pour respirer l'air frais, j'ai l'impression de respirer pour la première fois.


Et je souris face à la foule. Parce que je viens non seulement de sauver ma vie et celle de mes proches, mais je viens aussi de glisser un faux téléphone qui comporte un mouchard pour surveiller un homme qui tenait beaucoup trop à son téléphone pour ne pas cacher quelque chose de gros.

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8 commentaires

Sand Canavaggia

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Il y a 6 ans

Elle est légère, ça sonne bien avec la situation, mais en tant que lecteur j'ai plus l'impression d'un couperet qui ballotte au-dessus d'elle et les siens!

paul geister

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Il y a 6 ans

il y a un petit suspens sympa. Vivement la suite!

Lollly

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Il y a 6 ans

Petit coup de pouce au déblocage :)

Camille Jobert

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Il y a 6 ans

La menace de ce type me fait froid dans le dos !

Gabriele VICTOIRE

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Il y a 6 ans

tu prends en fluidité et rythme, la lecture en est d'autant plus agréable. je serais pas aussi tranquille à sa place... ça la rend un peu naïve quand même, tout en restant attachante donc je tourne la page !! ha ben, non, il n'y en a pas...lol la suite !

Gabriele VICTOIRE

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Il y a 6 ans

n'hésite pas à me dire ce que tu penses de ma story à l'occasion ;)

clara15

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Il y a 6 ans

Ahah, non, la suite arrive plus tard :) je te remercie pour tes commentaires et pour ta story, je passerais sur ton prochain chapitre pour te donner mon point de vue. Saches que j'aime vraiment ce que tu écris et que j'ai hâte de lire la suite !
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