Fyctia
Chap. 6
63 JOURS
La pression autour de mon cou est assez légère pour que je puisse respirer mais suffisamment forte pour que je comprenne l'étendue de ce que la personne peut me faire. Je ne bouge plus par crainte d'empirer mon cas. Pourquoi suis-je toujours obligée de m'attirer des ennuis ?
— Qu'est-ce que... que vous voulez ? bégayé-je.
À cet instant précis, une berline se gare devant moi. Un chauffeur en descend, lunette de soleil alors qu'il pleuvrait presque et costume sur le dos. Son expression neutre ne me rassure pas. Il fait le tour du véhicule et vient ouvrir la porte arrière. Un autre homme en sort.
Même s'il était loin lorsque ça s'est déroulé, je reconnais facilement l'homme enragé à qui j'ai dérobé le téléphone. Ses cheveux sont parfaitement dressés par du gel. Il a le sourire d'un commercial qui veut vous vendre un appareil électroménager et une fossette, mais quand il me regarde, son rictus retombe et il retrouve son sérieux glacial. Je n'aurais définitivement pas dû toucher à cet objet.
— Phoebe ! Je peux vous appeler Phoebe ?
Je n'ai pas le temps de répondre qu'il continue :
— J'ai cru comprendre que vous aviez un objet en votre possession qui m'appartient. Alors je vais la faire courte pour faire gagner du temps à tout le monde : vous me le rendez, je ne porte pas plainte. Je n'engage pas de poursuite. Je peux même vous payer.
Il fait deux pas en avant, jusqu'à coller les pointes de ses pieds aux miennes. Le vigile dans mon dos resserre son emprise sur ma trachée et je commence à manquer doucement d'air. Il soulève presque mon corps pour que je ne touche plus le sol.
— Ou bien, je porte plainte et je peux vous retire jusqu'à quinze ans. Et en plus de cela, je vous fais suivre pour épier chacun de vos gestes jusqu'à trouver suffisamment de preuves pour vous tuer. Et je m'en prends aussi à vos proches.
Je suffoque. Le colosse m'étrangle complètement. Daisy en face de moi se débat mais son colosse à elle ne bouge pas d'un poil. Il reste stoïque. Dans les yeux de ma meilleure amie, je lis du désespoir et je la vois déjà me dire : "dans quel pétrin t'es-tu fourré ?".
— Voyez-vous, j'ai besoin de ce téléphone. Et pour être honnête, je suis très rancunier. Alors, qu'en dîtes-vous ? Avons-nous un deal ? Mon téléphone en l'échange d'une vie graciée ?
Le colosse me relâche pour que je puisse répondre. Je m'effondre aux pieds de cet homme, toussant comme une fumeuse. Je réfléchis à ce que je pourrais lui dire ; je ne vais pas dénoncer Martha alors qu'elle m'a aidé quand j'avais ce stupide objet mais je ne peux pas risquer la vie de mes proches. Je ne suis pas une balance mais je ne peux pas mettre la vie de ceux que j'aime en danger. Je dois trouver une excuse d'entre-deux.
— Alors ? s'impatiente-t-il.
— Je ne l'ai plus. Je l'ai jeté dans la poubelle juste après.
— Voilà une fâcheuse issue.
Il se penche et attrape mon menton entre ses doigts pour capter mon regard et pour s'assurer que je dis la vérité. Je frissonne de terreur ; on peut y lire tous les vices du monde. Il pourrait réellement détruire ma vie et celles de ceux que j'aime.
— Écoutez-moi bien. Je me fiche de la façon dont vous aller le récupérer, mais je le veux rapidement. Alors je vous donne jusqu'à la fin de la semaine pour le rapporter à mon bureau. Sinon, je mets à exécution mes menaces, compris ? Ce serait dommage de priver la vie d'une si belle créature. Vous avez la vie devant vous. À vous regarder, vous n'avez même pas vingt ans !
Et sans me laisser le temps de répondre, il jette une carte à mes pieds et remonte dans la voiture pour disparaître tout comme les colosses. Mais avant que le mien ne s'en aille définitivement, il m'attrape par le col et me plaque contre le mur, suffisamment haut pour que je ne touche plus le sol. La dernière chose que je vois avant de tomber dans les vapes, c'est son poing qui fonce à grande vitesse vers mon oeil.
Je suis foutue.
` ` ` ` ` ` ` ` ` ` ` ` ` ` ` ` ` ` ` `
C'est une voix étouffée et un mal de tête insupportable qui me font émerger. La voix devient de plus en plus nette, et je devine que la personne qui m'insulte n'est que Daisy. Je ne suis pas très étonnée, en soi. Surtout avec ce qu'il vient de se passer.
— Arrête de hurler, gémis-je.
La lumière m'aveugle et je ne parviens qu'à ouvrir un seul oeil entièrement. Le second, celui où je me suis pris le poing du colosse, peine à s'ouvrir. Au vu de la douleur et de l'état physique, j'imagine qu'il m'a laissé un oeil au beurre noir. Génial.
— Vraiment ? s'écrie-t-elle ahurie. On vient de se faire attaquer par des brutes ! Au départ, je croyais qu'ils voulaient peut-être de l'argent mais non ! J'apprends que ma meilleure amie a volé un riche et qu'elle va tous nous faire tuer ! Et tu veux que j'arrête de hurler ?
J'acquiesce péniblement, tandis qu'elle me tire pour m'aider à me relever. Je chancèle et me rattrape lamentablement au mur. J'ai comme l'impression que la moitié de mon visage a été anesthésié par le coup, mais que si on y touche, je vais mourir de douleur.
— Je veux des explications, Phoebe.
— Il n'y a rien à dire... juste que je suis foutue.
Elle hausse un sourcil. Je sais que je ne vais pas m'en tirer aussi facilement sans que je ne lui explique en détail ce qu'il s'est passé.
— Il a fait tomber son téléphone et je l'ai récupéré.
— Et ensuite ? Permets-moi de douter de la solution "j'ai jeté le téléphone à la poubelle".
— C'est trop long à expliquer. Mais tout ce que tu dois savoir, c'est que je ne l'ai plus en ma possession.
C'est ça le problème. Ce qu'il demande va être compliqué a exaucer mais je n'ai pas le choix. Il faudrait que je retrouve Martha, mais qui me dit qu'elle a toujours l'objet ? Elle pourrait l'avoir détruit ou je ne sais quoi. Je pourrais ignorer cet homme, mais il pourrait faire du mal à tous ceux que j'aime et il connaît mon nom. Comment ? Je n'en ai aucune idée. Je suis bloquée.
— Je ne sais pas comment le récupérer.
Daisy me dévisage, sidérée. Elle attrape mon menton, me faisant grimacer de douleur, et elle capte mon regard du sien, plus furieux que jamais. Daisy a un vrai caractère de feu, qui peut faire vraiment peur parfois. Comme maintenant, par exemple.
— Écoute-moi bien. Je m'en fous de la manière dont tu vas récupérer ce foutu téléphone. Mais tu vas le faire. Et vite. Parce que si tu as mis ma famille en danger, je te tue.
Elle me relâche enfin et se penche pour ramasser la carte que l'homme a laissé à mes pieds, me la colle contre la poitrine, et s'en va à toute vitesse. Je ne l'ai jamais vu autant en colère.
En observant la carte, je vois qu'il s'agit d'une adresse. Là où je devrais me rendre pour lui rendre son foutu téléphone. Je nous ai tous mis en danger en le récupérant. J'ai été stupide. Mais je peux me racheter. Pour cela, je dois retrouver Martha. Il faut donc que je vois Max mais maintenant qu'ils connaissent mon nom, ils peuvent me faire suivre ou me mettre sur écoute. Je dois faire preuve de prudence.
D'extrême prudence.
10 commentaires
Sand Canavaggia
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Il y a 6 ans
Lana.M
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Il y a 6 ans
clara15
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Il y a 6 ans
Lana.M
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clara15
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Il y a 6 ans
Arielle Rock
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Il y a 6 ans
Camille Jobert
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Gabriele VICTOIRE
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Il y a 6 ans
clara15
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Il y a 6 ans