clara15 DEADLINE Chap. 5

Chap. 5

63 JOURS

Max m'a assuré que s'il décidait de réouvrir le club, il me préviendrait. Pour l'instant, l'instabilité dans les rues à cause des inspections est trop importante pour s'exposer aux conséquences. Je n'ai donc pas plus entendu parlé de Martha et du téléphone. Je devrais sans doute m'en estimer heureuse ; cet objet ne pouvait m'apporter que des ennuis. Mais d'un autre côté, je suis intriguée par cette histoire d'organisation secrète et de firme du Mal. J'en suis encore choquée, surtout à propos de Martha.


Concernant Papa, il continue s'enfermer dans son atelier. Je sais qu'il pense beaucoup trop souvent à la mort qui lui tend les bras et j'ai peur de ce qu'il se passe dans sa tête. J'aimerais tellement qu'il veuille passer un peu plus de temps avec moi ou avec Cassandre. J'imagine qu'il a juste besoin de temps... sauf qu'il n'en a plus beaucoup.


— Tu m'écoutes ? demande Cassandre en claquant des doigts devant mon visage.


Je me connecte de nouveau à la réalité. Ma soeur me dévisage, excédée par mon esprit qui dérive un peu trop souvent. Je m'excuse en un sourire, tandis que Daisy, à ma droite, rit discrètement.


— Oui, tu parlais du mariage.


— Pas du tout, je disais que j'ai annulé les fiançailles.


J'écarquille les yeux. Ce n'est pas étonnant ; quand Cassandre s'engage, elle prend toujours l'option de "désengagement" sans conditions. Je plains son actuel ex-fiancé mais je ne doute pas qu'elle se remettra avec lui avant la fin de la semaine. C'est la deuxième fois depuis le début du mois.


— C'est pas croyable. J'ai réussi à me rendre disponible pour toi, aujourd'hui, et tu n'es même pas présente avec nous !


— Je suis désolée, c'est le boulot. Avec les inspections ces derniers temps...


Daisy se penche en avant, alarmée. Elle secoue la tête et fait les gros yeux. Je me rends alors compte de ma stupidité ; Cassandre ne sait pas quel est la nature de mon travail.


— Tu es serveuse, Bee. Ce n'est pas comme si tu avais quelque chose à craindre.


— C'est vrai ! crié-je un peu trop fort, ce qui la fait froncer les sourcils. Ne sait-on jamais.


Je vois à son expression qu'elle est dubitative. Je suis la pire des menteuses, encore plus avec les personnes qui me connaissent. Pour me sauver la mise, et surtout parce que Daisy me connait et qu'elle sait que je vais encore tout faire foirer, ma meilleure amie annonce :


— Tu nous excuseras, Cassandre, mais on doit aller acheter une nouvelle paire de chaussures à...


— Karl, complété-je, on les lui a volé. Le pauvre.


Notre mensonge passe tranquillement, comme nous pouvons le voir sur le visage à l'expression effarée de ma soeur. Trop naïve et ce depuis toujours. Cassandre passe une main dans son parfait carré brun avec une mine grave.


— J'espère qu'ils auront au moins trois ans de retrait parce que...


Je plisse les yeux tandis qu'elle s'engage déjà dans un discours enflammé sur les peines. Il faut savoir que ma soeur est avocate et qu'elle aime qu'on établisse les peines adéquates. Pour échapper à cette conversation à sens unique, je me lève, prête à partir. Mais Cassandre me retient la main avec une lueur suppliante dans le regard.


— Daisy ? Tu pourrais me laisser seule avec ma soeur, une seconde ?


Daisy s'éloigne alors d'une dizaine de mètres. Cassandre fait signe de m'asseoir à ma place, et je m'exécute automatiquement. Je sais déjà dans quelle direction notre conversation va aller.


— Comment va Papa ? lance-t-elle.


Habituellement, lorsqu'elle me demande de ses nouvelles, ça ne la dérange pas que ma meilleure amie soit là. Et en général, elle ne semble pas autant affligée par la mort prochaine de notre père. Ma soeur fait partie des gens qui pensent que ce système de retrait d'années est bon pour la société. Nous avons souvent été en désaccord à ce propos et nous nous sommes éloignées, surtout depuis le rappel de la dernière année de notre père. Nous n'avons pas du tout la même vision de la vie, toutes les deux.


— Et si tu allais le voir ? Je suis sûre que ça lui ferais du bien.


— La dernière fois qu'on s'est vu, nous nous sommes disputés, avoue-t-elle.


Je n'ai jamais entendu parlé de cette dispute mais cela expliquerait beaucoup.


— Et alors ? Tu ne vas pas rester éternellement fâchée ?


— Ce n'est pas moi qui suis fâchée. Il refuse que je vienne le voir à cause de notre dernière discussion. Je dois avouer que j'ai peut-être été trop loin, mais...


Elle s'arrête, les yeux embués de larmes. Je n'ai jamais vu ma soeur ainsi et ça me fend le coeur.


— J'ai dis des choses horribles, poursuit-elle, et je m'en veux.


— Alors viens t'excuser samedi. On dinera tous les trois. Comme avant.


Les larmes dévalent ses joues tandis qu'elle opine du menton. Je la prends dans mes bras pour la réconforter parce que je sais qu'elle en a besoin. Moi aussi, d'ailleurs. La date butoir de notre père nous angoisse tous. Même si je ne connais pas les motifs de leur dispute, je devine que ça les a chamboulés tous les deux. Peut-être est-ce pour cela que Papa s'enferme plus dans son atelier. La discussion avec sa fille aînée a dû le bouleverser.


— Aller... va-t'en.


Elle me repousse et tourne la tête pour que je ne la vois pas essuyer ses larmes aux bords de ses yeux chocolat. Malgré les années et les liens qui nous unissent, elle demeure toujours autant pudique d'exprimer ses émotions. Mais on ne change pas une personne, j'imagine.


Je lui embrasse la joue et m'apprête à m'en aller quand elle lâche une phrase qui m'interpelle :


— Au fait, Bee... ne fais rien de stupide. Tu ne peux pas aller à l'encontre de la loi.


Pendant quelques secondes, je m'arrête. Je me demande aussi si elle ne saurait pas quelque chose que j'essaye de cacher, c'est-à-dire mon boulot ou bien la somme exorbitante enterrée sous les fleurs dans le jardin. Et malgré l'aveu qui m'a échappé il y a quelques minutes, que Daisy a réussi à rattraper avec brio, je sais qu'elle n'a aucune raison de soupçonner quoi que ce soit. Peut-être qu'elle veut simplement se montrer préventive auprès de ses proches, avec la mort de notre père qui approche.


— Je n'oserais pas, conclus-je rapidement.


Je rejoins à la hâte Daisy pour me débarrasser de ma soeur. Nous commençons à marcher dans la ville, et je peux enfin respirer convenablement. Daisy me fait remarquer que si elle n'avait pas été là je me serais fais prendre à mon propre jeu. Elle me sermonne comme une enfant de quatre ans mais j'en avais besoin. Ces derniers temps, j'ai perdu de vu mon objectif ; si Max doit fermer, je dois me trouver un autre boulot. Nous sommes à la moitié du mois et il me manque encore mille dollars. J'ai encore quinze jours pour amener cet argent à monsieur Dane.


— Non mais sérieux, tu sais que...


Elle ne termine pas sa phrase alors je me retourne pour voir la raison pour laquelle elle s'est arrêtée, je vois un grand colosse lui bâillonner la bouche de sa main. J'écarquille les yeux. Mais avant que je n'ai le temps de faire quoi que ce soit, un bras s'enroule autour de ma gorge à mon tour.

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12 commentaires

Jobas

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Il y a 6 ans

l'histoire est toujours aussi sympa à lire. En revanche il aurait été bien de savoir où est-ce qu'elles se font enlever. Il est indiqué qu'elles marchent dans la ville, mais j'imagine qu'aucune organisation ne prendrait le risque de les enlever dans un lieu public, si oui il faut le préciser et si non indiquer où elles étaient.

clara15

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Il y a 6 ans

Hey ! Elles ne se font pas vraiment enlever, comme tu peux le lire dans la suite, et elles se trouvent dans une ruelle à l'écart des regards, mais c'est vrai que ce n'est pas explicitement dit. Je rectifierais cela à la réécriture, merci de me l'avoir fait remarquer :)

Sand Canavaggia

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Il y a 6 ans

Oh là ! Ca se trouble et la chute commence...pour mieux remonter ;) Sa sœur aura c'est sûr une part à jouer mais de quel côté ? Daisy a-t-elle un fait à se reprocher ? Ou le tél trouver vient finalement rebondir sur Bee ?? Peut-être que le groupe de la gentille dame veulent l'utiliser pour espionner et détruire le groupe tout puissant qui magouille ? Ca y est je me lance dans les hypothèses ;)

clara15

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Il y a 6 ans

J’aime bien lire ces hypothèses et ce qu’on peut savoir de ce monde, c’est que nous ne pouvons faire confiance à personne...

Lana.M

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Il y a 6 ans

Aie ça yest c'est la merdouille Ton écriture est facile à lire, cest sympa.

Arielle Rock

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Il y a 6 ans

J'aime beaucoup vite la suite 😏

Opi-Pro

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Il y a 6 ans

Oula ! La suite elle est où ?? xD J'aime bien l'idée du temps "réglementé" ça ouvre pas mal de possibilités !

clara15

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Il y a 6 ans

La suite arrive très bientôt :)

Camille Jobert

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Il y a 6 ans

Bon bah elles sont dans la merde ! Est ce le mec du téléphone qui a découvert la perte de tel ou Martha et son organisation mystère ? Où sinon autre chose ?

Gabriele VICTOIRE

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Il y a 6 ans

les descriptions sont bien amenées :) moins de répétitions ici donc la lecture est beaucoup plus fluide, c'est agréable. il y a des coquilles, les malheureuses ;) mais l'intrigue se poursuit en nous accrochant donc bien sûr, on tourne la page !
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