Nyh De maux en mots Chapitre 16:Confrontation(1/2)

Chapitre 16:Confrontation(1/2)

Marie était là, dans la chambre, et les toisait. Sa posture crispée parlait pour elle.


— Est-ce que je dérange ? demanda-t-elle d’un ton faussement poli.


Sa voix était douce, posée… amicale. Mais Marc percevait cette légère hostilité camouflée…


— Non, tu ne déranges pas, lui répondit-il.


Yarah, visiblement mal à l’aise, sortit de la salle de bain.


— Je… Je vais y aller. Bonne fin de journée, murmura-t-elle.


Elle passa devant eux, la tête basse, à nouveau enfoncée sous sa capuche. Devant lui, elle s’autorisait à se montrer, mais face aux inconnus, elle se cachait, cherchant à se fondre dans le décor. Trop de regards qui la dévisageaient et la jugeaient. Marie n’était pas différente.


— À plus tard, lui dit-il.


Elle s’arrêta, leva sa main dans un bref salut et quitta la chambre. À son départ, un silence pesant s’installa ; Marie préparait déjà sa tirade cinglante.


— C’est pour ça ?


Il leva vers la femme un visage interrogateur, un sourcil haut, attendant qu’elle crache son venin.


— C’est pour te taper une petite jeune que tu voulais divorcer ?


— Qu’est-ce que tu racontes ? s’énerva-t-il.


— Un complexe du sauveur, peut-être ? Tu veux la prendre sous ton aile ? Parce qu’avec son visage, elle n’aura jamais plus personne dans sa vie ! Donc tu veux passer pour un preux…


— Ça suffit, Marie ! l'interrompit-il. Ça suffit. Je t’interdis de parler ainsi.


— Oh ? Tu m’interdis ? Tu ne m’interdis rien du tout, menaça-t-elle.


Il se laissa tomber sur le lit, le matelas s’enfonçant sous son poids.


— J’allais te dire que j’étais heureuse de te voir en meilleure forme mais là… je ne comprends pas à quoi tu joues.


Il soupira et préféra ne pas répondre, refusant de s’engager dans une conversation à sens unique avec elle.. Il replaça sa jambe et son moignon sous le plaid et tira vers lui la tablette roulante. Dessus, se trouvaient les documents et les cafés. Yarah n’avait même pas fini le sien.


— Je suis venu te donner la convention à remplir et qu’on voit pour fixer un rendez-vous avec le notaire, expliqua-t-elle sèchement.


— J’ai imprimé la plupart des documents, dit-il. Il manque seulement l’acte de mariage.

Il tendit la liasse de papiers à Marie. Toujours debout, la tête tournée vers la salle de bain, ses yeux plissés étaient rivés sur les mèches au sol.


— Ces derniers jours, je prenais les rendez-vous, je préparais le divorce en plus de mon travail. Et pendant ce temps…


Elle respira lentement, cherchant en elle le calme qui pourrait l’empêcher d’exploser.


— Pendant ce temps, toi, tu batifolais avec une petite minette. Elle a quoi ? Vingt ans ? accusa-t-elle.


Il sentit monter en lui une petite rage silencieuse. Il était blessé, mais pas pour lui. Pour celle que ces mots visaient. Il était habitué à ses remarques rabaissantes sous couvert de bienveillance. Ce n’était jamais des accusations directes, toujours des conseils. Il devrait changer de travail pour gagner plus d’argent. Il serait plus beau avec des vêtements mieux taillés.


Il avait toujours accepté ses défauts, ses remarques acerbes. Mais aujourd’hui, lorsque ces mots ne lui étaient plus destinés mais insultait la jeune femme qui l’avait sorti de sa torpeur et le guidait loin de sa dépression. Il ne pouvait plus rester silencieux.


— Je te rappelle qu’on a rompu, répliqua-t-il durement. Lorsque j’ai demandé le divorce, ce n’était pas juste des paroles. Je te demanderais de ne pas inclure Yarah dans nos disputes.


— Yarah ? C’est comme ça qu’elle s’appelle ? C’est vrai que tu as toujours aimé les pays étrangers…


— Qu’est-ce que tu insinues par là ? gronda-t-il, le regard sombre.


— Rien. Elle est parfaite pour toi. Exotique et défigurée, cracha-t-elle avec amertume.


— Tu prends ces papiers et tu dégages d’ici, ordonna-t-il.


— Tu restes encore mon mari, je pense avoir le droit de m’occuper de toi.


Il saisit ses béquilles et serra les poignées si fort que les jointures de ses mains blanchirent. En ce moment précis, il aurait tout donner pour être sur ses deux jambes et prendre cette femme par le col pour la jeter hors de sa chambre.


Quand est-ce que la haine avait remplacé l’amour ?


Elle comprit alors, à l’attitude de Marc, qu’elle venait de franchir une limite. Pour la première fois depuis des années, il était en colère. Une réelle colère.


— Tu ne m’as jamais laissé te couper les cheveux, dit-elle tout bas en changeant de sujet.


— Et ?


Il se leva. Le dos droit, fier.


— Et elle, tu ne la connais pas, mais tu la laisses faire, continua-t-elle. J’étais quoi pour toi ?


Il vit son menton trembler. Elle avait agi ainsi par un simple mécanisme d’auto-défense alors qu’elle se sentait trahie. Mais cela ne justifiait pas son attitude odieuse vis-à-vis de Yarah.

— Je t’ai aimé, Marie. Sincèrement. Mais c’est fini entre nous.


Il l’observa rouler les papiers dans ses mains, son regard fuyant. Une culpabilité serra son cœur face à la tristesse de sa femme. Après tout, ils avaient partagé vingt-cinq ans de vie commune, dont vingt-deux sous le même toit. Il soupira et s’assit, reposant les béquilles sur le bord du lit.


— Je n’ai pas demandé le divorce pour être avec une jeunette, comme tu le dis, ajouta-t-il d’une voix plus basse et grave, porteuse de son accablement. C’est parce que je devais passer à autre chose. Je… Marie, soit honnête… on était ensemble par habitude, pas parce qu’on s’aimait.


— Peut-être. Je ne sais pas.


Elle se tourna face à lui et il ne put soutenir son regard accusateur. Ses yeux s’accrochèrent à la première chose devant lui : la petite tasse de café du distributeur à moitié vide.


— Tu sembles en meilleure forme depuis la dernière fois qu’on s’est vu, murmura-t-elle dans le silence tonitruant de leurs pensées.


Il hocha la tête, ses lèvres pincées en un semblant de sourire.


— Oui. J’ai décidé de guérir, répondit-il en baissant les yeux vers sa jambe.


— Je suis soulagée.


Dans un coin de sa vision, il l’aperçut approcher sa main. Il pouvait ressentir sa peine qu’elle portait comme un fardeau, ce besoin muet d’être rassurée. Elle se ravisa, ramenant vers elle son poing.


— Je t’enverrais un message pour te prévenir de la date du rendez-vous. Tu penses que tu pourras sortir ? demanda-t-elle.


— Je suppose, oui.


— Très bien, j’attends ta confirmation.


Elle s’éloigna en empoignant sa veste sur la patère et s’arrêta avant de partir.


— Marc ? appela-t-elle.


Il déglutit. C’était le moment de faire preuve de courage. Il leva la tête vers elle et la fixa d’un regard déterminé. Il put voir les yeux brillants de la femme qu’il avait blessée.


— Oui ?


— Je… Je suis désolée. Je… je n’aurais pas dû parler comme ça d’elle.


— En effet, tu n’aurais pas dû.


Il la regarda partir, suivant sa silhouette du regard. Lorsqu’elle referma la porte, un soupir de soulagement lui échappa et son cœur éclata sous le poids de ses émotions. Les larmes, incontrôlables, coulaient sans qu’il ne les en empêche : de soulagement, de colère, de tristesse… Il ne savait pas. Mais cette fois, c’était bien terminé.


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6 commentaires

Juliette Delh

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Il y a 2 mois

Je pensais que Marie ne pouvait pas être plus détestable, et bien je me suis trompée... Elle bat des records dans ce chapitre 😡😡😡😡

Nyh

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Il y a 2 mois

J'espère qu'on sens bien son côté raciste 🤣 à la réécriture, j'ai prévu d'ajouter des détails sur Yarah justement, parce qu'en fait, avec le recul, on ne voit pas du tout qu'elle n'est pas française d'origine 🤣

Juliette Delh

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Il y a 2 mois

on le sens très bien ! Oui, peut-être donner des détails sur la couleur de sa peau lorsque tu décris ses brûlures par exemple :-)

Oswine

-

Il y a 2 mois

Je suis passée me mettre a jour ! Je participe a IMPACT ! N'hésite pas à venir découvrir ce que j'ai fais 🫶
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