Nyh De maux en mots Chapitre 5 : Persévérer (1/2)

Chapitre 5 : Persévérer (1/2)

C’était un trois janvier et le jour qu’elle attendait depuis un mois était enfin venu. Tous ses documents de sorties étaient complets et soigneusement remplis ainsi que le dossier d’entrée dans le centre de rééducation. Cependant, malgré l’excitation de cette petite libération, son estomac se serrait d’angoisse.


Ses parents étaient venus lui rendre visite mais n’avaient malheureusement pu rester. Ainsi, dès qu’ils furent certains que Yarah était entre de bonnes mains, il la laissèrent en lui promettant de revenir la voir dès qu’elle serait installée dans le centre de rééducation. Voir sa fille ainsi blessée avait fait fondre en larme la pauvre mère protectrice et les deux femmes avaient pleuré longtemps ; son père refusait de montrait aussi explicitement sa tristesse et n’avait pu que serrer la main de sa fille.


Son amie la plus proche l’accompagnait aujourd’hui pour sa sortie et ramassait les affaires restantes dans la salle de bain tandis que Yarah finissait de fermer son sac à dos. La rééducation était efficace et elle parvenait désormais à bouger le côté intact de son corps sans grandes difficultés.


— Tout est prêt ?


— Oui, c’est bon, j’ai tout, lui répondit Yarah.


— Parfait, plus qu’à attendre qu’on vienne te chercher !


— Tu peux m’aider avec ça ? demanda-t-elle en désignant son pull.


Avec l’aide de son amie, la jeune femme enfila son sweat à capuche et elles attendirent l’arrivée de l’infirmière ; Roxane, allongée dans le lit à côté de Yarah, faisait défiler des vidéos sur son portable. La jeune femme était soulagée de voir ses amis toujours aussi proches d’elle, la soutenant en permanence. Même si elle ne pouvait pratiquement pas bouger, elle avait au moins, ne serait-ce qu’un peu, l’impression d’être normale.


On frappa à la porte et la petite infirmière brune entra.


— C’est le grand jour ! Tu es prête ?


— Comme on peut, oui, répondit Yarah un peu timide.


L’infirmière changea l’intégralité de la ligne de perfusion et fixa le tuyau par de petits morceaux de sparadrap afin que la jeune femme ne soit pas gênée durant le transport. Elle retira ensuite ses gants et se désinfecta les mains avec une noisette de gel hydroalcoolique.


— On y va ? demanda la femme.


— Oui.


Yarah laissa son amie s’occuper de ses affaires. D’un geste maladroit, elle rabattit sa capuche sur sa tête et replaça quelques mèches de cheveux, masquant une partie de son visage. Elles traversèrent les couloirs, les passants les ignorant totalement et lorsque Yarah se retrouva dehors, dans l’attente de l’ambulance qui la conduirait au centre, elle sentit sur sa peau irritée le froid mordant de la brise de janvier. Elle hoqueta de surprise à la sensation et rit avec son amie.


L’ambulance arriva et Roxanne observa, à quelques pas de là, l’installation de son amie dans le fourgon médical. Les deux ambulanciers la transférèrent sur un brancard adapté et l’attachèrent avec un harnais, prenant soin de ne pas trop serrer les fixations sur les zones sensibles. Une fois installée, Yarah adressa un petit geste de la main à son amie qui lui répondit en levant son pouce.


— On se voit au centre, okay ? Je t’apporte ta valise.


— À tout à l’heure ! répondit la jeune femme avec un sourire un peu crispé que ses cheveux masquaient en partie.


L’un des ambulanciers monta à l’avant et démarra le moteur tandis que le second s’installait à ses côtés et fixait sa ceinture.


— C’est un bon centre, vous y serez bien, lui dit-il pour faire la conversation.


Elle avait encore quelques difficultés pour parler, certains mots parfois mâchés mais, en se concentrant sur sa diction, elle parvenait presque à s’exprimer normalement.


— J’ai lu les avis sur internet.


Le trajet se déroula tranquillement ; l’ambulancier à côté d’elle était de bonne conversation, aimable et agréable. Il y avait près d’une heure de trajet mais elle ne vit pas le temps passer tant il la distrayait en l’emportant dans une visite mentale de la ville au travers des boutiques et paysages à voir aux alentours du centre. Cette conversation, ou plutôt, ce monologue, était bienvenue, lui permettant ainsi de penser à tout, sauf à l’angoisse de rester des mois dans un lieu inconnu, loin de ses amis.


Le véhicule s’arrêta devant les portes du centre et, lorsque son partenaire de conversation ouvrit les portes arrière et la tira hors de l’ambulance, elle respira une grande bouffée de l’air marin vivifiant que l’odeur des algues et de l’iode venait ragaillardir. Elle sentit son téléphone vibrer et lu le message:


“J’arrive, y’a un tocard avec son tracteur qui roule à 10 ! pas de bêtises, je te vois !”


Elle sourit devant l’impatience de son amie et rangea l’appareil. Elle enfonça davantage sa capuche sur sa tête, craignant les regards. Elle salua les ambulanciers et les remercia avant de laisser un brancardier la pousser dans la salle d’attente du centre. La salle était remplie et elle attendit patiemment en prenant son téléphone d’une main ; elle bénissait le créateur de cette option d’utilisation !


Son amie arriva une demi-heure plus tard en pestant et la rejoint elle et le brancardier.


— Bonjour. Tu te rends compte ? Je l’ai eu devant moi pendant vingt minutes ! C’est long ! Mais long ! s’énerva Roxanne à voix basse.


— T’abuses, il faut bien qu’ils bossent.


— Oui, beh pas quand je suis pressée !


Elles rirent discrètement, mais pas assez pour certains patients qui attendaient leur admission. Yarah rangea son téléphone avec difficulté et son amie l’aida avant de sortir le dossier du centre et d’en vérifier la complétude.


— Du coup, c’est bien la chambre classique que tu as prise ? Sans les options ? demanda Roxanne. Même pas la manucure ?


Yarah frotta doucement au travers du pansement, son œil manquant dont la cicatrisation en cours la démangeait depuis déjà quelques jours.


— Non, je préfère te laisser faire ! répondit-elle avec un sourire entendu.


— Aller, deal.


Les portes d’entrée s’ouvrirent et les deux femmes regardèrent le nouvel arrivé et Yarah sentit un pic de tristesse lui serrer le cœur en voyant arriver un homme en fauteuil, une jambe manquante. Son air hagard et sa peau pâle trahissaient clairement une fatigue physique et mentale. Leurs regard se croisèrent et elle lui sourit par empathie tandis qu’une femme le poussait dans la salle d’attente.


— Madame Carding ? appela quelqu’un à l’accueil.


— C’est nous ! annonça Roxanne.


Elle se leva et suivit son amie poussée par l’homme en blouse. Yarah adressa un signe de tête à l’homme en fauteuil, se sentant obligée de le saluer après avoir croisé son regard durant un temps un peu trop long pour ne pas sembler insistant.


Elle reporta son attention sur la secrétaire médicale qui prit le dossier tendu par Roxanne et compléta les informations de sa base de données.


— Yarah Carding, c’est bien ça ?


— Oui.


— Très bien, donc… Formule une sans options… Parfait, c’est complet.


La femme tendit à Roxanne le dossier et sourit à Yarah.


— Bienvenue au centre.


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10

10 commentaires

Juliette Delh

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Il y a 2 mois

Je suis tellement contente de voir que Yarah peut compter sur Roxanne, leur amitié fait du bien au moral ^^

Ella R Hart

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Il y a 3 mois

Un peu plus de dog rue dans ce chapitre je trouve. C’est agréable et ça contraste bien avec Marc et Marie

Mad May

-

Il y a 4 mois

Ce chapitre réchauffe le coeur ! La lectrice en moi est heureuse de voir Yarah bien entourée. ça contraste avec les prises de bec entre Marc et sa femme. même si elle risque de traverser des moments de blues intenses après son arrivée dans le centre...

Dystopia_Girl

-

Il y a 4 mois

petit coup de pouce:)
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