lea.morel De la neige pour Noël 1.2 - Alma

1.2 - Alma

— Quoi ?! s’étonne-t-elle.


— Dans ma tête…


Elle tape de son doigt sur ta tête.


— T’es toc toc ma parole. Allez, à demain.


Elle me fait un signe de la main, s’en va, et sa chevelure de lionne disparaît. Je récupère mes affaires dans mon casier et file dans ma voiture où j’y mets le chauffage à fond.


Je vais enfin sourire, pour la deuxième fois de la journée. La première fois, c’était ce matin, au moment où j’ai déposé mon frère à l’école.


— Bye Alma, je t’aime, il criait.


J’ai souri tellement fort que je m’en suis fait mal aux joues.


— Bye Lucas, je t’aime.


Il m’a fait signe avant de courir dans les bras de ses copains, je l’ai regardé quelques minutes s’éclater, me disant qu’il devait être heureux et que j’étais en train de réussir.


— Madame Grey, vous allez bien ?


Oui, c’est sa maîtresse qui a dû me sortir de mes pensées et me virer de l’école. J’étais en train de phaser devant Lucas et ses copains.


Quand je passe à l’école ce soir, Lucas me saute dans les bras.


— Mon lulu d’amour, lui dis-je en le serrant plus fort dans mes bras.


— Almouille ! Tu as vu, maman nous fait signe ! crie-t-il en montrant la neige qui tombe du ciel.


J'acquiesce de la tête tristement.


— Tu m’as manqué aujourd’hui. Il faut que je te raconte quelque chose !


Lucas est le roi des potins. Je lui ébouriffe ses cheveux noirs, avance vers la voiture en écoutant tous les potins d’aujourd’hui. Nous arrivons dans notre trop grande maison pour nous deux. Et poky, bien sûr, notre chat. Je dépose mon sac ainsi que celui de Lucas sur la table en bois et nous courons dehors, sous la neige. Avec maman. Lucas tourne sur lui même, les mains en l’air, en regardant vers le ciel.


On adore jouer dans la neige, encore plus depuis que maman est partie. On s’amuse pour elle. Et on sait pertinemment qu’elle est là. Qu’elle joue avec nous.


— Maman me manque, tu sais, se confie Lucas en me lançant une boule de neige sans grande conviction, si bien qu’elle ne me touche même pas.


— Je sais, mon lulu. Mais elle est avec nous. Je suis sûr qu’elle voudrait que tu rigoles en m’agressant de boule de neige, ou en faisant un bonhomme tout moche.


— Il ne sont pas moches, mes bonhommes de neige ! se défend-il. Tu sais… tu n’arrêtes pas de dire qu’elle est toujours avec nous, mais… si c’était vrai, je n’aurais pas eu un papa méchant pendant un an.


Une larme silencieuse dévale sa joue, je cours vers lui, me mets à genoux en le prenant dans mes bras, avant que ce ne soient mes larmes qui dévalent mes joues.


— Je suis si désolé, Lucas. Je suis désolée de ne pas être arrivée plus tôt. Je m’en veux tellement.


Il me prend le visage entre ses mains emmitouflé par ses gants froids. Ses petites joues sont rougies et ses petits yeux s’arrondissent. Ses pouces essuient mes larmes.


— Ce n’est pas ta faute. C’est la faute du monstre.


Nous avons décidé d’appeler notre géniteur “le monstre”. Car ce n’est plus notre père, à présent. Il a fait vivre à Lucas un enfer pendant un an. Un an durant lequel j’ai essayé de me battre pour l'avoir, mais rien n’a fonctionné. Jusqu'à ce que j’aie ce travail bien payé.


Nous continuons à jouer dans la neige pendant une bonne heure. À se balancer des boules dans la figure et à faire des anges par terre.


— Nous sommes des anges, comme maman.


J’ébouriffe le bonnet de Lucas. Il n’est plus triste quand il pense à maman. Je vois que son petit nez devient tout rouge, ses petites dents claquent entre elles, alors on décide de rentrer. Je vois mon petit-frère faire un signe vers le ciel. Il dit au revoir à maman.


On fait tomber nos manteaux par terre, caressons un peu Poky et filons vite sous une bonne douche chaude. Lucas opte finalement pour un bain. Une fois les douches finies, nous descendons, jouons à des jeux de société, regardons la télé, puis finissons au lit.


C’est comme ça tous les jours, depuis bientôt un an. Je m’y fais… ou pas.


J’ai peur pour la suite. J’ai peur pour moi. J’ai peur pour Lucas.


Et maman nous manque.


Les mois s’écoulent, plus vite que je ne le pensais, durant lesquels la routine est toujours la même. Rien ne change, à part ma dépression et aussi ma maladie qui s’accentue de plus en plus. À part le fait que j’aime de moins en moins mon boulot. Toute mon envie s’écroule. Nous sommes en juin. J’aimerais partir en vacances avec Lucas. Ça nous ferait beaucoup de bien. Il faut que je demande quelques jours à mon chef.


— Alma, tu es attendu dans le bureau du chef, me sort encore une fois de mes pensées un collègue dont j’ignore même le prénom.


Cette annonce tombe à pic, je devais justement lui parler.


Aucune réaction de ma part, je ne le regarde même pas et marche vers le bureau du matcho misogyne.


Cette journée est plus qu’infernal. Ce matin, je ne me suis pas levé. Lucas était en retard à l’école… et moi au boulot. Ce n’était vraiment pas le jour au vu de ce que m’a dit mon chef durant les deux derniers mois. Je n’y peux rien si je n’ai fermé l’œil de la nuit qu’une heure avant que mon réveil sonne…


Arriver devant, son nom trône sur la table en bois. À vomir. Je m’assois sur le petit fauteuil à roulette en face de lui, sans même un bonjour, attendant ce qu’il a à me dire. Il croise ses mains devant son visage, en curent discrètement son nez.


— Bonjour Alma.


Je ne réponds rien, sachant pertinemment ce qu’il va me dire. Il va me virer. Et je vais perdre la garde de Lucas.

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