Zoé Sonobe (zizogoto) De l'autre côté du masque Nédusie

Nédusie

La lumière est tellement prenante que mes yeux frétillent avant de s'ouvrir. Ils sont rapidement éblouis, ils clignent plusieurs fois avant de se faire à la luminosité. Je m'appuie sur mon bras et relève le haut de mon corps. Je me frotte les yeux afin d'y voir plus clair. Alors que ma vision se précise davantage, mon cerveau tente d'assimiler toutes les informations qui l'entourent. Je n'arrive pas à reconnaître le lieu. Je suis dans une pièce entièrement blanche. La seule fenêtre présente est ouverte. Je m'approche d'elle et aperçois des enfants courant et jouant sur une place où le sol beige bétonné est recouvert d'étranges cercles de toutes tailles s'entremêlant. Les enfants portent tous de longues robes blanches avec de larges bandes ocres sur les contours du design. Où ai-je bien pu tomber ? Suis-je en train de rêver ? Je le vérifie en me pinçant le bras. Aïe. Oui, je ressens la douleur, je ne suis donc pas dans un rêve. Je m'approche alors de la porte qui se trouve être la seule issue possible pour ma taille. Je tourne la poignée ronde, de couleur ocre, elle aussi et quitte la pièce dans laquelle j'étais pour me trouver dans un couloir beaucoup plus coloré.


Alors que la pièce où je m'étais réveillée avait pour seule couleur le blanc, le couloir me paraît être beaucoup plus décoré et plus "normal". Des objets de toutes les couleurs sont disposés sur des meubles marron et noirs. Pour dire, la personne ayant fait la décoration n'a pas beaucoup de goût : tous les styles sont mélangés et rien ne va en harmonie. Je préfère encore les meubles blancs presque invisibles à cause des murs de la même couleur de la pièce précédente. Je me déplace dans le couloir avec pour vitesse la cadence d'une tortue. Arrivée au bout du couloir, j'ouvre une nouvelle porte qui donne sur l'extérieur. Je pose mon pied droit sur le béton. Je sens alors la chaleur du Soleil et la douceur du vent sur mes bras nus. Les enfants que j'avais aperçu un peu plus tôt passent devant moi en shootant dans un ballon. Des rires fusent et j'ai comme une vague de liberté qui s'empare de moi en les voyant jouer. Ils ont l'air tellement heureux.


Je m'avance et m'expose entièrement aux rayons de l'étoile. Je marche sur les cercles dessinés et regarde autour de moi, ne reconnaissant toujours pas l'endroit où je me trouve. Je n'avais jamais vu cet endroit. J'en suis sûre et certaine. Pourtant, je m'y trouve sans avoir une quelconque idée sur la façon dont je suis arrivée ici. Malgré ce monde inconnu qui s'offre à moi, je ressens de la légèreté. Le calme remplace l'anxiété qui serait pourtant bien plus appropriée. L'un des bâtiments, tous de la même couleur que le béton au sol, attire mon attention. Je m'en approche jusqu'à pouvoir lire la pancarte se trouvant sur sa devanture : "Médium et conseiller, je suis là pour vous aider". Je suis encore en France, ça me rassure, même si je n'avais jamais eu vent d'un tel endroit hors du temps. Je décide d'entrer, peut-être que cette personne saurait me venir en aide. Elle pourra sûrement me donner le nom de la ville en premier lieu et même si je ne pense pas qu'elle saura comment je me suis retrouvée ici, elle saura en revanche comment quitter cet endroit pour rentrer chez moi.


Une vieille cloche retentit lorsque je rentre, la même que dans une apothicaire ou dans un magasin qui propose un tas d'antiquités plus âgées que Néfertiti. Je m'avance entre les étalages et essaient de ne rien faire tomber. Je suis donc chez un médium antiquaire, tout va pour le mieux. Arrivée au bout de la boutique, devant le comptoir, je ne vois toujours personne. Je décide donc d'appuyer sur la petite sonnette posée devant moi. En quelques secondes seulement, un homme, brun, aux yeux marron, sort d'une pièce cachée par un rideau de perles. Il me sourit gentiment, et contrairement à ce que je pensais, il n'est pas une vieille femme avec des cheveux frisés se baladant avec une boule de cristal pour lire l'avenir du plus offrant. Au contraire, j'ai affaire à un homme ayant la vingtaine. Il porte une longue tunique violette avec des arabesques dorées sur un pantalon de la même couleur. Il s'avance vers moi, le sourire aux lèvres.


— Je t'attendais, tu as mis trois minutes de plus que prévu, me lance-t-il sans un seul bonjour.


— Vous... Vous m'attendiez ? Comment ça ?


— Je savais que vous viendriez me voir pour me poser des questions sur l'endroit où vous vous trouvez. Je suis sûre que cela vous plairait grandement si je vous donnais quelques informations sur ce lieu.


Comment peut-il savoir ? Je regarde mes vêtements, ils ont dû me trahir. Pourtant, je me retrouve surprise à remarquer que je suis habillée d'une longue robe blanche m'arrivant en-dessous du genou. Je n'ai pas le souvenir d'avoir une telle robe en ma possession et encore moins m'être réveillée avec. Mon regard interrogateur le fait sourire.


— Venez donc. Je vais tout vous expliquer, reprend-il.


Il me fait signe de m'avancer vers la porte de sortie tout en me souriant chaleureusement. Il n'a pas l'air méchant, mais je ne suis pas non plus à l'aise avec toute cette histoire. J'ai toujours détesté ne pas comprendre.


— Vous avez raison. C'est quelque chose que vous haïssez.


Je m'arrête alors que j'allais sortir de la boutique.


— C-Comment ?! Comment pouvez-vous savoir à quoi je pense ?


— Je suis médium, ma chère enfant.


— Vous n'êtes pas si vieux, ne m'appelez pas ainsi ! Et si vous avez une sorte de don de télépathie, merci de ne pas en user sur moi !


Il sourit toujours. C'en est presque dérangeant, pourtant, il n'a pas l'air bien méchant. Je répète cette phrase plus pour me rassurer que parce que j'en suis convaincue. Je n'arrive pas à le cerner.


— C'est à vous de voir si je suis une bonne personne ou non. Vous avez bien l'habitude d'analyser le comportement des autres, non ?


— Bon sang ! Arrêtez de lire mes pensées ! C'est une chose bien trop intime !


— Je tâcherai de ne plus le faire.


Il me demande de façon toujours muette de le suivre, ce que je fais sans trop d'hésitation. Au point où j'en suis, autant essayé de sortir de ce pétrin grâce à l'aide de cet homme. Nous traversons la place et nous nous arrêtons devant le bâtiment d'où je suis sortie si je me souviens bien. Il se retourne et me dévisage un instant avant de pointer les enfants du menton.


— Vous voyez leur tenue ? Imaginez au plus profond de vous même autre chose que cette tenue.


Même si sa demande me paraît bizarre, je m'exécute. Je ferme les yeux et imagine chacun des enfants avec des tenues différentes comme dans mon lycée. Je rouvre les yeux et découvre que les enfants ont les mêmes vêtements que ce que j'avais imaginé. Je regarde le médium bouche-bée.


— Mais... Qu'est-ce que c'est ?


— Cet endroit n'est pas comme les autres. Nous ne sommes pas en France.


Il me fait entrer dans la maison et me guide vers la chambre épurée. Je réitère l'expérience et le même spectacle se dessine devant moi : un nouveau décor.


— Où suis-je alors ?


— Sur Nédusie.

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10

10 commentaires

cedemro

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Il y a 4 ans

Intéressant comme entrée en matière. J'aime l'idée d'un monde parallèle piloté par l'imaginaire...

Zoé Sonobe (zizogoto)

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Il y a 4 ans

Merci beaucoup ^^ J'espère que la suite t'a plu^^

cedemro

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Il y a 4 ans

La suite m'a beaucoup plu en effet !

fabi72

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Il y a 4 ans

Très original, hâte de lire la suite.

Zoé Sonobe (zizogoto)

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Il y a 4 ans

Merci !

PhoebeB

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Il y a 4 ans

Intéressant ce premier chapitre. Je continue, il a éveillé ma curiosité 😊😊

Zoé Sonobe (zizogoto)

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Il y a 4 ans

Oh c'est vrai ? Trop contente haha ^^

PhoebeB

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Il y a 4 ans

Oui, oui ^^
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