Samantha Beltrami De l'au-delà. Siloë

Siloë

La veille au soir, j'avais eu enfin droit de quitter l'hôpital pour rentrer chez moi. L'idée de retrouver ma mère et son regard dédaigneux sur moi ne m'emballait pas du tout. C'est pour cette raison que j'avais prie la décision de retourner en cours aujourd'hui même. Tant pis pour le repos, tant pis pour les bonnes résolutions.


Pour moi, le lycée représentait un échappatoire sur ce qui se passait chez moi, sur le cauchemar que la femme qui m'avait mis au monde me faisait vivre constamment. J'avais besoin de m'y rendre, de me sentir entourés de toutes ses personnes même si je n'étais pas la bienvenue ici, je me disais qu'au moins je pouvais me cacher, chercher un moyen de fuir les problèmes.


Quand j'arrivais au lycée, je fus convoqué dans le bureau du directeur, je pensais tout de suite qu'il s'agissait d'un entretien suite à ce qui m'était arrivé. Sans doute allait-il me poser tout un tas de questions auxquelles je n'avais pas forcément toutes les réponses. J'avais moi-même refait l'histoire un bon nombre de fois pour comprendre comment j'avais pu m'en sortir, alors que cette veste m'était totalement inconnue. Pourtant, j'étais certaine que j'avais été enfermé par les copines de mon frère, ces pestes étaient prêtes à tout pour me faire vivre l'enfer.


- Mademoiselle, pouvez-vous me suivre s'il vous plaît ?


Je me levais de ma chaise alors que je faisais face au directeur, un homme grand et élancé, plutôt séduisant. Je le trouvais bien jeune pour être déjà directeur d'un lycée et pensais tout de suite qu'il pouvait s'agir d'un piston ou bien que tout simplement il était plus âgé qu'il ne le laissait paraître. Je le suivais et prenais place sur la chaise qu'il m'indiqua alors qu'il se mit face à moi.


- Alors, comment vous sentez-vous, Siloë ?


- Je vais bien, je peux reprendre les cours.


- Hum, vous en êtes certaine ?


- Oui, y a t-il un problème ?


- Et bien pour être franc avec vous Siloë, nous ne savons pas ce qui à pu se passer dans les vestiaires et nous pensions que vous auriez peut-être une idée de ce qui vous est arrivé. Sachez que nous comprenons tout à fait que vous ne vous sentiez pas de revenir tout de suite après ce qui s'est passé c'est compréhensible.


- Monsieur, sachez que j'ai envie d'être là et que j'ai réellement besoin de reprendre les cours. Ensuite, pour vous répondre, je ne sais pas comment c'est arrivé ? Peut être que le froid a bloqué la porte ou qu'elle s'est retrouvée bloqué à cause de la poignée bloquée. Je ne me souviens pas bien de ce qui est arrivé.


- Je vois. Siloë, je vous trouve courageuse de revenir si vite et si vous avez besoin de quoi que ce soit n'hésitez pas à frapper à ma porte. Ainsi que si quelque chose d'important vous revenait.


- Très bien, monsieur. Puis-je aller en cour maintenant ?


- Oui, bien entendu, je vais vous donner un mot pour votre retard.


Je le regardais prendre un bout de papier et y noter quelques mots pour mon professeur tandis que je me sentais pressé de rejoindre mes petits camarades et de pouvoir détailler leurs visages lorsqu'il me verrait. Je voulais lire la crainte dans le regard des filles à l'idée que je puisse les dénoncer. La surprise dans le regard des garçons que je sois encore là à leur faire face malgré tous ces essaies d'intimidations. Je l'avais décidé, je n'allais plus avoir peur et je ne voulais plus fuir. Je fuyais déjà ma mère alors tout comme Silas, je voulais devenir quelqu'un d'autre au moins ici au lycée.


Trois petits coups contre la porte de la salle de cour et la voix de mon professeur m'indiquant d'entrée. Mon regard cherchant celui de toute la petite bande de Silas, alors que je donne le mot. Puis la confrontation entre Hadès et moi, je le lis dans son regard à l'instant où il lâche son stylo pour me dévisager. J'ai compris et il a compris, longuement nous nous dévisageons silencieusement alors que je resserre la veste contre moi comme si je m'y réfugiais.


Regarde moi Hadès, je la porte ta veste, cette veste avec laquelle tu m'as sauvé. Comment t'en sortiras-tu maintenant que je sais ? Je sais que tu n'es pas l'être abominable que tu te donnes l'apparence d'être. Être enclin à la douceur et la délicatesse d'une âme fragile et touché par le corps nu d'une jeune fille triste et seule, morte de froid. Froid qui me paralyse le corps lorsque je me rends compte que tu m'as laissé seule dans les bras des médecins, qui tu as fuis en me laissant après m'avoir aidé. Que suis-je censée penser de toi quand tu passes d'un garçon sauveur et angélique à celui d'une âme damné par tous les mauvais actes que tu as commis.


- Siloë, vous pouvez aller prendre place, content de vous revoir.


Je hoche la tête, offrant un joli sourire à mon professeur de français. Je marche dans l'allée pour rejoindre ma place au fond de la salle et je quitte le regard d'Hadès. Je suis assise juste derrière lui, alors je vois la tension dans sa nuque, ses épaules voûtés et sa tête baissée.


Le cour m'a semblé durer une éternité parce que je n'étais obsédée par Hadès, la façon qu'il avait de toujours me sauver la vie. Il y avait eu l'enterrement lorsqu'il m'a évité de m'écrouler puis le camion qui avait faillit nous tuer tous les deux. Maintenant, les vestiaires.


Silas, est-ce que tu y étais pour quelque chose ? Faisais-tu en sorte de nous mettre toujours sur le même chemin tous les deux, essayes-tu de me dire quelque chose ? Je sursaute lorsque la sonnerie se fait entendre, prise dans mes questionnements, je me rends compte qu'il est déjà parti. Frustré, je quitte les couloirs et je décide de me rendre là où je vais habituellement : sur le toit.


Une fois là haut, je me laisse envahir par ce bol d'air qui me fait chavirer, les bras grands ouvert et je me laisse aller. Je m'écroule sur le sol, à bout de force psychologique parce que je ne sais pas ce que tu attends de moi, Silas ? Reviens, s'il te plaît, explique moi à quoi on joue cette fois-ci parce que j'ai tellement mal à la poitrine, les battements de mon cœur ont ralentit depuis que tu n'es plus là.


- Siloë.


Surprise, je ne bouge pas alors que je sais qu'il est là, juste derrière moi. Je connais le son de cette voix, la même que dans les vestiaires. Tout me revient doucement, comme si le brouillard se levait petit à petit. Je vois le visage d'Hadès me prenant contre lui, ses mains sur ma peau et son souffle chaud dans mon cou. Je frémis et me tourne pour l'affronter.


- C'était toi.


Il me regarde longuement, je sens son regard glisser sur moi de la tête au pied. Je réalise qu'il m'a vu nue et je rougis malgré moi ce qui le fait sourire. Je n'ai jamais réalisé combien il avait un si beau sourire qui efface tout le froid que dégage ces traits. Il est beau, je voudrais lui dire qu'être grec est de la triche, mais je n'en fais rien parce que je ne comprends même pas pourquoi je me sens tout à coup fragile face à lui. Les joues rougit, les mains moites, je joue nerveusement avec celles-ci parce que je comprends que j'ai toujours su que c'était lui.

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5 commentaires

Samantha Beltrami

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Il y a 7 ans

Tel est la question :)

AuréliaV.Delphis

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Il y a 7 ans

Toujours très beau. J'aime beaucoup ce rapprochement tout en délicatesse. Va t elle réussir à le changer ?

Myjanyy

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Il y a 7 ans

Le rapprochement est joliment tourné c'est pudique et tendre à la fois. Je me demande maintenant ou tu vas nous mener puisque leur attirance mutuelle est pour ainsi dire déjà à moitié avouée... Quelques coquilles toujours mais rien de bien méchant avec une bonne relecture !

Samantha Beltrami

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Il y a 7 ans

Ahhh tu vois tout peut arriver !! Oui ils sont compliqué mais mignon.

BbyBarbie

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Il y a 7 ans

Il y a tellement de belles phrases dans ce chapitre ! Ils sont très mignons ces deux-là, j'aime beaucoup leur relation :)
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