LettersByLetters Dark Love 37

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Roxane


Je prends une grande inspiration en fermant les yeux. Mes cheveux noirs collent à ma peau inondée par mes larmes. Ayden me dégage alors le visage, et je rouvre directement les yeux. Je m'appuie contre sa main. Mon cœur bat à mille, et je suis sûre que le sien aussi. J'ai peur de mon histoire, j'ai peur qu'il ne comprenne pas. Je suis toujours blessée par ces évènements - je le suis bien, mes poignets ne montrent pas le contraire.


_Prends ton temps, me dit-il.


_Mes parents sont décédés dans un accident de voiture. Les deux, je lâche.


Je baisse le regard, honteuse. Ayden pose son pouce sous mon menton et je relève la tête.


_Continue Roxane.


_Ils rentraient la nuit de chez des amis, et une voiture ne s'est pas arrêtée au feu rouge. Elle a foncé dans celle de mes parents. Mon père est mort sur le coup, mais pas ma mère. On a réussi à l'emmener à l'hôpital, mais elle est décédée dans le bloc opératoire. Quand les policiers sont venus nous dire la nouvelle, j'étais petite, je ne comprenais pas. C'est à ce moment là que mon frère s'est perdu lui aussi. Il a commencé à être désagréable envers moi. Il ne me frappait pas physiquement, mais le faisait verbalement. Aujourd'hui, il a changé, il s'est calmé, mais je ne lui pardonnerais jamais. C'est au moment où j'avais le plus besoin de lui qu'il n'était pas là. J'ai dû apprendre à me débrouiller toute seule. On a eu une aide sociale, mais c'était de la merde. Aucun membre de notre famille voulait de nous. Mes parents ne s'entendaient plus avec les leurs depuis un moment. On a coupé les ponts avec l'aide sociale lorsque mon frère a atteint la majorité et on se débrouillait bien mieux sans. Le collège voulait m'aider aussi, mais je n'y suis pas allée pendant un mois. J'ai reprit l'école après m'avoir inscrite au club. C'est là que j'ai réussi à me retrouver, grâce à eux. Même si le patron ne pense qu'à l'argent, il m'a sauvé la vie.


Il acquiesce doucement. Dès qu'un proche annonce la mort d'une personne importante, c'est toujours dur de savoir comment réagir.


_Je ne sais pas quoi te dire Roxane. Merci de m'avoir fait confiance, en tout cas. Je suis là pour toi, tu le sais. Sache que tu n'as pas été abandonnée, ils t'aimaient, c'est sûr et certain. Maintenant, je ne vais plus te lâcher. Je suis là pour toi. Leur décès n'a rien à faire avec toi. Ce n'est pas de ta faute.


Je lui accorde un sourire triste. C'est ça l'ironie du jeu : Mes parents me manquent, mais je ne peux rien y faire. A chaque fois que je pense à eux c'est comme si j'étais bloquée dans le passé. Je vois leur visage mais je ne peux pas les toucher. C'est un manque constant : Le matin au réveil, le midi, l'après-midi et le soir. Dès que j'aperçois des enfants avec leurs parents dans la rue, ça me rend jalouse - j'aimerais remonter le temps et dire aux miens que je les aime, mais c'est peine perdue. Je les aie perdus à jamais, et plus rien ne me rapproche d'eux , tout m'en éloigne et la mort en est la principale actrice. Parfois ça m'arrive de me dire que je ne les méritais pas, qu'ils étaient trop bons pour moi.


Ayden pose une main sur ma cuisse.


_On est dans la même merde. Je ferais tout pour retrouver ma mère. Pour retrouver l'odeur de son parfum. Tous ces détails nous manquent que quand ils ne sont plus là.


J'acquiesce.


_On déprime tous les deux là ? je demande avec un léger rire.


_Je crois bien oui, répond-t-il. Au moins, on n'est pas tous seuls, c'est déjà ça, me répond-t-il avec la même énergie.


J'acquiesce une seconde fois.


_Merci en tout cas de m'avoir écoutée. Tu es compréhensif et très agréable, dis-je.


Ayden m'envoie un sourire de remerciement et il me prend dans ses bras. Ce contact physique me fait plus de bien que je l'aurais cru. Son odeur masculine chatouille mes narines. Je le serre alors plus fort et je niche ma tête dans son cou. Ça fait longtemps que je n'ai pas eu de contact aussi doux comme celui-ci, et ça me libère. J'ai refusé de nombreuses relations par peur de m'attacher et d'être abandonnée encore une fois. J'ai mis des barrières mais Ayden semble être le seul à les faire tomber. Je me sépare de lui après de longues secondes, et je sèche mes larmes. Je plonge mes yeux dans ses iris bleues. Il me sourit tristement et pose une main sur ma joue.


_Pourquoi tu as fais ça ? me dit-il en me montrant les marques sur le poignet.


Je hausse les épaules. Bien sûr que je sais, mais je ne préfère pas lui dire maintenant. C'est trop délicat.


_Ne me dit pas que tu ne sais pas. Tu viens de tout m'expliquer à l'instant. Dis-moi en plus, s'il te plaît.


Ses yeux me transpercent. Ayden est un homme très à l'écoute et compréhensif. Je peux lui faire confiance.

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