Fyctia

Roxane

Mon rendez-vous avec le blondinet est dans quelques minutes. En y repensant, j'ai oublié de demander son prénom. Mais je ne suis pas la seule. Lui aussi il a oublié de demander le mien, à ce que je sache.

Je ne suis pas le genre de fille qui stresse par ce qu'elle ne sait pas comment s'habiller, se coiffer, se maquiller et toutes ces genre de conneries. Ça fait bien longtemps que je ne m'en préoccupe plus - avant le pire moment de ma vie, j'étais comme ces filles-là. Je jetais toujours un dernier regard dans le miroir pour m'assurer que tout était parfait avant de retrouver le prince charmant de ma soirée. Maintenant, tout ça est terminé, et heureusement. Maintenant, c'est robe et talons hauts. En plus ça me faisait perdre du temps... même si j'avoue que de se faire attendre est une bonne idée. J'avale ma salive, et je préviens mon frère que je pars.

_Tu vas où? me demande-t-il en fronçant les sourcils.

_A mon rendez-vous, je t'ai déjà prévenu, en plus.

_Ouais, comme à chaque fois, dit-il ironiquement. (Je lève les yeux au ciel.) Tu ne vas pas danser?

Oui, mon frère est au courant - les rumeurs vont vite dans notre lycée. Mon frère ne savait pas ce que je faisais, au début. Il a fallu qu'un soir un pote à lui vienne dans mon lieu de travail - il pote m'a vue sur l'estrade, il a prévenu comme un gros bâtard, et le lendemain Alexander m'a vraiment engueulé devant tout le monde. Il m'a même insulté de pute, mais il ne le pensait pas vraiment. La preuve, il est venu le soir même pour s'excuser de m'avoir offensée mais pas de m'avoir engueulé. Beaucoup d'autres personnes sont au courant, aussi, mais ça ne me gêne pas. Rien ne me gêne.

_Non Alec.

_Tu y vas après?

_Oui, c'est ça, je mens. Bon, je peux partir ou bien tu vas encore me poser des questions?

Ses deux potes sont toujours là, et je les entends rigoler derrière. Y'a quoi de drôle? Mon frère soupire, et croise les bras sur sa poitrine. Il s'est carrément positionné devant la porte pour m'empêcher de partir, mais il décide enfin à se décaler pour me laisser filer. Comme toujours.

Je sors dehors, et la brise légère me fait du bien. Je prends une bonne bouffée d'air et je me mets en route. Le blondinet m'a donné rendez-vous devant la mairie à 19h30.

_Salut, lui dis-je.

_Salut, t'es belle ce soir, dit-il en un clin d'œil.

_Merci, lui dis-je en lui rendant son clin d'œil. Alors, où est-ce que tu veux aller manger?

_Je pensais aller chez moi? Je nous ai fais un plat fait maison.

_Ça me va, dis-je en souriant.

_Elle est grande ta maison! m'exclamai-je la détaillant. Elle est vraiment sublime, j'adore ta déco.

_Merci, dit-il en rigolant. Ma mère est un peu accro à la déco. (Il se gratte la tête, visiblement gêné.) Puis, disons que je viens d'une famille aisée.

_Je vois ça, dis-je en rigolant.

_Tu veux manger ou faire quelque chose avant?

_Je ne sais pas, comme tu veux. Regarder un film, par exemple.

Il acquiesce, et il se dirige vers la bibliothèque de son salon. Énormément de livres y sont rangés, mais aussi énormément de DVDs.

_Tu veux regarder quoi?

_Je ne sais pas. Qu'est-ce que tu me propose?

_Men in black, Insaisissable, Titanic (Il rigole légèrement.) Tu ne tueras point, Fight club, on a toute la saga seigneur des anneaux on a aussi Interstellar, Diversion, Intouchables et puis pleins d'autres. Alors?

_Je ne sais pas. Je ne regarde pas beaucoup de films. J'en ai visionné quelques uns de ta longue liste, mais pas tous. Diversion, c'est quoi l'histoire?

Il prend la pochette du DVD et me fais lire le résumé. L'histoire me plaît, et il y a Will Smith, alors pourquoi pas?

_Je marche pour ce film, dis-je.

Il me sourit. Il allume sa télévision et il entre le DVD dans le lecteur. Après quelques secondes, l'écran s'anime et nous pouvons regarder le film.

_Alors qu'est-ce que tu en penses? dit-il quand l'écran devient tout noir.

_C'était génial. Sérieusement. J'adore la tournure du film. Will Smith joue vraiment bien en plus, mais j'avoue que c'était un peu dur à suivre.

Il rigole. Il passe une main dans ses cheveux épais et longs.

_J'ai oublié de demander ton nom comme une grosse débile, dis-je.

_Moi je sais que tu t'appelles Roxane, dit-il en un clin d'œil.

_Non, sérieux. C'est quoi ton prénom?

_Je te demande une faveur en retour.

Je soupire en levant les yeux en l'air.

_Tout ce que tu veux, dis-je.

_Je veux que tu m'embrasses.

_Je te demande pardon?

_Embrasses-moi, dit-il plus sérieusement.

Je souris et je me tourne en face de lui.

_Tout ce que tu voudras, dis-je.

Je plonge mon regard dans le sien, ses yeux verts m'hypnotisent. Avec les miens, je fais des allers-retours entre les siens et ses lèvres. Je ne sais pas à quel moment ça s'est passé, mais nos visages se sont rapprochés. Je sens le souffle chaud de ses lèvres contre les miennes. Je noue une de mes mains dans ses cheveux bouclés. Il penche de plus en plus sa tête vers la mienne, et quand ses lèvres rencontrent les miennes, le baiser se fait d'abord doux. Ses lèvres le sont aussi, et putain de merde qu'il embrasse bien. Le baiser devient de plus en plus profond et sa langue demande accès à la mienne, et je la laisse volontiers. Il grogne, et ça fait d'autant plus augmenter mon excitation. Il m'allonge sur le canapé et passe une main sous mon tee-shirt. Je l'incite à franchir le pas, mais il recule. J'ouvre immédiatement les yeux.

_Qu'est-ce qu'il y a?

_J'ai juste dis "embrasser". Chaque choses en son temps, poupée.

Je rigole en levant les yeux au ciel.

_Comme tu voudras, mais tu ne sais pas ce que tu rates.

_Oh mais je fais face à une fille sûre d'elle, alors.

_Plus que tu ne le crois, dis-je en rigolant.

Il rigole à son tour, et il me propose d'aller manger. J'accepte, et je le suis jusque dans la cuisine.

_Tu as faim? me demande-t-il.

_Oui, je crève la dalle, dis-je en me frottant les mains.

_Ne t'inquiètes pas, tu vas te régaler, dit-il en m'adressant un clin d'œil.

_Du coup tu ne m'as même pas donné ton prénom, dis-je.

_Ah oui, c'est vrai désolé. Je m'appelle Colin.

_J'adore, tu es américain?

_Mon père a rencontré ma mère à Los Angeles pendant une rencontre professionnelle. Coup de foudre, dit-il en rigolant.

_Tu y crois?

_À quoi?

_Aux coups de foudres, dis-je.

_Oui, la preuve mes parents en eu ont un. Mais je pense que c'est rare. Et toi, tu y crois?

_Je pense pareil que toi.

Il acquiesce, et je profite de ce généreux moment de silence pour prendre une bouchée de son gratin dauphinois.

_C'est grave bon, ton gratin! dis-je.

C'est vrai. Son gratin n'est pas trop chaud, les pommes de terre sont parfaitement cuites, et la sauce est à tomber.

_Merci. J'ai aidé ma mère pour la cuisine. Mes parents savent que tu es là ce soir, et elle voulait que tout soit parfait. Elle croit que c'est une sorte de rencard. Elle pense que je flirte avec toi depuis longtemps.

Je rigole.