Fyctia
- Chapitre 12-
- Tu sembles ailleurs, remarqua Godrik alors qu’il m’attrapait la main.
Le contact de ma peau contre la sienne me tira de mes pensées et me procura une drôle de sensation. J’eus l’impression que des éclairs me traversaient de part en part et visiblement, je n’étais pas la seule. Une grimace se dessina sur le visage de mon cavalier.
- Les paroles de Calliopé m’ont légèrement troublé, chuchotais-je. Qui êtes-vous Godrik Bort ?
Son envie de me faire tourner en bourrique revint à la charge. Ses yeux pétillaient de malice, il savait pertinemment que je connaissais presque la réponse et il n’était pas prêt à me donner la solution. Il dut se mordre les lèvres tellement, l'envie de me titiller était forte.
- Je te retourne la question, gloussa-t-il en m’attrapant par la taille et en me basculant, sans me prévenir, vers l’arrière.
Heureusement qu’il me tenait bien. Son geste m’avait tellement surpris, que je sentis mes pieds glisser. Avec la couche de tissus, ma faute passa inaperçue. Mon cavalier était tellement proche de mon visage que je pouvais sentir son souffle tiède caresser mon décolleté. Un feu embrassa mes joues quand je compris qu’il regardait ma poitrine.
- Mes yeux sont plus hauts, pestais-je en me redressant.
Maintenant que la danse était terminée, j’allais enfin pouvoir m’asseoir en attendant le dépouillement des bulletins de vote. Sans vraiment attendre d’excuses, je le plantais sur place et me dirigeais rapidement vers la chaise la plus proche. Mes fesses tombèrent lourdement sur l’assise et je me sentis presque revivre.
Le collier anti-magie puisait énormément dans mes forces, c’était une vraie bataille de rester sous ma forme humaine et je ne parlais même pas de l’affreuse migraine qui me martelait le crâne. Je n’avais qu’une envie : retrouver mes habits normaux et rentrer au manoir.
Dégoulinante de sueur, j'attrapais une pauvre serviette en papier et essayais de m'éventer. Les quelques brins d'air me firent un bien fou, mais ne suffirent pas. Alors que je m’agitais pour qu'un serveur m'amène une boisson fraîche, le petit esprit sylvestre vint se loger dans mon cou. Il était affreusement énervé et sifflait bruyamment dès qu’une personne m’approchait d’un peu trop prés.
- Calme-toi, marmonnais-je quand Hunter me rejoignit un verre d'eau à la main.
Son visage était complètement décomposé, il venait d’apprendre quelque chose. Je le connaissais par cœur.
- Aerin, tu ne devineras jamais ce qu’Aden m’a appris, commença-t-il avant de lâcher le gobelet et de m’empêcher de tomber de ma chaise.
Ma tête tanguait tellement que je n’avais même pas remarqué que mon corps basculait lentement vers l’avant. Si je gardais une minute de plus le collier autour du cou, une catastrophe allait arriver.
- Ça va ? S’inquiéta mon ami. Tu es bouillante de fièvre.
D’une main lasse, j’attrapais les fleurs et essayais, avec énormément de mal, de les ôter. Le métamorphe était sur le point de m’aider quand une main ferme lui attrapa l’avant-bras.
- Si tu y touches, ça prouvera à tous que vous n'êtes pas humain, le mit en garde Nicolae.
Hunter se redressa aussitôt. Je sentis sa fureur irradiée. Mais quelques choses de bien plus puissant s'éleva autour de nous. L'air devint lentement irrespirable et électrique. Laborieusement, je réussis à tourner la tête vers notre hôte et restais figée.
C'était lui ! Son regard s'était complétement voilé, la magnifique lueur qui brillait dans ses yeux émeraude avait laissé place à brasillement écarlate. Son pouvoir était ahurissant, je n'aurais jamais pu imaginer qu'il possédait une pareille puissance.
- L’odeur la rend malade, rugit mon ange gardien. Si elle n’était pas humaine, elle ne serait pas dans cet état !
Un ricanement silencieux retentit dans mon esprit. Cette excuse ne marcherait pas avec lui. Qu'il soit sorcier ou Van Helsing, il savait pertinemment que mon état était dû à un manque de magie. Il allait falloir trouver quelque chose de plus convaincant et surtout de plus réaliste. Comme une intoxication alimentaire voir un manque d'oxygène. Et encore, je n'étais pas sûre que cela fonctionne.
Avec énormément de mal, je me levais de ma chaise et posais ma main sur l’épaule d’Hunter. Aussitôt, je sentis son aura se calmer.
- Je suffoque, haletais-je. Mon corset…
Mes jambes ne supportaient plus mon poids. Mon dos me faisait atrocement mal, comme si on m'arrachait de nouveau les ailes. La douleur était tellement vive que je dus me contenir pour ne pas hurler. Le collier avait dû être trafiqué ou quelque chose de la sorte, c'était la seule explication plausible. Jamais, au grand jamais, un grigri aurait dû m'infecter ainsi.
Mon corps s’affaissa d’un coup et heurta de tout son poids le sol. Malgré le calvaire que j'endurais, je ne devais en aucun montrer ma vraie nature. Pour ne pas faillir, je me recroquevillais sur moi-même et attrapais mes oreilles, de telle manière que même pointues personne ne les remarqueraient.
- Bande de crétin, pesta Godrik en s'agenouillant à côté de moi.
D'un coup sec, il dénoua les lacets de mon corset et retira quelque chose de mon dos. La douleur, qui m'irradiait, s'évapora aussitôt et je sentis mes forces revenir lentement. Doucement, je lâchais ma tête et me redressais pour mieux voir ce que Godrik tenait dans ses mains.
- La garce, jura-t-il. Elle a osé !
Je n'étais pas très calée en mauvais sort, mais avec mes maigres connaissances dans le domaine, je compris qu'il s'agissait d'un talisman de douleurs. Je venais de revivre les pires moments de ma vie : la fièvre que j'avais faite qu'en j'étais petite et la torture que m'avait fait subir Draal.
Encore sous le choc, je ne réussis pas à retenir Godrik. Il partit comme une furie vers Calliopé, suivit de très près par Hunter. Les deux imbéciles allaient perdre leur sang-froid et avec Marius dans les parages, ça risquait de finir en bagarre générale.
Nicolae, la mâchoire crispait et le regard un poil inquiet, m'aida à me rasseoir sur la chaise. Mon corps était glacial et une drôle de sensation parcourait mon dos. Physiquement, je n'avais rien, mais mentalement, je n'étais vraiment pas bien. Revivre des moments traumatisants de ma longue vie était tout sauf agréable.
Péniblement, j'avalais le contenu du verre que me tendait mon hôte et lui lançais un sourire mauvais.
- Il va falloir qu'on discute, commençais-je. Et très sérieusement...
Il me lança un regard aussi froid qu'en colère.
- On a énormément de chose à se dire, siffla-t-il avant de me demander : tu peux te lever ?
Je n'étais clairement pas au meilleur de ma forme, mais les éclats de voix ainsi que l'aura bestiale d'Hunter me firent me lever à toute vitesse. Débraillée, je me précipitais vers mon ami.
Il n'avait jamais été très patient et avait tendance à démarrer au quart de tour qu'en ont osé me toucher. C'était son côté grand frère / garde du corps et dans le cas présent, il risquait de faire une très grosse bêtise si je ne l'arrêtais pas rapidement.
3 commentaires
Feline Grey
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Il y a 3 ans
Cassy M. PUICH
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Il y a 3 ans
Solveig Andersen
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Il y a 3 ans