Fyctia
-Chapitre 10-
Droite comme un « i », j’attendais avec impatience que Godrik croque dans son pain à l’ail. Le sagouin, qui devait se douter de ma démarche, me fit bien patienter. À chaque fois qu’il approchait la nourriture de sa bouche, il trouvait une personne à saluer. Il avait beau ne pas être très apprécié, tous sans exception lui rendait son salut.
- Je déteste les personnes fausses, marmonnais-je en buvant mon troisième verre de jus de pomme.
- Il faut dire que notre famille est étroitement liée à Westwood et pas forcément en bien, m’expliqua mon cavalier. Mais, moi non plus je n’aime pas les personnes fausses.
Sur ses mots, il mordu enfin à pleines dents dans le pain et acquiesça d'un sourire quand il vit mon visage se décomposer. Les Bort n’étaient pas des vampires, il me restant encore deux options.
Les lycans possédaient une force surhumaine ainsi qu’une aura animale, mais la froideur de la peau de mes hôtes n’allait pas avec cette race.
Elle collait davantage avec celle des Van Helsing. Lointain cousin des vampires originels, ces créatures mangeaient comme n’importe quel humain, mais aimaient déguster de temps en temps le sang des êtres qu’ils chassaient. Ils étaient très redoutables et étaient des prédateurs à ne pas prendre à la légère. Lors de la grande guerre d’Onaria, ils avaient décimé des peuples entiers. De toutes les créatures, c’étaient sans doute les seuls que je n’avais jamais croisés. Je ne connaissais leur exploit qu’à travers les livres et les histoires que me racontait ma mère.
- De qui tiens-tu tes yeux écarlate ? Demandais-je en attrapant un énième petit four.
Godrik me regarda un moment. Je pouvais lire sur son visage de l’amusement et une certaine envie de me faire deviner. Heureusement pour lui, son frère émergea de je ne sais où avec Hunter et mit ainsi en suspens mon petit jeu de question réponse.
- J’espère que tu aimes les robes de 1860, me lança-t-il. Ce sont les seules tenues qui sont à ta taille d’après Hunter.
Mon regard se posa aussitôt sur le métamorphe. Depuis toujours, j’avais une sainte horreur des robes à armature. Elles étaient peu pratiques pour manière l’épée et étaient tellement inconfortables pour les ailes. Je préférais nettement me balader nue plutôt que de me retrouver emprisonné dans un corset. Hunter, qui ne me lâchait pas des yeux, comprit rapidement mon mécontentement et me siffla un « je te l’avais dit que c’était une mauvaise idée » à peine audible.
Il était trop tard pour me dérober. Ce fut donc résignée et en pestant entre mes dents que j’attrapais la robe, son jupon et son cerceau, qu’on me tendait, et me dirigeais vers Le Butler.
- Il va me le payer, bougonnais-je en entrant comme une furie dans le bar.
Étrangement, la situation n’amusa pas plus Godrik qui m’emboîta le pas sans un mot. S'il avait osé dire quoi que ce soit, il se serait, sans aucun doute, pris lamât de tissus en pleine tête.
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Enfermée dans les toilettes à double tour, j’avais énormément de mal à serrer les deux corsets. Même avec de l'expérience, il était impossible de mettre une tenue pareille seule. Rien que le poids du tissu était un véritable calvaire. Sans compter que j'étais en train d'emmêler les lanières en satin.
- Et merde, jurais-je.
J’allais devoir demander de l’aide à Godrik. Contrairement à moi, il était près depuis un petit moment et m’attendait sagement. Je l'entendais faire les cents pas devant les lavabos. Dans un soupir, j’ouvris la porte et croissais le regard du jeune homme.
Son visage se figea comme s’il venait de voir un fantôme. Son costume d’adjudant confédéré semblait avoir été fait sur-mesure. Il lui allait comme un gant et lui donnait un, je ne sais quoi qui le rendait irrésistible. C'était un très bel homme, je ne pouvais pas le nier.
- Tu es… Bégaya-t-il.
- Embêtée, finis-je en me tournant. Peux-tu m’aider s’il te plaît ?
Il s’exécuta aussitôt et tira avec délicatesse sur les lacets. Ce n’était pas la première fois qu’il nouait ou défaisait un corset. Ses gestes étaient extrêmement efficaces, je sentis ma taille se serrait lentement et ma minuscule poitrine remonter. Une sensation étrange me traversa le corps et me rappela mes jeunes années.
Je me serais bien perdue dans mes pensée mais une chose m’en empêchait. Je n’avais qu’une crainte, qu’il me pose des questions à propos de mes cicatrices. Même si le tissu montait haut, il avait du les apercevoir en les ajustant. Mais sans doute par galanterie, il s’abstint et resta silencieux.
Cinq minutes plus tard, j’étais enfin prête et méconnaissable. Ma taille était tellement affinée qu’on pouvait l’entourer avec une seule main, je n'étais pas grosse de base, mais là, j'étais comparable à un sac d'os. Pour je ne sais quelle raison, je n'avais pas osé dire à Godrik qu'il avait un peu trop serré les corsets. Il y avait à peine la place pour passer un petit doigt etje regrettais de ne pas être allée au petit coin avant.
Le rose pastel de la robe mettait élégamment mon teint en valeur et mon chignon haut donnait encore plus de finesse à mon visage.
- On dirait une poupée, commenta Hunter quand je fus à son niveau.
Nicolae et Aden, eux, me dévisagèrent un instant puis déclarèrent que j’avais toutes mes chances. Je l’espérais bien. Ma poitrine était tellement comprimée que la moindre respiration devenait pénible. J’allais avoir énormément de mal à valser.
- Allons danser, marmonnais-je en attrapant le bras de Godrik.
Il n'y avait pas une minute à perdre, plus vite nous prenions part aux festivités, plus vite je pourrait retirer la robe.
Nous n’étions pas encore arrivés devant la scène que des murmures s’élevèrent autour de nous. Tous les regards étaient braqués sur nous, ce qui me fit frissonner. Je me sentais ridicule dans cette tenue et toute cette attention n’arrangeait rien.
- Tu es magnifique, me susurra Godrik. Tu vas faire des jalouses.
Là-dessus, il n’avait pas tort. Même si nous portions toute une toilette de la même époque, je pouvais voir le visage des concourantes se décomposer. Contrairement à elles, j’avais porté pendant très longtemps ce genre de robe. C’était la tenue officielle pour les princesses de la famille royale et je n’y hélas avais pas échappé.
La seule différence entre les corsets humains et elenwen était la forme. Ceux de mon peuple se laçaient à l’avant et avaient un emplacement spécial pour passer les ailes.
1 commentaire
Feline Grey
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Il y a 3 ans