Fyctia

Le manoir des Bort était immense et décoré avec beaucoup de goût. Tous les meubles dataient de l'époque Napoléonienne et étaient accordés aux couleurs de chaque pièce. Des tableaux de scènes de chasse ornaient les murs et les fenêtres étaient si hautes, que les rideaux semblaient accrochés aux moulures raffinées des plafonds.

- Comment tout ça peut-il être à Westwood ? Interrogea Hunter, les yeux rivés sur un lustre de cristal à trois plateformes.

- Ma famille est arrivée de France en 1732 et n'est jamais repartie. Toutes les collections, que vous verrez ici, ont été rassemblées par mon arrière-arrière-grand-père…

Sans attendre plus longtemps, Nicolae nous invita à gravir l'énorme escalier en pierre blanche qui menait aux étages.

- Je ne m'y ferai jamais, me chuchota mon ami en s'empressant de gravir les marches deux par deux.

Son excitation m'arracha un sourire. Je ne l'avais jamais vu dans un état pareil et étais quelque peu rassurée. Depuis qu'Hunter et sa famille m'avaient secouru, leur vie était devenue un véritable calvaire. Gardes rapprochés, ils étaient restés loyaux à mon père, et ce, malgré sa mort et les siècles passés à son service.

Depuis que je vivais avec eux, les déménagements réguliers ainsi que les attaques, me visant, étaient devenus leur quotidien et les avaient obligés à se séparer en trois groupes.

Sa cadette et sa mère étaient parties au Canada, alors que son père et son autre sœur volaient en ce moment même vers l'Italie. Afin de garder contact, j'avais mis en place une magie bien particulière. C'était la moindre des choses.

- Ce sont les nouveaux employés ? Se renseigna brusquement Aden alors que nous venions d'arriver au second étage.

Le jeune garçon me détailla un instant, puis lança un regard complice à Nicolae et s'écria :

- Elle est encore plus jolie que sur la photo !

Le changeur de forme explosa de rire. Je n'avais pas pris de douche depuis soixante-douze heures, ma tignasse était sale et mon visage s'y fatiguait, qu'on avait du mal à savoir si les traces sous mes yeux étaient des cernes ou du mascara coulé.

- Attends de la voir une fois douchée, pouffa mon ami avant que je ne lui mette un coup de coude dans les côtes.

Nicolae, qui n'avait pas perdu une miette du spectacle, passa nerveusement sa main dans ses cheveux.

- Aden vit ici avec sa mère, expliqua-t-il avant d'ajouter : il n'a pas l'habitude de voir du monde...

- Je vois.

Doucement, je m'approchais de l'enfant et lui souris.

- Si tu veux, demain, je jouerai avec toi...

Sans doute intimidé, Aden devint rouge pivoine et prit ses jambes à son cou.

- J'ai fait quelques choses de mal ? Questionnais-je, légèrement perturbée par sa réaction.

Nicolae haussa les épaules et changea de sujet comme si de rien n'était.

- Ta chambre, Aerin, se trouve au fond du couloir à droite et la tienne, Hunter, est la troisième porte à gauche. Vous avez tous les deux une salle de bain personnelle.

Il s'arrêta un instant pour regarder le métamorphe de la tête aux pieds.

- Vous pouvez aller et venir comme bon vous semble et utiliser toutes les pièces du rez-de-chaussée.

Hunter acquiesça d'un sourire et je compris rapidement pourquoi quand Nicolae énuméra les pièces à notre disposition.

- Vous trouverez une salle de sport tout équipée, une bibliothèque, une salle à manger ainsi qu'un petit salon...

Il s'arrêta pour réfléchir puis ajouta à mon attention :

- Ce soir, je verrai avec Godrik pour te donner accès à la serre ainsi qu'à la salle de musique. Vous ne commencerez à travailler que dans deux jours.

Sans ajouter un mot de plus, il prit congé et s'engouffra dans un long couloir sur notre gauche.

- Surtout, reste sur tes gardes, grogna Hunter en se dirigeant vers sa chambre. Cet étage pue le loup-garou...

Il ne me laissa pas le temps de lui poser des questions et claqua sa porte avant de la verrouiller à double tours.

- Heureusement que je ne suis pas en sucre, vociférais-je avant de limiter.