Fyctia
Chaleur
Mon cœur palpite à nouveau dans ma poitrine. Eh bien, on peut dire que ce muscle-là aura fait son sport ce soir… !
- Pour… pourquoi as-tu soupçonné qu’il était mon petit-ami ? lui demandé-je.
- Vous vous teniez la main, en montant les escaliers, répond-il un peu sèchement.
- Oh…
Je hoche la tête et rive mon regard vers le sol. La déception doit certainement se lire à travers mon regard, même avec le masque. Je n’ai pas envie que Lewis s’inquiète trop pour moi et, surtout, qu’il sache ce que je ressens pour James. Je n’ai pas envie de penser à l’amour de toute façon, du moins je ne veux plus y penser ce soir. Je songe même à quitter cette soirée tant je suis rongée par le déboire…
Mes yeux s’inondent de larmes et, sans que je parvienne à contrôler ce désappointement qui me dévore, elles s’échappent de mon regard. Oui, je suis sensible, trop sensible même, et ça m’énerve. J’aimerais parfois être une dur à cuir, une femme insensible, indifférente, impassible… voire narcissique, pourquoi pas : au moins je ne serais déçue que par moi-même. Mais non, il fallait que je sois une femme hypersensible, frêle et influençable !
- Eh, Victoria, souffle Lewis d’une voix tendre.
Il s’approche intimement de moi et, du bout de ses doigts longs et fins, il caresse mon visage en séchant mes larmes froides.
- Eh ? Qu’est-ce qu’il se passe ? s’enquit-il.
- Rien… rien… je n’ai pas envie d’en parler… je réponds d’une voix tremblante, la gorge serrée et douloureuse.
- Victoria… soupire-t-il.
Il me prend tout à coup dans ses bras en m’offrant une tendresse affriolante. Sa main se pose sur l’arrière de mon crâne et l’effleure, son autre bras entoure mes épaules. Malgré son étrange proximité, et surprise de voir qu’il m’offre cette soudaine étreinte, je me blottis contre lui, ferme les yeux et savoure sa chaleur qui me console. Tant pis pour James ! J’ai juste envie de passer une bonne soirée, car toute la semaine j’ai été rongée par des tensions insupportables entre mon patron qui me disait que ce que je faisais était nul et ma mère, toujours très pessimiste, qui critiquait ma façon de vivre.
- Tu ne veux pas me dire ce qu’il se passe ? me dit-il d’une voix douce.
- Non je… j’ai juste envie d’oublier les tracas de ma semaine… je réponds en versant mes dernières larmes.
Il recule et me regarde droit dans les yeux. Il sèche à nouveau mes larmes avec le bout de ses doigts. Je ne peux m’empêcher de lui esquisser un petit sourire. Son regard azuré transperce le noir de son masque et rayonne une beauté qui m’attire. Il n’a pas la même délicatesse que James, ni le même charme, mais il émane une douceur que je savoure sans complexe.
Une chaleur, intense et tentatrice, se propage également de son corps que je ne cesse d’avoir envie d’étreindre. Son odeur, virile et musquée, m’apaise et m’enjôle, son sourire qui chatouille ses lèvres renfloue sa beauté et ses yeux, peints d’un cérulé qui retient mon attention, fraye un chemin parmi mon regard pour cajoler mon âme avec toute la tendresse qu’ils en dégagent. Il est magnifique, ça c’est sûr, et je pourrais même me laisser bercer par sa délicatesse afin d’oublier l’amère ignorance de James.
- Viens danser avec moi, me susurre-t-il d’une voix suave.
- Je… je n’ai pas trop envie de danser, rétorqué-je.
- La danse est un bon remède contre le chagrin, tu ne trouves pas ?
J’opine et esquisse un sourire crispé. Je ne sais pas si la danse est un bon remède contre le chagrin… oui, non, peut-être, que sais-je ? Peu importe : tout ce que je souhaite là, tout de suite, c’est de passer du temps avec Lewis, alors oui, je vais accepter de danser avec lui, même si mes jambes, tremblantes et faiblardes, vont peiner à suivre notre valse.
- Allons danser alors, dis-je d’une voix plus sûre.
Un plus grand sourire écarte les lèvres charnues du bel homme qui, sans plus attendre, se saisit de ma main, l’enserre dans la sienne puis me tire doucement avec lui vers la centre de la salle du bal. Il m’attire ensuite vers lui d’un geste un peu brusque.
Je pousse un petit cri de surprise et me retrouve le buste collé au torse de Lewis, nos visages séparés par quelques centimètres d’air. Mon souffle haletant trompe la tension soudaine et délicieuse qui m’anime. Sa chaleur, émanée de son buste, se mélange à la mienne et me fait légèrement suinter sous le tissu épais de ma robe dorée. Un frisson délectable me fait tressaillir et comble rapidement le restant de vide qui me rongeait.
Figé l’un face à l’autre, attendant la prochaine musique, Lewis glisse doucement sa main vers le bas de mon dos en traçant le creux de mon échine avec le bout de ses doigts et en ébauchant la courbe de ma cambrure, finit ensuite son dessin de tendresse en posant sa paume près de mon fessier. Je frémis sous cette délicatesse qu’il exerce avec beaucoup d’habileté.
Quant à moi, je hisse mes bras autour de son cou en prenant soin de caresser sa nuque toujours aussi douce, comme si je m’apprêtais à l’embrasser. Un sourire plisse ses joues et renfloue la passion qui brûle dans son regard.
- Me permets-tu de t’embrasser ? me demande-t-il d’une voix mielleuse.
- Pourquoi le demandes-tu ? répliqué-je en esquissant un grand sourire.
Pris d’un élan d’ardeur, ses lèvres s’empressent d’étreindre les miennes en leur offrant un baiser tendre et savoureux. La volupté qui transpire de cet embrassement me fait vibrer et jouir intérieurement une joie immense. Il effectue ensuite une pression par-dessus mon coccyx, approchant ainsi mon bassin du sien et collant un peu plus ma poitrine contre son torse. Nos baisers impudiques deviennent rapidement langoureux, sensuels. Ma gorge déploie un gémissement qui bruit parmi la foule lorsque sa main effleure ma poitrine. Embarrassée, je recule subitement, rougis et regarde Lewis droit dans les yeux, qui, à travers son visage pâle, esquisse un air de désir intense. Ah ! Il me donne tant de plaisir, même en me caressant seulement, que je n’arrive plus à contrôler ma volupté…
Une nouvelle musique balance les hanches des femmes et fait voltiger les basques des hommes.
- Dansons, me dit-il d’une voix presque sensuelle.
J’opine et, avant que nous nous mettions à danser, je cerne toute l’envie qu’il éprouve pour moi et, étrangement, ça me plait.
Il enserre ma taille avec sa main, prend ma main dans la sienne puis se met à valser avec moi. Nos pieds se coordonnent à travers le rythme de la mélodie romantique, ma robe époussette le sol en marbre du palais de James et une brise légère caresse mes avant-bras dénudés ainsi que mes joues bouillantes.
2 commentaires
LikeAMartian
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Il y a 8 ans
Melismelo
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Il y a 8 ans