Landry Dance of the Masquerade Colère

Colère

Avant que nous retournions dans la salle du bal, Lewis m’offre un dernier et furtif baiser. En se redressant, il me fait un clin d’œil et me susurre :

- A tout à l’heure, belle Victoria.

Je reste pétrifiée et l’observe partir au loin en longeant le couloir marbré. Mon cœur palpite toujours dans ma poitrine, je tremble encore comme une feuille et un grand sourire écarte mes lèvres humectées par ses baisers langoureux. Je perds mon regard vers le sol, l’âme à la fois animée par la joie et l’appréhension : qui aurait cru que, un jour, je puisse goûter à une nuit aux côtés d’un si bel homme ? Et surtout, qui aurait cru que j’en aurais eu l’envie, moi qui me prive habituellement des plaisirs charnels sans sentiments ? Mais j’ai peur, je crains tout de même cette nuit de délices. Même si j’ai déjà fait l’amour, auparavant, on ne peut pas dire que je sois experte en la matière, et surtout je suis timide au lit, trop timide : je n’ose pas prendre les devants. Bien que ça plaise à certains hommes de faire les premiers pas charnels, ça ne plait pas forcément à tous…

Je pousse un long soupir, tente de dégourdir mes épaules en les roulant, secoue ma tête comme pour sortir d’un rêve puis observe la salle du bal. Des personnes qui discutent, des danseurs, de la joie, des paillettes. Si je devais décrire l’environnement et l’ambiance qui règne en cette soirée en une couleur, je dirais « dorée ». Oui, dorée, car tout est en or, tout est orné d’étincelles que ce soit sur les robes des princesses comme dans les yeux de chacun. Un nouveau sourire courbe mes lèvres : j’adore les bals de mascarade. On peut y retrouver notre âme de petite fille qui rêvait d’être une princesse, se laisser bercer par la magie de la soirée qui est digne d’un conte de fée, valsant dans les bras d’un prince ou bien savourant les délicieuses saveurs des traiteurs de James.

Je retourne vers la salle du bal avec des pas hésitants. Je suis gênée par le fait que certaines personnes nous aient vus, Lewis et moi, en train de nous abandonner à un début de désir charnel… Je sens donc mes joues rougir et baisse le regard vers le sol, devinant que certains regards dédaigneux me dévisagent.

Je longe les côtés des lieux en gardant les yeux rivés vers le sol de marbre. Mes pas sont pressés, maladroits, manquant à plusieurs reprises de trébucher sur le pied d’une quelconque personne. Mon cœur tambourine encore dans ma poitrine et je ne comprends pas pourquoi. La honte ? La peur de me retrouver avec Lewis ? L’impression d’être oppressée par la foule ? Je n’en sais rien, si ce n’est qu’il faut que je me calme.

Je me cale donc dans un coin de la pièce, à côté d’un buffet, et engloutis plusieurs croquettes au fromage et au chorizo avec un enrobage à la pomme de terre écrasée. Je vais prendre un kilo en une soirée avec toute cette nourriture que je mange… mais c’est tellement bon ! et ça calme étrangement mon stress et ma panique.

- Victoria ! entends-je à travers la foule.

Surprise, je fais un léger soubresaut et épis la personne qui m’appelle en levant la tête. D’après la voix grave de l’interlocuteur, ce doit être un homme qui me cherche…

- Victoria ! m’appelle-t-il à nouveau.

La silhouette de James se démarque enfin de la foule. Mon cœur rate un battement lorsque je constate que c’est lui qui m’appelle et qu’il s’approche très vite de moi. Son regard esquisse un air nerveux, ses sourcils sont froncés et ses mains sont fermées. Oula, il n’est pas très content… mais pourquoi ?

- A quoi tu joues ?! dit-il sur un ton de la colère une fois proche de moi.

Ses yeux, bien qu’ils soient noisette, semblent être aussi rouges que le sang qui coule à vif. Je me pétrifie face à sa nervosité, écarquille les yeux, crispe mes épaules et retiens presque ma respiration. Moi, à quoi je joue ? Mais je ne joue à rien du tout ! Qu’est-ce qu’il raconte ?

- Réponds-moi, Vicky, ordonne-t-il sur un ton sec.

- Je… mais je ne joue à rien, répliqué-je d’une voix timide.

- Tu ne joues à rien ?! C’était qui cet homme qui t’a pelotée dans le couloir ?

- Tu nous as vus ?!

- Bien sûr que je vous ai vus !

Malaise. Gros malaise. Je sens mes joues devenir aussi rouges qu’une tomate et mon cœur, qui tambourinait déjà dans ma poitrine, bat un peu plus rapidement et provoque une douleur en mon buste. Ma respiration se saccade et est difficile, un vertige désagréable obstrue ma vision avec des petites lucioles blanches et ronge ma tête. Il nous a vus… quelle honte, mais quelle honte ! Ah, comment m’enfuir de cette situation embarrassante ? Je ne peux pas, car James est l’hôte de la soirée, et le fuir serait preuve d’un gros manque de respect de ma part.

Il se saisit de mon bras, non trop fermement, mais pas tendrement non plus, s’approche un peu plus de moi en esquissant toujours un air nerveux et me dit à voix basse :

- Tu t’abandonnes aux coups d’un soir maintenant ?

- Quoi ? Non ! Je… enfin…

… Si, Lewis est un coup d’un soir, mais je ne l’assume pas. Je ne veux pas dire la vérité à James. Pourquoi ? De peur qu’il me prenne pour une traînée ; je ne le suis pas, je veux juste profiter un peu de la vie, pour une fois, et me laisser aller dans la passion et le plaisir.

James soupire, me libère de son emprise, décrispe ses épaules et observe rapidement le plafond avant de me regarder à nouveau droit dans les yeux. Il semble plus détendu, moins nerveux… même si ses sourcils froncés esquissent toujours un air grave.

- C’était qui ? me demande-t-il plus calmement.

- Je… hum… il s’appelle Lewis.

Il hoche la tête. Pourquoi me pose-t-il toutes ces questions ? Serait-il jaloux, lui ? Non, pas James ! Pas le bel athlète qui fait craquer n’importe quelle femme qu’il croise ! Impossible. Il doit être seulement inquiet, ou que sais-je. Depuis que l’on se connait, il a toujours agi comme s’il était mon grand frère : un véritable protecteur, ça c’est sûr.

- Bon, maintenant que tu t’es débarrassé de lui, dit-il après avoir soufflé un bon coup, tu veux bien danser avec moi ?

- Tu ne t’étais pas trouvé une autre femme ? répliqué-je sur un ton sarcastique.

- Tu me voyais descendre bredouille et seul ?

- Tu marques un point.

- Et puis tu m’as lâchement abandonnée, toi, c’est toi qui as commencé.

Un petit rictus amusé écarte ses lèvres tandis qu’il me pointe impoliment du doigt. Ah, James et son côté enfantin ! Mais je l’aime tel qu’il est : ça lui donne un côté très amusant.

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4 commentaires

Sana Taylor

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Il y a 8 ans

Rien à dire, tu écris toujours aussi bien, et avec un vocabulaire très enrichit. C'est un plaisir de te lire! Aïe, James les a vu... la honte, effectivement! Et il est jaloux! Trop choux *.* Me demande ce que ça va donner avec ces deux hommes...

alexia340

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Il y a 8 ans

Haha ça va se compliquer si elle a deux hommes à ses pieds ;)

LikeAMartian

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Il y a 8 ans

Toujours aussi classe *-*

Landry

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Il y a 8 ans

abandonné* sorry >
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