Fyctia
Chap- 11 Jude Klock
Jude Klock louait les étoiles. Enfin, sa mission dans le Nord tirait à sa fin. Il s’était farci deux jours de démonstrations minables et insipides. Deux jours pendant lesquels, il avait maudit ouvertement le ministre, le Nord et les habitants du Nord. Quelques magiciens sortaient du lot, mais la majorité d’entre eux ne valait pas le déplacement. Si Jude Klock faisait abstraction de l'incident Minotaure, il pouvait assurer sans mentir que ce tournoi de sélection avait été le plus ennuyeux de tout son mandat. Aujourd'hui, heureusement, il ne lui restait plus qu'à annoncer les résultats et à s'en aller.
Le président du comité observa les cinq jeunes sorciers qu’il avait convoqués. Leurs visages trahissaient une anxiété palpable. Il les examina un à un, son regard s'attardait sur chacun d'eux avec une froideur calculée. Il consulta la liste des candidats sélectionnés. Des noms qui ne lui disaient rien, des visages qui ne l'intéressaient guère. Les magiciens du Nord, avec leur faible magie, leurs mauvaises manières et leurs coutumes archaïques, étaient bien loin des standards auxquels le président du comité magique était habitué. Même si, le petit échantillon de magiciens qu’il avait sous les yeux avait su piquer sa curiosité, ils n’en restaient pas moins une joyeuse bande d’incorrigibles barbares.
- Je vous ai réuni pour vous annoncer une décision importante, commença-t-il d'une voix monocorde. Vous avez tous les quatre... cinq, démontré des capacités qui sortent de l'ordinaire. De ce fait, nous avons décidé de vous offrir une chance de vous élever au-dessus de votre condition.
Les jeunes magiciens le regardaient avec un air bovin comme si lui, Jude Klock, parlait une langue extraterrestre. Ses jeunes avaient décidément le don de l’excéder. Il posa son regard sur Simon.
- Vous, Monsieur Mars, votre tempérament sauvage pourrait être mis à profit si vous appreniez à le maîtriser et votre puissance magique semble tout à fait exceptionnelle malgré votre absence de maitrise évidente. Je compte sur vous pour remédier à cela.
Avant même que Simon ne puisse prononcer un seul mot, Jude Klock tourna les talons pour se diriger vers Tania. Mais alors, qu’il passait devant Let un détail sembla retenir son attention. Il contempla longuement le visage de la jeune fille aux cheveux roses.
- Mademoiselle Berger, est-ce que vous vous payez encore ma tête ?
- Non Monsieur, balbutia-t-elle.
- Alors, je vous en conjure arrêtez d’essayer de m’amadouer en arborant le visage de ma mère. Le résultat est grotesque ! Parmi tout les visages du monde pourquoi celui-ci ?
Sven et Marcus laissèrent échapper un rire tonitruant avant d’être rappelé à l’ordre par le regard glacial de Klock. Ils tentèrent de réprimer leur fou rire sans grand effet.
- Pour vous mettre en confiance Monsieur, begaya Let, tête baissée.
- Et bien, c'est raté. Allons, montrez-moi votre vrai visage! Celui-ci est hideux, ordonna le président d’un ton qui n’admettait pas la réplique.
- Je ne peux pas Monsieur.
- Comment ça vous ne pouvez pas ? s’indigna Klock.
- J’ai oublié.
- Vous avez oublié votre propre visage ? demanda-t-il interdit.
- Oui, souffla Let rouge de honte.
- Il y a longtemps ? s’enquit Klock consterné.
- Oui, longtemps.
Il la dévisagea abasourdit. Décidément, les gens du Nord étaient tous plus idiots les uns que les autres, pensa-t-il encore une fois. Et ces deux crétins, qui se mordaient les lèvres pour ne pas rire, n'echappaient pas à la règle. Une chose était certaine, le fait d’être fils d’un haut conseiller aux Nations Unies ne les rendaient pas moins puériles.
- Désespérant, marmonna-t-il, sans que personne ne sache à qui il s’adressait vraiment.
Le président, qui avait oublié Tania, vint se camper en face des frères Harris, ce qui leur passa l’envie de rire. Ils échangèrent un regard inquiet. Tous deux étaient bien conscients qu’avec l’épisode Minotaure, ils avaient frôlé le désastre. Sven et Marcus s’attendaient donc à de sévères remontrances.
- Messieurs Harris, il me semble que vos exploits dans l’arène ont failli couter la vie à bon nombre de civils. Alors oui, vos connaissances en création de sorts sont peut-être, hum…, disons intéressantes. Mais votre manque de rigueur évident fait de vous de véritables dangers publics. Alors, je ne vois vraiment pas ce qu’il y a de comique là-dedans. Si vous avez été recruté, c’est en partie en raison de la place qu'occupe votre père au conseil des Nations Unies. Mais là-haut, pas de privilèges, suis-je bien clair ?
- Oui Monsieur, répondirent Sven et Marcus à l’unisson alors qu’ils ne comprenaient pas à quel "là-haut" Jude Klock faisait référence.
Enfin, le président du comité magique acheva le passage en revue de ses troupes, en se postant face à Tania.
- Sachez Mademoiselle Timal, que malgré le fait d’être née monstrueuse, votre affinité avec les éléments est indéniable. Pourtant, vous devez apprendre à canaliser votre énergie.
- Vous en sentez-vous capable ?
Tania ne fit même pas l’effort de répondre. Elle adressa au vieux Klock un regard qui signifiait : si les autres magiciens présents ont des choses à se reprocher, comprenez bien que ce n'est pas mon cas. En effet, son seul tort était celui d’être équipée d’une paire d’ailes. Et elle ne comptait pas s’en excuser. Le temps des intimidations et des persécutions était révolu. Aujourd’hui, elle ne se laisserait plus personne l’insulter, même pas le président du Conseil magique.
Sans prendre ombrage de l'attitude de la fée, Jude Klock reprit sa place au centre de la pièce. Il inspira un grand coup, pour montrer à tous qu'il s'exprimait à contrecœur:
- Vous serez tous envoyés à l'Université de Magie de la Thermosphère. Là-bas, vous recevrez une formation rigoureuse qui vous permettra de devenir de véritables magiciens. Nous partons demain matin à 8h00. Veuillez disposer.
Les cinq jeunes sorciers se regardèrent stupéfaits. Ils ne s'attendaient pas à une telle annonce. Pour eux, l'Université de Magie de la Thermosphère était un lieu inaccessible, réservé à la crème des crèmes.
Jude Klock, quant à lui, n'était pas si mécontent. Il avait accompli sa mission. Comme le ministre le lui avait ordonné : il avait dégoté de jeunes talents magiques dans cette région où la plupart des habitants était dénuée d’affinité avec la matière blanche. De jeunes dangers publics, certes, mais le ministre n’avait rien précisé au sujet des délinquants, des abominations, et des crétins.
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Aldokabs
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Born Ready
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Julie Emilie M
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Rosa canina
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Tonie Mat N’zo
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Rosa canina
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