Fyctia
Chapitre 7.1
- Maître, d'où viennent les sorcières? demandai-je.
- Je savais que tu me poserais la question un jour. Assieds-toi sur mes jambes, mon enfant, me répondit-elle.
J'obéis immédiatement à sa demande et vins m'installer sur ses jambes qui me paraissaient si frêles.
- Tu sais, bien avant ta naissance, il n'existait qu'une seule divinité: la Terre-Mère. Les autres divinités ne sont apparues que bien après et de l'imagination des Hommes. Alors que la Terre-Mère est une divinité bien réelle car nous marchons sur Son corps, respirons Son air et nous nous nourrissons de ce qu'Elle nous donne. Les Hommes ont toujours été de nature égoïste et gaspilleur. Ils étaient même sur le point de tout détruire autour d'eux à une époque. La Terre-Mère en était dévastée et affaiblie. Mais un jour, une jeune femme qui avait toujours adoré la Terre-Mère et qui était peinée par son agonie pria de l'aider à La sauver. Touchée par la sincérité de la femme et regagnant un peu d'espoir, la divinité répondit à sa demande. Comme tu le sais, chaque être-vivant en ce monde possède une âme et la Terre-Mère n'échappe pas à la règle. Elle donna donc un bout de son âme à la jeune femme. En gage de reconnaissance, Elle lui permit d'utiliser Ses pouvoirs à condition de ne jamais faire de mal à la Terre-Mère. Ce morceau d'âme se transmit de génération en génération et c'est ainsi que naquirent les sorcières. Mais on dit que la sorcière ayant eu le fragment d'âme initial reste la sorcière la plus puissante à ce jour.
- Ça voudrait dire que nous sommes de la même famille? demandai-je heureuse à l'idée d'avoir une famille.
- Que tu es intelligente pour ton âge! Oui, c'est bien ça, nous sommes de la même famille! me sourit-elle.
Je lui fis un câlin de joie et elle ria face à la force de mon étreinte. Ses longs cheveux blancs vinrent me chatouiller le bout du nez et je ne pus m'empêcher d'éternuer.
- Est-ce qu'il existe d'autres personnes qui ont reçu un bout d'âme de la part de la Terre-Mère?
Elle réfléchit quelques instants et je vis qu'elle hésitait à me répondre mais elle se lança.
- Oui, en quelques sortes. Il existe une légende sur une sorcière qui serait bénie de la Terre-Mère, une sorcière tellement puissante qu'elle serait née directement de la divinité mais tout cela ne reste qu'une légende. Par contre, il y a les Enfants de la Lune. Ils sont extrêmement rares mais très puissants, peut-être bien aussi puissants que la toute première sorcière.
- Oh, et c'est quoi un Enfant de la Lune? demandai-je, curieuse.
- C'est une personne qui a reçu un fragment de l'âme du fils de la Lune, Lupus. On dit qu'ils prendraient la forme d'un loup à chaque pleine lune pour remercier Lupus et lui rendre grâce. Cependant, ils sont extrêmement agressifs mais comme je te l'ai dit, ils sont très rares.
- En avez-vous déjà vu un, Maître?
- Oui, une fois mais il y a très longtemps et je te souhaite de ne jamais en rencontrer de ta vie, me mit-elle en garde en se frottant l'épaule et je compris que la cicatrice qui s'y trouvait avait dû être faite par un Enfant de la Lune.
Je fus brutalement réveillée par la pluie. Je n'étais visiblement pas la seule car je pouvais voir Georges commander ses hommes pour remballer rapidement les affaires du campement. Queue-touffue s'étira à mes côtés et je passai ma main à travers son pelage mouillé en guise de bonjour.
Je me levais donc rapidement et profitais de la pluie pour faire partir le sang séché de mes cheveux. Je me doutais bien que ce jour de pluie ne tarderait pas à arriver.
Je me mis tant bien que mal à l'abri sous un arbre pour changer de vêtements et en mettre des secs. Je pris soin de sécher ceux que je venais de retirer avec mon tout nouveau pouvoir et mis le feu à une de mes chaussettes sans le faire exprès. J'étais bonne à m'en refaire une quand le temps me le permettrait.
Nous reprîmes route avec un bon pas, probablement que nous étions tous un peu revigorés de savoir que ce périple se terminerait en après-midi.
Le bruit de la pluie qui tombait pouvait me rendre étrangement calme. C'était très contradictoire car la force de la pluie n'était pas du tout négligeable, à un point tel qu'il était difficile de voir à plus de cinq mètres de soi mais cela me détendait toujours. Après tout, j'aimais la contradiction.
C'était calme et apaisée que je réfléchissais à tous ces rêves que je faisais récemment. C'était à chaque fois des souvenirs de mon enfance avec mon maître, autrement dit, je devais avoir quatre ou cinq ans et c'était pour la plupart des choses que j'avais oubliées mais qui me revenaient lentement en tête et cela m'interloquait.
J'aimais à croire qu'il y avait un sens à cela mais je n'arrivais pas à mettre le doigt sur la réponse. Peut-être que le temps me laisserait la découvrir.
Je fus sortie de mon état de réflexion par un son de cor. Nous avions été repérés par les sentinelles du camp et ils avertissaient tout le monde que nous arrivions. J'étais surprise d'être déjà presque arrivée, n'ayant pas vu le temps passé.
Je pris soin de réajuster correctement la capuche de mon long manteau en peau d'ours afin de ne pas être reconnue et rappelai Queue-touffue à mes côtés qui était parti mordiller en toute discrétion le sac en peau de lapin de Georges.
4 commentaires
Oona Rose
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Il y a 3 ans
Morgane Rigan
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Il y a 3 ans
Aryn.Leaf
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Il y a 3 ans