Fyctia

J'avais eu le réflexe de me mettre en boule, le petit félin toujours contre ma poitrine et par instinct, j'avais réussi à créer des flammes assez puissantes pour brûler instantanément les flèches où seules la pointe n'était pas en bois et assez grandes pour me recouvrir complètement. En situation de danger, j'avais pu dépasser mes limites de l'époque pour me protéger.

Au même moment, des gardes impériaux étaient entrés de force et avaient arrêté toutes les personnes présentes pour trafic d'enfants. Ils m'avaient en quelque sorte sauvé la vie cette jour-là.

Quand j'avais compris ce qu'il était en train de se passer autour de moi, j'avais constaté avec horreur que le dos de la panthère était criblée de flèches. Elle était cependant toujours vivante mais était en train d'agoniser sous mes yeux. Je m'étais alors approchée d'elle et l'avais regardée droit dans les yeux.

- Je prendrais soin de ton petit jusqu'à la fin de ma vie, je te le jure sur mon sang de sorcière, avais-je déclaré.

J'aimais penser qu'elle m'avait comprise à ce moment-là car j'avais cru apercevoir un soulagement dans ses yeux. Après cela, j'avais ramassé une flèche qui était au sol et l'avais égorgée avec la pointe pour soulager ses souffrances. J'avais ensuite brûlé son corps avec celui de son petit pendant que j'avais serré Queue-touffue contre moi, peut-être plus pour me réconforter moi-même que le réconforter lui mais il était à présent orphelin comme moi et par ma faute.

Les gardes m'avaient rapidement reconnue et m'avaient ramenée à ma cabane après cela, non sans une punition pour ma fuite mais cela aussi c'était une autre histoire.

Depuis ce jour, je considérais Queue-touffue comme ma seule famille et j'aimais à croire que c'était réciproque. D'ailleurs, il me le rendait bien. Sans sa présence, je serais devenue folle après toutes ces années passées seule et enfermée dans une sorte de cabane. Et puis, il m'avait plusieurs fois sauvée la vie aussi.

Je me demandais souvent s'il se souvenait du jour de notre rencontre. Je lui avais posé la question une fois, n'attendant aucune réponse de sa part, mais contre toute attente, il m'avait regardée différemment à ce moment-là et je ne l'avais jamais vu aussi énigmatique. Même au niveau du ressenti, je n'avais rien pu capter contrairement à d'habitude.

Ma panthère noire me cachait sans doute beaucoup de choses. Après tout, il restait un animal et je le laissais sortir quand il voulait. Je soupçonnais même qu'il fasse du charme aux chattes des villages aux alentours car elles venaient toutes devant chez moi quand c'était leur chaleur. Il ne se passait jamais rien entre eux, il s'amusait même à les chasser, sans les tuer évidemment. Peut-être que dans le monde des félins, Queue-touffue était un Dom Juan.

- Allez Queue-touffue! Arrête de râler! Je suis désolée pour tout à l'heure mais ce n'était pas la seule rivière de l'Empire, on en trouvera d'autres! lui dis-je.

Il ronchonna un peu mais décida enfin de me regarder dans les yeux et je sus qu'il m'avait pardonnée.

- Viens là! m'exclamai-je.

Il vint se frotter à mes jambes tout en ronronnant et je pus lui gratouiller la nuque. La douceur de son pelage avait toujours la capacité de m'apaiser.

Je ne lui disais peut-être jamais assez, je ne savais même pas s'il le comprendrait réellement, mais Queue-touffue était un pilier de ma vie et je lui serais toujours reconnaissante de tout ce qu'il faisait consciemment et inconsciemment pour moi.

- Je ne serai rien sans toi, mon grand, murmurai-je assez fort pour qu'il soit le seul à l'entendre.

Il ronronna de plus belle et je sus par ce lien formidable qui existait entre nous qu'il ressentait la même chose et cela me rendit heureuse.

Le reste du chemin me paraissait plus joyeux à présent, étrangement. Nous étions bientôt arrivés, j'avais un plan de survie qui se dessinait dans mon esprit et mon merveilleux animal de compagnie à mes côtés. Rien au monde ne pourrait noircir ce magnifique tableau...