Fyctia
Chapitre 5.2
Lorsque nous arrivâmes, un silence de mort régnait.
- On dirait presque que quelqu'un est mort! dis-je avant de partir dans un fou-rire.
J'essuyai la larme qui perla au coin de mon oeil avant de reprendre la parole.
- Oui, parce qu'en fait quelqu'un est vraiment mort! expliquai-je en reprenant mon souffle.
Ils me dévisageaient tous, certains avec colère, d'autres avec dégoût et puis Georges avec son éternelle expression impassible.
- Vous n'avez aucun sens de l'humour, me renfrognai-je.
Mon maître aurait rit, elle. Peut-être que seules les sorcières pouvaient comprendre le sens de l'humour des autres sorcières.
Nous reprîmes la route et j'en profitai pour réfléchir à quels autres sorts je pourrais créer et que pouvait bien être ma limite. Mon maître m'avait expliqué que toute sorcière avait sa limite naturelle à la magie mais qu'elle variait d'un individu à l'autre. Elle m'avait aussi enseigné plusieurs techniques pour faire évoluer cette limite mais je n'avais jamais vraiment utilisé beaucoup de magie d'un coup et ne la connaissais pas. Cela pouvait s'avérer dangereux pour une sorcière devant se battre de ne pas la connaître car à tout moment, on pouvait tomber à court de magie. Je devais donc remédier à cela rapidement.
Je m'amusais donc à créer des petites flammes au bout de mes doigts en marchant, j'essayais de jouer avec leur intensité et me concentrer sur la chaleur qu'elles dégageaient indépendamment.
Les gardes me regardaient faire avec un air d'indignation mais ils étaient trop effrayés pour me dire quoique ce soit.
- Tu n'as pas le droit d'utiliser la magie, sortit finalement Georges.
- J'en ai le droit mais je ne dois pas trop pratiquer. Et puis, je ne fais rien de mal. Je fais juste passer le temps, lui répondis-je.
Il ne dit rien en retour mais je n'attendais jamais de réponse de la part de Georges.
J'aperçus du coin de l'œil Queue-touffue en train de m'observer, ou plutôt, il suivait du regard les petites flammes que je créais.
- Ça y est, tu ne râles plus? lui demandai-je.
Comme s'il venait soudainement de se souvenir qu'il devait râler, il détourna son regard et m'ignora.
Je ricanais face à sa réaction. Douze années de vie commune et je le connaissais presque comme si je l'avais fait. Et j'étais pas loin de la vérité quand j'y réfléchissais.
J'avais treize ans à l'époque et j'étais en pleine période de rébellion. Je pensais que je pouvais contourner tout ce que je voulais, même un serment sur le sang puisque j'étais convaincue que j'étais plus forte que tout en ce monde. Évidemment que non mais la naïveté et l'ignorance de la jeunesse faisaient que je le pensais.
Je m'étais donc échappée de cette cabane où je me sentais piégée. J'avais miraculeusement réussi à berner Georges et les autres gardes présents ce soir-là et j'avais couru aussi longtemps que je le pouvais dans la forêt. J'avais fait de nombreuses pauses mais personne ne m'avait jamais rattrapé et je me sentais libre pour la première fois depuis longtemps. Tout n'avait été que désillusion quand j'avais atteint les frontières de l'Empire. Il n'y avait à proprement parlé pas de murs visibles mais je ne pouvais pas franchir la barrière invisible de la frontière. J'avais tout essayé mais la force du serment me ramenait toujours dans les limites de l'Empire. C'était là que j'avais réalisé que j'étais prisonnière de cet endroit à vie et que la fuite ne servirait jamais à rien. J'avais cependant aucune envie de retourner sous les jougs de l'Empereur et avais décidé de parcourir la forêt à la recherche d'un endroit où je serais tranquille.
Quelques jours après, alors que je dormais au pied d'un arbre, des marchands m'avaient trouvée mais ce n'était pas de bons et gentils marchands. Ils m'avaient liée et jetée dans un sac avant de me transporter dans un lieu de ventes aux enchères illégales. Je me souvenais encore aujourd'hui de la froideur des chaînes en métal qu'on m'avait accrochées aux poignets et aux chevilles.
Ils m'avaient enfermée dans une énorme cellule ou d'autres enfants se trouvaient dans la même situation que moi. Autour de nous, il y avait des cages contenant des animaux exotiques ou des femmes et des hommes adultes. Chaque jour, une dizaine d'enfants disparaissaient, probablement qu'ils étaient vendus. J'étais restée dix jours dans cette cellule.
Au bout du dixième jour, un des responsables passa près des cellules et repéra ma couleur de cheveux. Il sut immédiatement ce que j'étais et il ordonna que l'on me change de cellule. Ils me transférèrent dans une qui était beaucoup plus petite et où nous n'étions que deux: un garçon qui avait l'avoir d'avoir mon âge et moi. Je me souviendrais toujours de ce garçon, il avait des yeux aussi rouges que le sang et une expression bestiale sur son visage. On aurait dit un animal, surtout qu'il portait une sorte de muselière, sans doute qu'il avait dû mordre un des gardes. Je n'étais pas restée longtemps avec lui. Peut-être une journée, deux tout au plus avant qu'on ne vienne me chercher pour participer à un tout nouveau concept.
2 commentaires
Oona Rose
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Il y a 3 ans
Erine Kova
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Il y a 3 ans