Fyctia

J'étais ce qu'on appelait une sorcière de feu. C'est-à-dire que mon élément était le feu et que je ne pouvais utiliser que la magie qui s'en rapprochait. Je ne savais pas vraiment si on pouvait me considérer comme puissante car la seule sorcière que j'avais côtoyée était mon maître à qui on m'avait enlevée quand j'avais cinq ans. J'avais appris les bases avec elle et le reste me venait des expériences, des livres et de l'instinct. Donc, je pouvais aussi bien être une sorcière puissante comme une sorcière médiocre.

J'aimais me considérer comme très puissante mais je savais très bien qu'à part allumer un feu moyen, je n'étais pas vraiment compétente. Je n'avais pas vraiment eu l'occasion de m'entraîner avec tous ces gardes à mes basques qui scrutaient le moindre de mes mouvements et attendaient que je m'écarte un tout petit peu du code de conduite pour m'exécuter. Parce que oui, épargnée par l'Empereur, certes, mais avec quelques conditions comme la pratique de la sorcellerie à son minimum.

Et ça faisait vingt ans que je devais pratiquer à mon minimum. J'espérais donc un peu sur cette guerre pour avoir un peu la paix et pouvoir m'exercer comme je le voulais. Réveiller la puissante sorcière qui était en moi.

- Puissante... comme si c'était possible. Rosie ma chère, tu es tellement irréaliste. Il faudrait d'abord que tu arrives en vie jusqu'au point de rassemblement le plus proche, ricanai-je pour moi-même.

Je ne me faisais pas d'illusion. Les tentatives de meurtre à mon égard allaient pleuvoir pendant tout le trajet. Et même une fois là-bas, j'aurais gagné ma liberté mais à quel prix si c'est pour être menacée de mort tout le temps.

Ça promettait, d'autant plus que je ne savais même pas contre qui nous étions forcés de protéger les fesses de ce satané empereur. Donc le champ de bataille était peut-être l'endroit le plus sûr pour moi, c'était assez paradoxal d'ailleurs.

J'eus tout juste le temps de fermer mon sac avant que cinq gardes en armure dirigés par mon cher Georges ne défoncent ma porte d'entrée. Et encore une de cassée. Heureusement que j'avais un livre de potions que mon maître m'avait laissé qui concernaient tout ce genre de choses du quotidien qui pouvaient facilement se casser.

Il y avait dans la sorcellerie deux types de magie: un spécifique à chaque sorcière impliquant un élément et puis, il y avait les potions que toutes sorcières confondues pouvaient fabriquer et utiliser. Et à vrai dire, je me servais plus du deuxième type de magie que du premier.

Mes potions étaient d'ailleurs de très bonne qualité et avec tout le temps que j'avais passé dessus, elles pouvaient bien l'être.

De la potion de guérison à celle de la mort, je pouvais tout faire en un rien de temps avec les ingrédients adéquats et sans me vanter, j'osais affirmer que peu de sorcières pouvaient faire pareil. Du moins, c'étaient ce que les souvenirs vagues de mon maître m'indiquaient.

Queue-touffue me rappella à l'ordre en brisant la lance de Georges et je sortis immédiatement de mes pensées pour éviter que le second garde n'embroche mon chat géant.

- Allez, on y va! Et ne vous avisez pas de toucher à mon chat ou bien c'est vous qui finirez à l'autre bout de ce pique, est-ce clair? menaçai-je en souriant.

- Vous n'avez nullement le droit de nous menacer, s'exclama-t-il avec un regard de puissance.

J'arrêtais de sourire et le regardais sérieusement.

- Je ne vous ai jamais vu avant, vous devez donc être nouveau alors laissez-moi vous expliquer. Ce n'est pas parce que vous êtes sous les ordres de l'Empereur que je n'oserai pas vous carboniser. Est-ce bien clair?

J'avais fait jaillir du plancher des flammes de taille moyenne tout autour de lui pour appuyer mes propos et je le vis blêmir avec un certain plaisir.

- Sale sorcière! Éteignez ça tout de suite! s'écria Georges en voyant les flammes se diriger de plus en plus vers le soldat.

- Ou sinon quoi? Vous allez faire quoi? ricanai-je.

- Arrêtez ou l'Empereur vous enverra au bûcher!

J'éteignis le feu non sans fixer Georges.

- Voyons mon cher, ce n'était que pour montrer un peu de sorcellerie au petit nouveau, lui souris-je en passant à côté de lui. Et puis, ce n'est pas comme si on m'envoyait directement à ma mort, rajoutai-je pour moi.

En passant à côté du petit nouveau, je mis ma main sur son épaule et m'approchai de l'oreille de cet homme complètement tétanisé.

- L'avantage, c'est que votre armure est complètement sèche et que personne ne remarquera que vous vous êtes fait dessus, lui chuchotai-je en le voyant devenir cramoisi.

Je sifflais après Queue-touffue qui bondit pour me rejoindre tout en lançant des regards de menace à mes gardes.

- En route mes chers compagnons! dis-je en regardant la forêt s'étendre devant moi.