Fyctia
La Bibliothèque bis
Salut général. Alois incline sa belle tête sans trop en faire, les penseurs grognent et se réarrangent l’air de rien, pleins de cette acceptation d’un esprit supérieur pour un autre. Aussi différent qu’il puisse être, Alois mérite leur respect. Franz l’envie, une fois de plus.
Putain d’Alois.
Franz récline. Alois trouve un fauteuil dans lequel il vautre sa longue silhouette avec une élégance absolue, jambes croisées, enveloppé de sa cape de velours rouge. Il tient entre ses doigts un petit flacon noir.
- C’est du Poppers ? demande Bolo, l’œil brillant.
Alois hausse les épaules, l’air vaguement ennuyé.
- Un cadeau… J’en ai pas encore trouvé l’utilité. Mais vous allez peut-être m’aider ?
Il aurait pu jeter un regard en direction de Franz, mais ça aurait été grossier, offensif. Ce n’est pas son genre. Il se contente de laisser flotter son éternel sourire sur son visage décontracté, confortablement installé dans le monstre de cuir défraîchi comme s’il avait passé la soirée parmi eux.
Ce culot. Franz aimerait le saisir par le paletot, le tirer vers le haut, lui enfourner le poing dans la bouche et saisir sa langue à pleine main, tirer, coller sa bouche dessus et la sucer –
Bolo : - Sympa, ta soirée, du coup ?
Alois : - Très. Je prends un plaisir fou à me mêler à cette foule.
Joël : - Et la foule, elle apprécie ton geyser de foutre qui nous inonde tous si généreusement ?
Rire plaisant d’Alois : - Vous ne voudriez pas que je me restreigne…
Malve : - Surtout pas ! Tu partages ta came, là ? (Désigne le petit flacon noir)
Malgré sa tension, Franz est curieux.
- Qu’est-ce que c’est ?
C’est Joël qui répond, évitant à Alois de se salir avec le mauvais rôle du toxico.
- Poppers. Ça sert à dilater le fion.
Franz tend sa main vers le flacon sans rien dire. Alois le lui cède sans protester.
Il lit l’étiquette – Pig Black Amyl – et le tourne entre ses doigts. Il sait parfaitement ce que c’est.
- Nitrites d’alkyle… On a vu ça en cours, vous vous souvenez ? Ils ont un effet relaxant sur les muscles lisses…
- Putain de cervelle de ouf ! Mais comment tu fais ça, mec ?
- Il est intelligent, Bolo, voilà comment. Dur pour toi de saisir le concept, hein ?
- Mais ta gueule, Joël, c’est pas de l’intelligence à ce stade. Ce mec sait tout, il est pas normal !
- … Effets secondaires : vertiges, nausées, troubles du rythme cardiaque, syncopes, pertes de mémoire… (à Alois) Tu prends ça ?
Alois est un livre ouvert. L’ombre qui voile un instant son visage se nomme la honte. Elle disparaît aussi vite qu’une chauve-souris sous un ciel nocturne ; ses yeux en amande se fixent sur ceux, verts, inexpressifs et sombres, de Franz :
- Ça m’arrive. Pas vraiment envie ce soir.
Joël ricane :
- Tout le monde en prend, ici, j’ai l’impression. Faut dire que c’est passé en vente libre… Alors que l’herbe, ça reste un crime constitutionnel…
- Tout comme les jambes d’Alois. T’es pas de ce monde, mon gars.
Alois sourit et regarde Franz, qui le regarde, impassible. Franz sait. Alois flirte.
Trop tard, mon bel ami.
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