Fyctia
Chapitre 5- Orion (Partie 1)
Orion - 18 ans
4 septembre 2023
Columbus - Ohio
Les mains enfouies dans les poches de ma veste en cuir, je marche à mon rythme pour suivre les élèves de ma classe. Dans les couloirs vides, seul le bruit de nos pas et de leurs voix résonnent, je soupire en les regardant heureux de rejoindre la salle de spectacle. Nous étions en début des cours, dans la salle de couture, celle où nous confectionnerons nos œuvres tout au long de l’année. C’est une grande pièce qui réunit au moins une vingtaine de machines à coudre dernier cri, des mannequins, des tissus en tout genre et d'autres babioles qui vont certainement nous servir. Bordel, je pars de zéro moi, je ne connais strictement rien à la couture.
- Monsieur Whight ! On accélère s’il vous plaît
Je pousse un soupir en rejoignant le reste de ma classe. Ils sont tous différents de moi, à leur façon de parler, de s’exprimer, de rire, et même de s’habiller. Enfin quoi, ça se voit que je ne suis pas censé être ici et encore moins dans ses cours qui sont obligatoires sur quatre-vingts pour cent de mon emploi du temps. J'ai vu à leur façon de me regarder, de me juger. Je peux comprendre que mon jean troué, ma veste en cuir et mes piercings sur chacune de mes narines ainsi que mes tatouages peuvent faire penser que je suis le nouveau délinquant de ce bahut. Seulement, je suis motivé à faire ce cursus, à avoir mon diplôme pas pour être costumier, non ça, je m’en fous. Je veux juste réaliser la promesse que je me suis faite. Réalise son rêve qu’il ne peut plus faire.
- Nous sommes arrivés, il y a actuellement un cours à l’intérieur. Je vous demande donc, de rentrer en silence et de respecter le cours de Mr Noble.
Elle ouvre une grande porte battante noir ou les premiers élèves commence à avancer en file indienne pour descendre les escaliers. Dans un silence religieux, nous avançons chacun à notre tour pour descendre jusqu’au siège devant la scène. J’analyse autour de moi, tous les murs sont en bois vernis marron, les sièges noirs sont placés comme au cinéma et m’ont l’air peu confortable. Quant à la scène, de grands rideaux rouges sont attachés de chaque côté. Des élèves sont assis sur le lino gris en cercle et écoutent leur professeur parler.
Je m’assois sur un siège en retirant les mains de mes poches pour les croiser sur mon torse et fixe ses élèves attentifs. Un grand blond aux cheveux mi-longs se lève, il tient une feuille dans sa main et regarde son professeur. Ses iris prennent une expression sérieuse, ses sourcils se froncent et sa voix résonne autour de nous :
- Pareil aux dieux je marche, et depuis le réveil. Du soleil blondissant jusqu'à son sommeil. Nul ne se parangonne à ma grandeur royale. En puissance et en biens Jupiter seul m'égale. Et encore, n'était qu'il commande immortel, qu'il tient un foudre en main dont le coup est mortel. (1)
Il parle en gesticulant avec ses bras, sa voix prend des intonations différentes. Je rigole en écoutant, ce qui me vaut un regard en biais de mon camarade à ma gauche. Je sors mon téléphone en soupirant, ouvre l’application message pour savoir si ça se passe bien pour Liam. On se balance des banalités avant que je ne prenne en photo la scène où le blond face à nous déblatère son blabla incompréhensible.
Liam me répond avec des smileys morts de rire et envoie une photo de son écran de PC. En effet, il est dans une autre aile du campus pour passer le diplôme de concepteur de jeux vidéo. Je lis son message qui apparaît, mais au moment où mes doigts se déplacent sur le clavier celui-ci disparaît.
- Ça va ? On te dérange peut-être !? Tu veux qu'on te laisse et qu'on revienne plus tard ?
Je serre les dents en levant la tête vers la personne qui a osé prendre mon portable. Quel surprise en découvrant le blond, son regard particulier est furieux. Je me redresse pour me mettre face à lui et récupère mon téléphone de ses mains.
- On ne t'a jamais dit que prendre le portable des autres c’est malpoli ?
- Et voilà qu'il me parle de politesse! On ne t'a jamais appris à respecter le travail d'autrui ?
Son ton monte d’un cran, ses joues rougissent de colère et je remarque ce tic sur sa mâchoire. Il serre les dents. Face à lui, je le fixe. Il est hors de question que je baisse les yeux devant lui, monsieur se prend pour un grand comédien alors qu’il n’est rien.
- Oh ça va ! Tu avais juste à lire une feuille ! Répliquais-je
- Je ne lis pas. Je récite une tirade. Et quand on débarque en plein milieu d'une pièce, la moindres des choses est de…
Commence-il d’une voix sèche.
Il s’approche de moi d’un peu plus près, nos visages à proximité. Je fixe son œil marron et me tiens droit près à dégainer mes poings à tout moment. Son souffle chaud percute mon visage. Son haleine mentholée envahit mes narines, ce qui me fait éternuer sans que je n’ai le temps de mettre ma main devant. Quelques postillons ont atterri sur son t-shirt. Le voile de noirceur qui passe dans ses iris me fait sourire. Je frotte ma main sur son t-shirt, mais il la rejette violemment.
- Tu n'as rien à faire dans un théâtre. Les gens qui sont ici travaillent dur. Trop dure pour que quelqu'un d'aussi nonchalant se permette de gâcher leur travail. Tu…
- Ça suffit ! Assis tous les deux ! Commence Mr Noble, on respecte son ordre et nous nous asseyons. Il se place devant moi et je râle quand il se met de profil pour avoir un œil sur moi. Sérieux quelle plaie. Avec Mme Optima, nous avons une nouvelle à vous annoncer. Nous avons fusionné nos cours l'année dernière, et nous avons décidé de recommencer. Annonce t-il.
(1)Pièce de théâtre Les Juives est une tragédie humaniste, en vers, de Robert Garnier, parue en 1583. Elle reprend l'épisode biblique de la prise de Jérusalem par le roi de Babylone.
5 commentaires
Lyse236
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Il y a un an
Carl K. Lawson
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Il y a un an
Silipina
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Il y a un an
Camrynzenine
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Il y a un an
clara_belle
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Il y a un an