Fyctia

- J’aime te voir sourire comme ça.

Je garde sur mes lèvres le sourire que j’affiche pour ne pas plomber l’ambiance de notre déménagement, seulement ce qu’elle vient de dire me serre le cœur. Elle a raison, je ne rigole pas souvent, je ne me laisse pas aller car la plupart du temps je broie du noir. La tristesse, la douleur et la dépression font partie à quatre de vingt pour cent de mon quotidien. Mais aujourd’hui je me sens bien, j’ai envie de sourire et de repousser les démons qui me tournent autour, au moins jusqu’à ce soir pour ne pas inquiéter mes parents.

- Si tu veux me voir sourire plus longtemps, tu pourrais m'autoriser à venir chercher ma moto le week end prochain.

Quitte à jouer avec les sentiments de ma mère pour récupérer la moto qu’ils m’ont confisquée le soir de mon anniversaire, autant le faire. Ce soir-là, après être partie de la fête je suis tombé sur des flics. J’ai bien cru que mon sort était scellé, que j'allais devoir appeler mes parents et leur annoncer mon arrestation. Au lieu de ça ils m’ont fait souffler pour vérifier mon taux d’alcoolémie. M'ont juste fait la morale sur la sécurité et le danger que cela pouvait avoir sur autruis. Je suis conscient des risques, en soit j’en est juste rien à faire. Me mettre en danger, sentir l'adrénaline dans mes veines et sentir les pulsions d’excitation dans ma poitrine est la seule chose qui me fait me sentir vivant. Ils ont fini par m’escorter jusqu’à chez moi. En voyant les gyrophares dans notre rue, ma mère à eu la peur de sa vie et a décidé de me prendre les clefs de la moto. J’ai accepté ma sentence sans broncher, seulement deux semaines ça commence à faire long, surtout qu’ici j’en ai besoin, marcher ou utiliser les transports en communs ce n’est pas pour moi.

- On en reparlera le week end prochain, en attendant tu passes ta semaine à pied. Ça te permettra de visiter la ville.

Ma mère frappe doucement ma joue avant de repartir avec son carton en direction de la salle de bain. Putain ! Je sens que cette première semaine va être horrible. Mon père se marre en posant un main sur mon épaule, il n’est pas celui qui à pris la descision, par contre il est celui qui suis sa femme dans n’importe quel situation.

- Allez, viens aider ton vieux père à décharger le camion.

La journée touche à sa fin, l’appartement ressemble à peu de chose prêt à quelque chose de potable. Tous les meubles étaient montés, les cartons étaient chacun mis dans des pièces dédiées. En saluant mes parents par le balcon, Liam m’offre une clope et une bière, à nous deux nous regardons la vue sur la ville. Nous sommes au troisième étage d’un immeuble totalement rénové proche de toutes commodités. Nous avons la chance d’avoir une vue dégagée sur la circulation plutôt animée en cette fin d'après-midi. Sur le skate parc à quelques rues d’ici et sur les voisines d’en face qui attirent le regard de mon meilleur ami. Je lance un regard en biais à mon colocataire et je repense à ce jour où il m'a annoncé qu’il allait me suivre. L’Ohio n’est pas son premier choix. Cependant pour lui il était impossible de me laisser partir seul, il à considérer ça comme de l’abandon.

- Pourquoi tu souris comme un idiot ? me demande-t-il en s’accoudant à la rambarde.

J’ai bien vu la façon qu’il a eu de regarder à travers sa fenêtre la fille d’en face qui était en train de se changer. Je pensais vraiment qu’il allait changer en venant ici ? Je vais devoir me préparer psychologiquement à voir apparaître des filles dans notre appartement, est ce qu’elles sont seulement prêtes à avoir un mec qui arrive aussi vite qu’il ne part ? Même Casper le fantôme n’est pas assez transparent comparé à lui. Je secoue la tête avant de me mettre à rire, je vais même devoir faire attention à ne pas me trimballer la queue à l’air, je risque d’en traumatiser plus d’une. Liam approche sa bouteille et la claque doucement contre la mienne, le sourire aux lèvres. Il a compris, il n’a pas besoin que je m’exprime pour savoir qu’aujourd’hui est un jour de soleil. C’est bizarre de voir de la fierté dans ses yeux, j’ai l’impression d’être face à un père qui encourage son enfant. Il est un peu comme ça, un papa poule toujours prêt à bondir aux moindres problèmes. Après tout, Liam était présent quand les plus mauvaises facettes de ma personnalité sont sorties. C’est pour cette raison qu’il à fait le choix de s'inscrire dans la même université, afin de garder un œil sur moi, de toute faire pour qu’il retrouve son pote d’antan.

- Les pizzas sont là !

Il regarde par-dessus la terrasse, jette sa cigarette dans le pot de fleurs prévu à cet effet et rentre dans l’appartement. Quand la porte claque, je me permet pendant quelques minutes pour souffler et regarder vers le ciel qui se colorent d’un nuancier d’orange et de rouge. Le soleil se couche lentement sur la ville. Je pense à lui en admirant le spectacle, certaines choses ne changent pas, il suffit d’un seul élément pour qu’il s'immisce en moi. Le moment est de courte durée car Liam crie qu’il est temps de manger devant la console. Je dois bien admettre que se détendre après une journée comme celle-là est bien méritée. Installé sur le canapé, une tranche de pizza dans la bouche, nous nous défions à FIFA dans la bonne humeur et durant une bonne partie de la nuit. J'espère seulement que les voisins ne nous entendent pas hurler notre défaite ou nos victoires. Parce que Liam s’en donne à coeur joie.